Jurassic World : Evolution - le jeu qui fera de vous John Hammond

Simon Riaux | 3 juillet 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 3 juillet 2018 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Réaliser une adaptation pertinente de la licence Jurassic Park n’a jamais été une sinécure. Et pour cause, incarner un humain amène logiquement le joueur à massacrer, pour survivre, les bébêtes qu’il adore, quand incarner un dinosaure pose d’évidents problèmes de game design, au sein d’une franchise qui a toujours voulu poser sa crédibilité paléontologique en étendard.

 

Les amateurs de la franchise Jurassic Park se souviennent ainsi de l’adaptation du Monde perdu sur Playstation première du nom qui exception faite de graphismes parfois canons (pour l’époque) se perdait à essayer de laisser le joueur successivement plusieurs espèces et humains. En l’état, le jeu souligne l’évidence. Ce que beaucoup de joueurs ont fantasmé depuis belle lurette, c’est bel et bien gérer ce foutu parc. Et c’est justement ce que leur propose Jurassic World : Evolution.

Nous voici donc au cœur d’un jeu de gestion, qui rappellera à certain les Tycoon et autres Theme Park, voire Theme Hospital de la grande époque, auxquels aurait été ajouté un élément essentiel : de foutus dinosaures.

 

photoQuand tout se passe encore très bien...

 

PETITS FUTÉS

Et puisqu’ils sont au cœur de la proposition qui nous intéresse aujourd’hui, commençons par eux. C’est bien simple, les géants préhistoriques (48 au total) qui peuplent votre potentielle future installation de villégiature sont tout simplement les plus belles jamais vues dans un jeu vidéo. Leur modélisation, le niveau de détail, aussi bien des carnations que des attitudes, jusqu’à la retranscription de leurs rugissements, est constamment impressionnante.

Signe de la réussite globale de leur modélisation et de la tentative de leur insuffler vie et personnalité : si le joueur se focalisera souvent sur les super-prédateurs, les herbivores seront souvent tout aussi impressionnants. Assister au transfert d’un diplodocus baigné dans la lumière rasante d'un coucher de coleil a de quoi couper le souffle. L’émotion ressentie quand un jeune raptor quitte son enclos d’incubation, découvrant l’espace que vous avez réservé à ses congénères, puis se précipite dans les herbes hautes est incomparable.

 

photoLe genre de bébête qui a toujours très envie d'outrepasser les barrières de son enclos

 

On se surprendra souvent, en attendant la fin d’une construction, avant de quitter une partie, à flâner librement parmi les enclos et installations. Observer les interactions entre les espèces, s’amuser de voir des nuées de struthiomimus courir dans les pattes d’un massif Corythosaure est un sacré spectacle, qui vous consolera parfois de l’amer constat que le dilophosaure est si radicalement imblairable qu’il est trop risqué de le mêler à d’autres animaux. Bref, le bestiaire est saisissant, varié et magnifique.

 

photoUne des créatures les plus majestueuses du jeu

 

Le décrire comme varié ne suffira toutefois pas à expliquer combien il est globalement bien vu. Evidemment, le jeu rassemble toutes les stars de la franchise Jurassic Park (même Jeff Goldblum...), mais pour le passionné de dinosaure, il propose un panachage extrêmement bien vu de différentes espèces. Qui ne s'est jamais demandé à quoi ressemblerait un duel entre le giganotosaure et le T-Rex ? Un allosaure est-il nécessairement moins redoutable qu'un carnotaure bien remonté ?

On retrouve également une grande variété d'espèces, très équilibrée, du côté des herbivores, dont les nuances, de familles en familles, sont souvent parfaitement représentées. Préférerez-vous le classique Tricératops ou son spectaculaire cousin, le Styracosaure ? Tous ces débats de dino nerds pourront refaire violemment surface. Tout au plus notera-t-on quelques approximations physiques douteuses, quoique esthétiquement très réussies. Par exemple, le raptor de Steven Spielberg reprenait sans le dire les proportions du deinonychus, un de ses cousins, plus formidable physiquement, mais au nom imprononçable. Du coup quand Jurassic World : Evolution propose au joueur de créer un deinonychus... Il lui propose une pure fiction.

 

photoLe deinonychus, ce gros punk

 

THÉORIE DU CHAOS

Au-delà de la joie procurée par la multiplication des dinos, ne soyons pas hypocrites, de nombreux apprentis milliardaires joueront pour le plaisir de provoquer des incidents entre visiteurs et sauriens. Ils sont globalement satisfaisants, notamment en raison de la représentation impressionnante du bestiaire évoquée plus haut. La possibilité de prendre le contrôle d’une escouade de gardes et d’immortaliser la sortie d’un animal parmi les visiteurs terrorisés est un des petits plaisirs délicieux offerts par Jurassic World : Evolution.

