Call of Duty : Modern Warfare 3 : bientôt la retraite ?

Raphaël Carlier | 12 novembre 2011
Raphaël Carlier | 12 novembre 2011

En moins de cinq ans la franchise Call of Duty s'est hissée au rang de produit culturel très tendance, qui continue chaque année d'ameuter les fans de la première heure et les nouveaux venus curieux d'essayer le jeu le plus à la mode. Seulement à force de nous servir la même soupe, celle-ci commence inévitablement à sentir le réchauffé, aussi goûtue soit-elle.

 

 

Un développement mouvementé

 

Avant de parler des qualités et des défauts du jeu, nous sommes obligés d'évoquer un fait qui a indéniablement marqué le développement de ce huitième volet de Call of Duty. Juste après le lancement de Modern Warfare 2 et son carton phénoménal, les patrons d'Infinity Ward (les « bons » développeurs ayant pondus Call of Duty, Call of Duty 2, Modern Warfare 1 et 2) se sont vus remerciés par Activision et ont pris le large en embarquant avec eux une cinquantaine de développeurs (y compris les postes clés), soit la moitié des effectifs d'Infinity Ward. Apparemment un litige les opposeraient avec le géant de l'édition qui n'aurait pas respecté le paiement de bonus suite au succès du jeu. L'affaire contient encore de nombreuses zones d'ombres et il faudra attendre l'an prochain pour discerner le vrai du faux lors d'un procès qui opposera les fondateurs du studio à Activision. En attendant vous pouvez découvrir les dessous de l'affaire et l'histoire secrète de Call of Duty dans un excellent article paru sur Barre de Vie (c'est par ici). Pour boucler Modern Warfare 3 (les développeurs sont tenus contractuellement de pondre un jeu tous les deux ans, un autre studio s'occupant de CoD 3, World at War, Black Ops et d'un probable Black Ops 2), Infinity Ward, ou du moins ce qu'il en reste, a été épaulé par Sledgehammer Games (fondé par deux créateurs de Dead Space), Treyarch (Black Ops) ou encore par le studio Raven Software (les DLC de Black Ops). Du coup il est évident que le jeu allait en pâtir, d'où une frustration terrible et un sentiment terriblement mitigé.

Paris prend cher dans le jeu. Pas grave, c'est l'un des meilleurs moments de la campagne.

 

Un solo spectaculaire mais sans surprise

 

La campagne débute exactement là où s'arrêtait Modern Warfare 2. Soit en pleine Troisième Guerre Mondiale. L'histoire est loin d'être limpide ou cohérente mais réserve quelques surprises pour les joueurs ayant suivit les deux précédents jeux. Au passage sachez que Paul Haggis (Million Dollar Baby, Casino Royale, Collision) a contribué au scénario. Et ce n'est pas le seul bonhomme venant du cinéma a travailler sur le jeu puisque la musique est signée Brian Tyler (Fast Five, Battle L.A.) qui succède plutôt bien à Harry Gregson Williams et Hans Zimmer en proposant un score efficace qui vous trotte dans la tête longtemps après avoir bouclé la campagne. Comme d'habitude le casting vocal original est de premier ordre puisqu'on y trouve Timothy Olyphant, Idris Elba, Kevin McKidd et William Fichtner ! Chez nous nous devrons nous contenter de Benoit Magimel qui double un soldat russe, doublé en V.O. par un américain. Vous suivez ? Ah oui je suis là pour parler de la campagne. La première partie est complètement loupée. J'ai eu l'impression de rejouer toujours la même séquence depuis plusieurs Call of Duty. C'est assourdissant, et on tue des centaines d'ennemis en répétant inlassablement la même chose (gâchette gauche, gâchette droite, à couvert, gâchette gauche, gâch...). Pire, l'ennui commence à nous gagner. Je suis dur mais cette première partie est d'autant plus frustrante que le jeu nous livre des passages très inspirés (une séquence à bord d'un avion en chute libre, la découverte de New York submergé, l'attentat de Londres). Heureusement la deuxième moitié de cette campagne est redoutable d'efficacité. La partie parisienne du jeu est excellente (pour une fois on combat dans des rues étroites et... dans les catacombes ) et les séquences où l'on chasse le terroriste Macharov au côté de Price sont pleine de tension et de montées d'adrénaline. Mais le constat reste sans appel, nous avons toujours l'impression de jouer au même jeu. Il faut dire aussi que le moteur graphique et vieillissant et propose des décors toujours aussi figés (quand d'autres jeux font tout péter). Pire, pour les joueurs ne misant que sur le solo j'ai achevé la campagne en 5h20 en difficulté Commando. C'est terriblement court surtout à 70€. Heureusement les modes multijoueurs sont très, très fournis.

