Kinect : Vive le jeu sans manettes

Raphaël Carlier | 14 avril 2011
Raphaël Carlier | 14 avril 2011

On comprend aisément l'envie de Microsoft de se lancer dans le marché grand public dominé par une Wii infatigable. Car si la Xbox 360 peut s'enorgueillir d'avoir trouvé près de 53 millions de preneurs dans le monde (juste devant sa principale rivale), les ventes de consoles Wii culminent à 86 millions d'unités ! Mais plutôt que de proposer les mêmes attraits qu'une wiimote, Microsoft voit beaucoup plus loin et pousse le concept jusqu'à proposer une expérience inédite : le jeu sans manette. Réussite ou folie des grandeurs ?

 

 

Pour en revenir à l'accessoire en lui même, il suffit juste de le brancher et la console fait le reste. Enfin presque puisqu'il faut encore calibrer l'appareil en fonction de votre espace de jeu, du bruit ambiant, et de la luminosité. Car oui, Kinect est un véritable couteau suisse qui fait reconnaissance de mouvement, reconnaissance vocale, appareil photo et vidéo. Pour le coup nous avons testé l'appareil dans les conditions minimum requises, à savoir : Placé à 60cm de hauteur et à 2m/2m50 de recul, éclairage minimaliste, bruit ambiant. Bonne nouvelle l'appareil fonctionne très bien mais autant le dire tout de suite, ayez le plus de recul possible sous peine de risquer de perdre un œil en jouant à plusieurs. La technologie en elle-même, si elle n'est pas parfaite, reste bluffante. Kinect reproduit vos mouvements avec plus ou moins de fidélité et reconnaît quel joueur est en train de jouer si la reconnaissance faciale a été calibrée au préalable. Et si la technologie en est à ses balbutiements, le catalogue de jeu est plus qu'honnête, faisant le job de fort belle manière.

 

 

Kinect Adventures !

 

Vendu d'office avec l'appareil, Adventures sert avant tout à appâter en démontrant les capacités technologiques de Kinect et en mettant fortement en avant l'aspect convivial de l'accessoire. Car il faut le dire, y jouer tout seul c'est bien tristounet. Heureusement à partir de deux joueurs le fun est bien là. Pour faire ressortir l'aventurier qui est en vous (et surtout le sportif) le jeu est divisé en cinq catégories principales, dans lesquelles on trouve plusieurs variantes. REBONDS figure dans les premiers jeux montrés au public et à la presse. Il suffit de taper les balles qui arrivent devant vous pour faire du casse briques. Tous les moyens sont bons pour y arriver en faisant des pieds, des mains et de la tête. Le divertissement est honnête et voir son avatar reproduire nos mouvements est toujours étonnant. DESCENTE INFERNALE est un peu le fer de lance d'Adventures. Le jeu présent sur la jaquette vous propose d'embarquer dans un radeau gonflable emporté par des rapides. Il faut diriger latéralement l'embarcation et même souvent sauter (parfois haut, très haut -attention au plafond). Une opération aisée seul face à l'écran, qui prend une autre tournure avec un camarade de jeu puisqu'il faut être bien synchrones et s'accorder sur l'itinéraire. Il reste encore MAX DE REFLEXES où placé sur une plate forme sur rails il vous faut esquiver les obstacles de toutes les manières (sauter, se baisser, se déplacer sur le côté), parfois en faisant la course avec un ami. 20 000 FUITES vous propose de colmater des fuites dans un caisson étanche tandis que DANS LE VIDE vous propose d'évoluer en apesanteur en agitant les bras. Divertissant comme il se doit.

 

 

Kinect Sports

 

En général, la gamme Sports d'un accessoire est toujours la plus riche et la plus faible. Bonne nouvelle, si vous jouez à deux voir à quatre joueurs et plus, Kinect Sports est un achat indispensable. Aux commandes de votre Avatar le jeu propose des épreuves variées contenant des mini-jeux à la qualité inégale mais au potentiel fun indéniable (surtout lors des replay vidéos). Dans la catégorie BOWLING vous pouvez au choix : jouer au bowling classique sans crainte d'être refoulé pour la tenue, ou jouer à un mode surréaliste où il faut faire tomber un maximum de quilles dans le temps imparti. Grisant, jouissif, mais sans tolérance avec votre corps : gare aux douleurs aux épaules ! Un peu légère, la catégorie FOOTBALL vous invite à vous mettre dans la peau du gardien de but ou du tireur lors de tirs au but. Le cœur du jeu, c'est clairement la catégorie d'ATHLETISME. Les épreuves nombreuses et éprouvantes contiennent des courses de Sprint, de Haies, et de Saut en longueur, ainsi que des lancers de Javelots ou de Disques (à la précision parfois douteuse). S'il vous reste de l'énergie il reste quelques catégories plus anecdotiques comme le PING-PONG, la BOXE et le BEACH VOLLEY. Fous rires garantis.

