Affaire Activision-Blizzard-Microsoft : quelles sont les véritables raisons du rachat ?

JL Techer | 20 janvier 2022 - MAJ : 20/01/2022 14:53
JL Techer | 20 janvier 2022 - MAJ : 20/01/2022 14:53

Microsoft vient d'acquérir Activision-Blizzard pour une somme colossale. Que se cache-t-il derrière cette annonce, et quelles sont les raisons d'un tel achat ? 

Xbox vient d'acquérir la maison Activision-Blizzard pour près de 69 milliards de dollars, soit la plus grosse transaction jamais réalisée dans l'industrie vidéoludique. La firme de Redmond a tout l'air d'être actuellement en pleine virée shopping, et rachète les studios de développement et éditeurs comme de nouvelles chemises, une attitude qui démontre (si cela était encore nécessaire) que le géant souhaite devenir l'acteur dominant sur le marché du jeu vidéo.  

Si les velléités de domination de Microsoft et les tourments judiciaires dans lesquels est embourbé Activision-Blizzard depuis de longs mois semblent être des raisons suffisantes pour expliquer cette acquisition colossale, les choses sont pourtant bien plus complexes qu'il n'y parait. Les raisons pour lesquelles Bobby Kotick, le PDG historique d'Acti-Blizz depuis 2008, a accepté de renoncer au contrôle de l'entreprise tiennent tout autant de la saisie d'opportunité, que de la volonté d'amener sa société toujours plus haut sur l'échelle du succès. Et selon le principal intéressé, cela n'aurait rien à voir les imbroglios avec la justice américaine (ha ha). 

 

Call of Duty : Vanguard : mode zombie 3Comment la concurrence voit Microsoft depuis le rachat d'Activision

 

Dans une interview très consensuelle donnée à VentureBeat, Bobby Kotick a expliqué que les ambitions créatives de l'éditeur de Call of Duty avaient besoin d'un soutien logistique et humain conséquent pour se concrétiser. Moyens qu'était en mesure de fournir un titan de l'industrie tel que Microsoft : 

"Nous avons réfléchi aux deux prochaines années et avons commencé à réaliser que nous avions besoin de milliers de personnes pour pouvoir exécuter nos plans de production. Nous en avons besoin dans des disciplines telles que l'IA et le machine learning, ou dans l'analyse de données, ou dans le cloud et la cybersécurité spécialement conçus, et nous n'en avons tout simplement pas. Et cette concurrence pour ce talent coûte cher et est vraiment difficile à trouver."

 

Call of Duty : Vanguard : photoUn Call of Duty avec une IA potable grâce à Microsoft ?

 

Quant au fait que les affaires de harcèlements et de culture d'entreprise toxique aient pu avoir une quelconque influence sur la volonté de vendre sa société, Bobby Kotick botte en touche. Pour lui, cela n'a pas forcément affecté le cours de l'action d'Activision, contrairement aux performances moyennes des titres phares Call of Duty et Overwatch (avec un report de l'épisode 2 très attendu par les amateurs de FPS compétitif) :

"Je pense que ce qui a le plus affecté le cours de l'action, c'est la sortie d'Overwatch et de Diablo. Et puis je pense que les gens ont commencé à voir que Call of Duty de cette année n'était pas aussi performant. Je pense donc que le dépôt [California Department of Fair Employment and Housing] et l'article du Wall Street Journal y ont certainement contribué, mais les actions montent et descendent pour diverses raisons."

 

Overwatch : photoOverwatch traine des pieds en attendant sa suite

 

Enfin, quand il s'agit de l'avenir des licences d'Activision, et du futur du jeu vidéo en général, Bobby Kotick se montre étonnamment nostalgique, ou presque ignorant de l'évolution du marché du jeu vidéo actuel. Éludant la question de ce que pourrait être un jeu exploitant le métaverse, il préfère évoquer le retour d'anciennes gloires

"Je voulais faire un nouveau Guitar Hero depuis un moment, mais je ne veux pas ajouter d'équipes pour faire la fabrication et la chaîne d'approvisionnement [...] Nous n'avions pas vraiment la capacité de le faire. J'avais une vision vraiment cool de ce que serait le prochain Guitar Hero, et j'ai réalisé que nous n'avions pas les ressources pour le faire. Et les Skylanders aussi. [...] Si vous regardez Skylanders, avec son matériel, sa fabrication et sa chaîne d'approvisionnement, il y a le même genre de choses que nous ne pouvons pas faire mais que Microsoft peut faire." 