 

 

Côté mise en scène Call of Duty reste le maître absolu.

 

Un coop génial, un multi... qui change d'orientation

 

Première bonne nouvelle, le jeu propose l'excellent mode Spec Ops qui fit les beaux jours de Modern Warfare 2. Deux joueurs, en local ou en ligne, doivent accomplir différents objectifs dans des missions plus ou moins inspirées mais toujours variées. On jubile, d'autant plus que la rejouabilité est quasi illimité (contrairement à la campagne qu'on ne fera qu'une fois). Mais la grosse nouveauté c'est le mode survie directement inspiré de l'incontournable mode Horde que l'on retrouve dans presque tous les jeux désormais. Seul ou à deux vous devez survivre à des vagues successives d'ennemis toujours mieux armés. Chaque terroriste au sol vous donne de l'argent, à dépenser pour améliorer son équipement et acheter des bombardements. Un mode vraiment accrocheur qui était déjà jouable au Paris Games Week. C'est aussi l'occasion de découvrir les cartes multijoueurs, et vous allez en avoir besoin. Car le jeu a terriblement changé depuis le très compétitif Cod 4 (le premier Modern Warfare quoi). Comme dans MW2, les scores en fin de partie sont indécents (si vous mourrez plus de 20 fois en une partie et que le meilleur joueur affiche 40 tués au compteur, c'est normal). Les parties de Modern Warfare 3 sont plus arcades que jamais avec des joueurs qui courent dans tous les sens pour se faire un maximum de points. Et si les cartes sont très nombreuses au regard de ce que propose la concurrence, elles sont surtout incroyablement peu inspirées et minuscules ! Je joue au multijoueurs de la série depuis le quatrième opus, c'est bien la première fois qu'un Call of Duty me donne autant envie de retourner sur le premier Modern Warfare bien mieux équilibré ! En revanche si vous jouez avec une bande d'amis en ligne vous pourrez vous faire des parties personnalisées ou jouer en Hardcore à 4 contre 4 pour plus de plaisir. Le multi plaira sans doute au plus grand nombre, pour ma part je n'y retrouve aucun ingrédient qui fit de CoD 4 une franche réussite.

 

Le constat est sans appel, ce dernier Call of Duty (ou Modern Warfare au choix) accuse de sérieuses limites, que ce soit sur la technique ou sur le gameplay. On sent que le studio a fait le tour de la Guerre Moderne et il est sérieusement temps de songer à passer à autre choses (un Call of dans l'espace !). Car si les ventes sont faramineuses, et l'accueil dans la presse très, voire trop positif, le jeu récolte aussi les notes les plus basses de la part des joueurs. Reste que le Modern Warfare 3 est un excellent investissement si vous jouez avec quelqu'un en ligne ou en local.

Les ventes de la série en chiffres

Bande-Annonce avec Sam Worthington et Jonah Hill

Test de Black Ops

Test de Modern Warfare 2

Modélisation au top, jolis effets de lumières. Le jeu compense ses lacunes techniques lors des passages en intérieur. Pour le reste il est grand temps pour un ravalement de façade.

Le multi est nerveux, mais surtout très bourrin et fourre-tout.

 

Le port de New York. La représentation de l'occident dévasté par la guerre est tout de même saisissante.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.