Microsoft multiplie les alliances (et ne compte pas s'arrêter là)

Léo Martin | 16 mars 2023 - MAJ : 16/03/2023 11:38
Léo Martin | 16 mars 2023 - MAJ : 16/03/2023 11:38

Microsoft continue de signer de plus en plus de contrats avec différents alliés tandis que Sony est toujours décidé à empêcher son rachat d’Activision-Blizzard.

Après avoir (a priori) convaincu la Commission européenne, Microsoft est toujours en discussion avec la CMA (Competition and Markets Authority) du Royaume-Uni afin que celle-ci n’empêche pas sa fusion avec Activision-Blizzard, fin avril. Pour se faire, le fabricant Xbox a intérêt à trouver une solution à chaque problème que pourrait leur exposer la CMA. Et la compagnie relève plutôt bien le défi jusqu’à présent. La réponse la plus efficace à toutes les préoccupations de la CMA et de la FTC (Federal Trade Commission) américaine semble résider dans les alliances que Microsoft multiplie en ce moment.

Une stratégie qui correspond à la philosophie que Phil Spencer (dirigeant de Xbox Game Studios) dit vouloir appliquer depuis des années, à savoir maintenir une bonne entente avec toutes les autres compagnies. En somme : si tous les concurrents sont satisfaits avec la fusion de Microsoft et Activision, plus personne n’y trouvera rien à redire. Simple en théorie. Mais Jim Ryan (dirigeant de Sony Interactive Entertainment) ne le voit pas de cet œil-là : récalcitrant à signer un accord avec Microsoft... lui et PlayStation prennent aussi le risque de s’isoler de plus en plus. 

 

Call of Duty : Infinite Warfare : PhotoCall of Duty, toujours au cœur du problème

 

Orgueil et préjugé 

Microsoft ne cesse de multiplier ses efforts, jour après jour, afin de satisfaire tout le monde. Après avoir tenté de démontrer que voler la licence Call of Duty à Sony n’avait aucun intérêt pour elle, la compagnie a assuré qu’elle laisserait la primeur de ces jeux aux services de la PlayStation. L’offre faite à Sony (et déclinée par Jim Ryan) a ainsi été récemment rendue publique à l’attention de la CMA, gageant que la firme céderait à son concurrent la possibilité d’avoir les futurs jeux Call of Duty sur le PlayStation Plus le jour de leur sortie. 

Évidemment, cet accord est toujours sous une durée limitée de dix ans (comme tous les autres), et continue d’être reçu comme inacceptable par Jim Ryan. Celui-ci poursuit son opposition à la fusion de Microsoft et Activision et aurait été on ne peut plus clair sur ses intentions de ne négocier un accord sous aucun prétexte auprès des diverses commissions antitrusts. C’est ce qui a été révélé lors de la dernière mise à jour de l’enquête de la CMA (disponible à la lecture publique) et qui a été ainsi commenté sur Twitter par Lulu Cheng Meservey, directrice générale de la communication d’Activision-Blizzard.

 

 

"Microsoft a proposé à Sony (qui a dominé le marché des consoles pendant plus d’une décennie, avec 80 % de parts de marché) un accord de 10 ans à des conditions bien meilleures que celles que Sony obtiendrait de nous. Nous avons également offert à Sony un accès garanti à long terme à Call of Duty. Mais ils continuent de refuser.

Selon Meservey, les propos exacts de Jim Ryan, lorsqu’il était à Bruxelles le 21 février dernier, auraient été donc assez péremptoires : "Je ne veux pas d’un nouvel accord sur Call of Duty. Je veux juste bloquer votre fusion".

La directrice de la communication d’Activision s’est d'ailleurs exprimée avec un agacement croissant depuis quelques semaines vis-à-vis de l’attitude de Sony. Et elle n’est guère la seule. De plus en plus d’alliés du fabricant Xbox et même des spectateurs extérieurs commencent à éprouver une lassitude à voir la boîte japonaise saboter le fameux rachat à 69 milliards tandis que Microsoft garde le beau rôle.