 

Activision-Blizzard : photoQui se souvient des Skylanders ? 

 

Malgré ces justifications a posteriori, et ces digressions, il est plus que probable que les poursuites judiciaires dont Activision faisait l'objet depuis un long moment, combinées aux performances en deçà de ce qui était attendu pour Call of Duty et Overwatch, ayant fait plonger le cours de l'action de la firme au cours de l'année 2021, en ont fait une cible de rachat parfaite. 

Pour rappel, en novembre 2021, Phil Spencer, boss de Xbox Game Studio, avait annoncé qu'il prendrait ses distances avec la firme de Bobby Kotick suite à ces multiples accusations. Il avait déclaré auprès du site Bloomberg vouloir "évaluer tous les aspects de notre relation avec Activision-Blizzard et procéder à des ajustements proactifs continus". Il avait poursuivi en se disant "dérangé et profondément troublé par les événements et les actions horribles" rapportés par la presse. "Ce type de comportement n’a pas sa place dans notre industrie", avait-il conclu. 

 

Diablo IV : photoAmbiance durant les négociations

 

Bien entendu, un deal de l'importance de celui qui a eu lieu entre Activision et Microsoft ne se fait pas du jour au lendemain, et il est évident qu'au moment où Phil Spencer faisait ces déclarations, les tractations étaient déjà en cours. Cela a donc été un superbe mouvement sur l'échiquier de la négociation de la part du CEO d'Xbox Game Studio que d'agir ainsi publiquement. Un énorme coup de pression mis sur la firme de Bobby Kotick, qui a surement dû permettre à Spencer de grappiller quelques millions (milliards ?) de dollars sur le prix d'achat d'Activision-Blizzard. 

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commentaires
Blockbuster
31/01/2022 à 07:17

Personnellement, le rachat concerne des licenses qui ne m'intéresse pas du tout, call of duty, world of warcraft et compagnie. Je préfère les bons jeux solos, Sony reste pour l'instant devant selon moi pour ce type de jeux. Plus de bruit que de mal?

Kikou lol
20/01/2022 à 18:00

Activision Blizzard KING

GTB
20/01/2022 à 15:52

Ah! Un bien grand monsieur jusqu'à la fin le Kotick. Ce n'est donc pas la faute aux casseroles publiques, à la gestion interne des plus douteuses et des conditions de travail assez merdiques; c'est la faute des employés incapables d'avoir fait de bons jeux cette année :). Quel bonheur ce doit être d'avoir un tel PDG qui fait preuve d'autant de soutien envers ses employés.
Et évidemment cela n'a rien à voir avec le fait que les enquêtes sur les problèmes de comportements en interne, y compris par Kotick, ont fait suffisamment de bruit pour que la première fois de l'histoire les 3 constructeurs aient pris publiquement la parole sur le sujet et leur partenariat avec Acti-Blizzard; qu'une langue de bois comme Geoff Keighley aborde le sujet dans son speech d'ouverture des GameAwards, et que de nombreux partenaires aient pris leur distance avec Acti-blizzard (dans l'e-sport pour Overwatch, ou même Lego qui repousse la sortie d'une gamme de produit Acti, etc...).

On peut regretter que Microsoft offre une porte de sortie honorable à Kotick, alors que c'est une belle enflure qui aurait mérité de tomber en disgrâce.

JoeJoe
20/01/2022 à 15:40

Quel flutiste... Que ce soir pour les raisons du désastre avec un culture de l'entreprise pourrie jusqu'à l'os, ou les raisons sur la non productions de jeux comme Guitar Hero.
Il n'y a qu'a voir toutes les réactions de développeur d'Activition et Blizzard vis à vis de cette interview.
Je pense que ce type ne manquera à personne dans l'entreprise (pour ne pas dire plus) ...