Speed Racer, le jeu vidéo
Avec Speed Racer les frères Wachowski ont une nouvelle fois essayé de dépasser les frontières entre cinéma et jeux vidéo. Il est donc parfaitement logique que le film devienne un jeu disponible sur presque toutes les consoles, et plus particulièrement sur Wii. La structure de l’histoire, les personnages, le visuel, tout pouvait être directement transposé en pixels colorés. Les développeurs de Warner Bros Interactive ne se sont pas compliqués, il s’agit d’un jeu de courses pur et dur, mais le travail est bien fait.
Les modes de jeu proposent le minimum syndical : course unique, contre-la-montre, championnat et un didacticiel très complet. Le multijoueur se limite à deux participants sur écran partagé. Pas de online, pas de quatre joueurs, Speed Racer ne remporte pas la palme de la convivialité.
La jouabilité est calquée sur les meilleures réussites du genre sur Wii : Excite Truck et Mario Kart. On tient la Wiimote à l’horizontal et on l’incline pour tourner. Le système est bien sûr compatible avec le Wii Wheel inauguré avec Mario Kart. Sans être aussi précis que sur les deux titres précédents, les contrôles de Speed Racer répondent bien. Le seul véritable problème étant de parvenir à gérer conduite et attaques.
En effet, à la manière d’un Mario Kart (toujours), nuire à ses adversaires est tout aussi important que d’arriver premier. On peut gagner de précieux points en éliminant les concurrents avec du « Car-fu ». En utilisant la Wiimote et en appuyant sur certaines touches, de nombreux coups peuvent être effectués. Sauf que l’on s’emmêle facilement les pédales. En visant à gauche au lieu de la droite, car on aimerait bien ne pas louper l’accélérateur, dans le même mouvement. Et cela avec trois ou quatre véhicules qui nous bousculent.
Il faut ajouter au chaos général la fonction alliances, qui permet d’être secondé par certains participants. Mais ceux-ci roulent aussi pour la victoire, et il ne vaut mieux pas les attaquer par inadvertance, des points risquant d’être perdus. Les particularités de conduite issues du film sont ainsi bien adaptées dans le jeu, surtout la possibilité d’effectuer des sauts par-dessus les concurrents.
La difficulté est plutôt bien dosée, mais il faudra beaucoup de pratique avant de maîtriser les différents personnages (20 en tout, à débloquer au fil du jeu). Ils sont tous assez fidèlement repris du film. Ils ont par contre le vilain défaut de parler tout le temps (ce qui est aussi le cas chez les Wachowski, il est vrai). Dès que l’on double, dès que l’on est doublé, attaqué, conseillé, ça cause. Comme les citations sont très limitées, cela peut devenir rapidement gênant. De même la musique du jeu n’est pas celle du film, pas de Giacchino à l’horizon, et l’ambiance en souffre un peu.
Heureusement il reste les graphismes et l’animation. Le jeu a beau en rajouter dans le fluorescent (en particulier lorsque l’on entre dans le mode « Zone »), il n’est pas aussi psychédélique et expérimental que le film. Les limites techniques de la Wii se font un peu sentir, mais les bugs visuels sont rares et l’impression de vitesse est bien rendue. La fidélité aux décors de l’œuvre des Wachowski est louable. On a droit aux circuits citadins, aux bords maritimes, au désert, à la montagne…
Il est traditionnel que les adaptations vidéo ludiques de franchises cinématographiques naviguent entre le médiocre et le catastrophique (voir pour cela le récent Iron Man). En ce sens, Speed Racer sur Wii est une bonne surprise et fait partie du haut du panier du genre. Il n’est pas nécessaire d’avoir vu et aimé le film pour s’amuser, le jeu convenant parfaitement aux enfants par ailleurs. Certes, face à un Mario Kart, Speed Racer fait figure de second couteau, mais il demeure tout à fait recommandable aux fans de courses débridées.