 

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La triple alliance

Alors d’un côté, Sony s’isole – mais domine largement le marché des consoles, il ne faut pas l'oublier (et risque de faire encore un malheur avec ses futures exclusivités et le retour en force de la PS5 dans les boutiques) – et de l’autre Microsoft s’entoure solidement. Même NVIDIA, qui a toujours été proche de PlayStation est désormais en contrat avec la firme de Redmond, afin de faire profiter son service cloud gaming, GeForce Now (25 millions d’utilisateurs), des jeux Call of Duty. Une nouvelle réponse du fabricant Xbox à la CMA pour prouver sa volonté de partager ses jeux et de ne monopoliser aucun secteur.

Et pour poursuivre dans cette voie, Microsoft vient d’annoncer les mêmes accords (toujours sur dix ans) avec d’autres services de cloud gaming : Boosteroid (4 millions d’utilisateurs) et Ubitus, la compagnie japonaise qui s’occupe du cloud gaming de la Switch (ce qui pourrait donc concerner 125 millions d’utilisateur). Et cela ne s’arrêterait pas là. Brad Smith (vice-président de Microsoft) a ainsi déclaré au Wall Street Journal que "bien d’autres accords vont suivre."

 

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Une façon de prouver que Microsoft peut (et veut) tenir sa promesse de donner accès à plus de 150 millions de joueurs supplémentaires leurs licences de jeux vidéo fraîchement acquises (ce qui concerne Call of Duty, mais aussi les plus importantes franchises de Blizzard comme World of Warcraft et Diablo). Une tactique redoutable, car plus le fabricant Xbox se donne un air solidaire des autres compagnies, et va dans le sens de ses belles promesses, plus il décrédibilise les attaques de Sony et parvient potentiellement à convaincre la CMA. Celle-ci avait toutefois fait l'air, jusqu'à maintenant, de soutenir bien davantage la position du fabricant PlayStation... Ce qui laisse entendre que rien n'est gagné. 

À présent, les échéances se rapprochent et les conclusions de la Commission européenne, de la CMA (respectivement le 25 et 26 avril) et bientôt de la FTC (qui de son côté enquête avec sur les récents accords de Microsoft) arrivent à grande vitesse. Les nouvelles alliances de Microsoft risquent de se démultiplier à mesure que le temps, pour consolider encore et toujours les arguments de la firme envers les organismes antitrusts (Phil Spencer s’en frotte les mains). Reste à voir si Jim Ryan a encore de quoi contre-attaquer ou si Sony repartira grand perdant de cet affrontement : la fusion réussie, sans aucune garantie obtenue pour la firme japonaise. 

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commentaires
Garde Noire
17/03/2023 à 04:49

Faut vraiment être naïf pour pas voir que les accords de Microsoft sont faits avec des acteurs mineurs niveau ventes de Call Of Duty.

La majorité des ventes se fait sur consoles.

Morcar
16/03/2023 à 12:09

Bien que je joue aujourd'hui sur PS, après avoir été sur PC des années durant, puis XBox360, je n'ai jamais été à tout prix dans un camp ou dans l'autre dans cette guéguerre de consoles (j'ai une préférence pour les exclus Sony, d'où mon choix depuis quelques années). Et j'avoue ne pas saisir pour quelle raison Sony s'entête à tout prix à vouloir bloquer cette fusion.
Toujours est-il que ce feuilleton est assez intéressant. Ca fait penser à celui du rachat de la Fox par Disney il n'y a pas si longtemps, bien que les deux contextes n'aient rien à voir. Par contre, ça devient effrayant de voir ces sociétés tellement multimiliardaires qu'elles peuvent s'acheter ce qu'elles veulent.

Cooper
16/03/2023 à 11:59

HS : ou en est le jeu Indiana Jones ??