 

 

Kinect Joy Ride

 

Le jeu le plus oubliable du catalogue ? Sans doute. Passé le plaisir de la découverte de ce jeu de course très basique aux airs de Mario Kart, on se rend vite compte que la précision varie injustement d'un niveau à un autre et que la navigation dans les menus finit vite par être laborieuse. Dommage, le jeu proposant de nombreux modes et quelques bonnes idées comme la possibilité de repeindre le véhicule en montrant la couleur à l'écran. Malheureusement à éviter.

 

 

Dance Central

 

Le meilleur jeu du catalogue ? Peut-être bien. Le nouveau jeu des créateurs de Rock Band vous invite à délaisser les instruments pour envahir le dance floor. Dans l'idée il suffit de reproduire les mouvements d'un danseur virtuel dans 32 morceaux éclectiques (Lady Gaga, Snoop Dogg, Beastie Boys) à la difficulté croissante. Si le sens du rythme est très important, le passage par la case « on décompose » s'avère vite indispensable. Il est ainsi possible de découvrir les chorégraphies étape par étape (merci la fonction ralenti) et d'apprendre de vrais pas de danse. DanceCentral, c'est le jeu qui donne envie de sortir frimer en boîte. Et même le temps d'une soirée entre amis le jeu peut vite devenir un centre d'intérêt ludique sous ses airs de karaoké dédié à la danse. Seul bémol, impossible de danser à deux en simultané. Qu'importe, le jeu est de très bonne facture et la reconnaissance de mouvement excellente. Bonne nouvelle pour ceux qui hésitent à en faire l'acquisition, une démo est disponible sur le Live.

 

 

Kinectimals

 

C'est miiignooon ! Sous ses airs de Nintendogs et de jeu opportuniste se cache un très bon jeu, complet et accrocheur. Fraichement débarqué sur l'île de Lémuria, un lémurien volant nommé Bumble devient votre guide, et vous invite à choisir un félin forcément craquant. L'interaction est évidemment de mise, en mettant en avant des possibilités de l'accessoire éloignées de titres comme Adventures ou Sports. Ilest possible de caresser son animal et même de lui apprendre quelques tours comme s'asseoir, sauter, rouler, faire le mort, etc. Et si l'envie de mimer ne vous prend pas, sachez que vous pouvez demander gentiment à votre compagnon d'exécuter la plupart des actions grâce au micro embarqué de Kinect. Bien entendu l'animal répond aussi au sobriquet que vous lui aurez attribué. L'ambiance est très agréable, la réalisation « au poil » et certains concours pas si évidents, en dépit de la facilité de ce jeu très accessible. Kinectimals se pare même d'un petit scénario et d'un background qui fonctionne, à condition de rester tolérant envers le ton résolument naïf et enfantin de l'ensemble. Si la cible principale est clairement le jeune public, impossible de ne pas se laisser séduire et se prendre au jeu.

 

 

Yoostar 2

 

Un jeu très prometteur malheureusement développé à la va-vite. Annoncé comme un nouveau genre, le karaoké cinéma, où le joueur remplace des acteurs le temps de rejouer certaines séquences de films. Le concept est réjouissant tout comme la playlist qui comprend 80 scènes issues de films comme 300, American Pie, Casablanca, Le Magicien d'Oz,Gladiator, Le Parrain, Kick-Ass, Terminator, Tonnerre sous les Tropiques,...Bref, l'embarra du choix. Mais avant que le cinéphile que vous êtes ne fantasme de trop, revenons sur les limites techniques du procédé. Oui le rendu est très correct, à condition d'avoir un fond uniforme et un éclairage de cinéma. Malheureusement pour nous, le commun des mortels, le papier peint banal et l'éclairage jaunâtre d'un appartement parisien classique plombent rapidement l'immersion, l'incrustation devenant laborieuse et très aléatoire, avec de violents trous dans l'image. En sachant qu'il est nécessaire pour chaque scène de se mettre dans une silhouette indiquée à l'écran, l'opération s'avère parfois difficile et vous demande de tenir les jambes fléchis et le corps de travers. On a connu plus agréable. Concernant le contenu, on l'a vu, les séquences sont nombreuses. Seulement le choix des passages est très souvent décevant, les séquences parfois éphémères, et certains films ne sont jamais sortis dans l'hexagone et inconnus du public français (et même du grand public en général). Heureusement le jeu prend une toute autre tournure à plusieurs, et pour peu qu'on tombe sur la bonne séquence c'est fous rires garantis dans la salle (pour peu que tout le monde se prête au jeu bien sûr). Un aspect communautaire important puisqu'il est possible d'enregistrer ses« prouesses » et de les partager sur la toile. De quoi ravir les comédiens en herbe. Si Yoostar 2 reste une déception, le potentiel est là et on espère très fort que le concept sera exploité au mieux très prochainement.

 

Impossible de douter du succès de Kinect maintenant que Microsoft a vendu 10 millions d'accessoires, en rentrant dans le Guinness Book comme le périphérique électronique le plus rapidement vendu de tous les temps. Un engouement mérité si on prend l'appareil pour ce qu'il est. Un formidable complément pour une console qui propose désormais du convivial comme seul Nintendo en avait la recette, avec un sacré tour de force technologique en prime.

 

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