 

photoUne des pires teignes que vous pourrez accueillir dans votre établissement

 

Mais les problèmes les plus intéressants sont ceux que le joueur ne provoque pas volontairement. Qu’ils s’agissent de la confrontation entre espèces initialement séparées, rassemblées par un animal brisant une clôture sous le coup de la colère, ou d’une attaque multiple sur de pauvres petits touristes, la possibilité d’être dépassé par les évènements est bien réelle.

Rogner trop franchement sur la sécurité ou la qualité des installations, sous-estimer les dégâts d’une tempête ou ne pas respecter les préférences sociales de différentes variétés d’animaux pourront déclencher une série de catastrophes en série parfois irrécupérables. Non pas que l'arbitraire ait une trop grande présence dans le fonctionnement du jeu, mais comme vous ne disposerez jamais d’un « joker », permettant d’enrayer un incident aux proportions industriels, être trop pingre ou avoir les yeux plus gros que le ventre provoquera de nombreuses morts et une potentielle faillite sur les bras.

 

photoLa vie vient de trouver son chemin

 

Pour rageants que soient ces échecs, ils sont souvent l’occasion de montées d’adrénalines sévères, qui donnent énormément de sel aux parties. Autre source de contentement, ils ne seront jamais la conséquence d'une fausse manip ou d'une approximation due au gameplay. Même sur console (nous avons essayé le jeu sur PS4), l'ensemble demeure assez intuitif et aisé à manier.

 

DÉPENSER SANS COMPTER

Venons-en à la partie « gestion » du jeu, celle à laquelle se rattache son genre. Au premier abord, elle paraît relativement riche. Au gré de missions, contrats, objectifs et mini-évènements quasi-scénarisé, le joueur sera amené à diriger et redresser financièrement 5 îles. Toutes ont des particularités géographiques, topographiques et/ou météorologiques, qui vous poseront des successions de problèmes et aboutiront à façonner différentes itérations du parc de vos rêves.

 

photoSouriez, vous êtes filmé

 

Chaque fois, vous devrez obtenir un mélange de sécurité et de "ludicité" capable de faire de votre établissement un lieu suffisamment générateur de pognon pour que vous puissiez financer les recherches qui permettront de l’améliorer. Développer de nouveaux bâtiments, partir en quête de nouveaux extraits de génomes préhistoriques, investir dans la robustesse de vos installations n’auront pas les mêmes conséquences.

Mais s’il y a pas mal de choses à faire, la diversité apparaît en trompe l’œil, tant il est aisé de trouver une dynamique vertueuse et rémunératrice, de laisser mijoter votre équipement, jusqu’à pouvoir cuisiner de nouveaux dinos, vous en lasser et recommencer.

 

photoCertaines espèces intéragissent très bien ensemble

 

Il en va de même pour tous les domaines de Jurassic World : Evolution. Les bâtiments et les touristes sont jolis ? Leur degré de personnalisation ou de réactions sont en réalité très bas. Les dinos sont sublimes ? Oui, mais leur comportement à tendance à fonctionner en boucles, que l’on retrouve au sein de chaque « famille » animale.

Les animaux peuvent engager de formidables confrontations ? Oui ! Et si elles pètent pas mal, elles se révèlent finalement très scriptées. La possibilité de modifier le génome des espèces ? Voilà qui est alléchant, mais sorti de quelques zébrures multicolores, très peu d’altérations génétiques présentent un véritable impact.

 

photoManque plus qu'un petit carnivore pour dynamiser tout ça...

 

Au final, Jurassic World : Evolution est clairement destiné aux amateurs de dinosaures et aux fans de la saga. Les joueurs qui chercheront un défi en matière de gestion, ou une proposition axée autour d’une véritable profondeur de jeu, en ressortiront nécessairement frustrés.

 

photoTest réalisé sur PS4. Jeu dispo sur PC, PS4 et Xbox One.

 

Résumé

Jeu de gestion pas foncièrement déplaisant mais superficiel, Jurassic World : Evolution est avant tout une déclaration d'amour aux dinosaures, qui n'ont jamais été aussi divertissants et bien représentés.

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commentaires
Darknath78
04/07/2018 à 09:01

Franchement je suis pas déçus du jeu à par un manque de personnalisation et d’animation de dinosaures...

Gemini
03/07/2018 à 20:34

Absolument pas déçu du jeu. Fan de la saga je regrette juste un manque de boutiques, décors tirés des premiers films... Sinon c'est du tout bon.

jango56700
03/07/2018 à 15:14

je vais le prendre. "j'ai dépensé sans compter"

Simon Riaux
03/07/2018 à 14:13

@Doc Grant !
Bon sang mais c'est bien sûr !
Erreur corrigée, merci pour la remarque !

Doc Grant
03/07/2018 à 13:59

Le monde perdu édité par Dreamworks Interactive était sur PSOne, pas sur PS2.

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