Final Fantasy : on a classé la saga du pire au meilleur, et c'était pas simple (partie 1)

Studio au bord de la faillite et parti de rien, Square Enix est aujourd'hui l'un des piliers de Sony. L'occasion de retracer le meilleur et le pire de leur saga culte : Final Fantasy.

1980. La société Square Co. se lance dans l’industrie du jeu vidéo en développant quelques titres pour Nintendo. Face à des concurrents tenaces comme ceux derrière Dragon Quest, il est difficile pour le petit studio de faire face à la tornade et de s’imposer sur l’archipel nippon. 

Au bord de la faillite, Square décide de se lancer dans un ultime coup de poker : un jeu à la croisée des chemins entre fantaisie médiévale et RPG. Hironobu Sakaguchi lance le projet Final Fantasy et réunit une équipe talentueuse notamment formée de Kenji Terada au scénario, Yoshitaka Amano à l’illustration et Nobuo Uematsu à la musique. La sortie est une réussite et le jeu est vendu à plus de 52 000 exemplaires au Japon. 

Le traumatisme d'une génération

Petit à petit, Square commence donc à se faire connaître auprès des joueurs japonais puis des joueurs outre-Atlantique grâce à l’ouverture d’une filiale en Amérique appelée Square Soft. Au fur et à mesure de leur notoriété grandissante, Square attire la convoitise des studios producteurs. Au terme de longues négociations, ce sera finalement Sony qui réussira à gagner le coeur des développeurs de Square. En 1995 Sony négocie avec Square l’exclusivité des droits de ses futurs jeux.

Deux années plus tard, Square sort Tobal No.1 qui ne sera qu’une mise en bouche avant le raz-de-marée de Final Fantasy VII, qui va arriver en janvier 1997 au Japon, puis en août aux États-Unis et en novembre en Europe. Le jeu est un succès plus que triomphant (mais nous en reparlerons plus bas), la carrière de Square Enix et de Final Fantasy ne fait alors que commencer.  

Alors que Final Fantasy 7 Remake est sorti il y a peu et a fait l’objet d’un véritable éloge critique, la suite (tant attendue par les fans) a récemment fait parler d’elle. Ce qui nous a donné envie de nous replonger dans l’histoire de la saga et de faire un classement des meilleurs Final Fantasy. Bien évidemment, si l’envie mordante de mettre des spin-off comme Crisis Core ou l’excellent Final Fantasy Tactics nous ont rongé les doigts très (très) forts, ce classement ne compte que les épisodes principaux de la franchise et est exempt du Final Fantasy 7 Remake. 

Vivi, prêt à mettre le feu dans le classement

18. Lightning Returns : Final Fantasy XIII

Commençons donc par le tréfonds du classement avec l'un des opus les plus oubliables de cette saga : une suite qui n'aurait jamais dû voir le jour et dont on peut totalement se passer, soyons francs.

En 2013, la foudre revient donc sur PS3 et Xbox 360. Lightning Returns : Final Fantasy XIII s'inscrit dans la continuité de ses jeux précédents et en termes de gameplay et de narration il y a de l'amélioration. Mais également du mauvais.

L'histoire et les personnages sont familiers pour ceux et celles qui ont déjà joué à FF13 et FF13-2, bien qu'il soit encore possible d'apprécier le minimum de contenu même sans connaître l'histoire jusqu'à présent. Lightning Returns se déroule 1000 ans après le premier titre, et 500 ans après sa suite.

Lightning Returns, c'est l'antithèse de ses prédécesseurs. Pendant les premières heures de jeu, le rythme étouffant et pénible d'hier semble loin, et le récit paraît plus clair, moins absurde - même s'il manque toujours un vrai suspense ou une excitation digne de ce nom.

La foudre peut frapper plusieurs fois oui

Malheureusement, la nouvelle quête de Lightning n'est pas sans limites. Car si le rendu visuel s'est amélioré grâce au passage à la plateforme nettement plus flexible, le moteur de six ans de la PS3 montre son âge, et le degré d'utilisation des atouts du passé est presque criminel (on pense notamment aux multiples tenues directement piochées des précédents FF pour appâter la fanbase).

Pire : les développeurs ont inventé un système de compte à rebours qui sera également excessivement pénible pour ceux et celles qui aiment prendre leur temps, et explorer à leur guise les environs. Au bout du compte, ce troisième volet de la saga souffre à l'extrême d'un manque général de contenu. Et pompon sur la Garonne : le jeu ne dure qu'une quinzaine d'heures au lieu des quarante promis. Bref, on repassera. 

Rien qu'en repensant à son système de compte à rebours, on a envie de tout casser

17. Final Fantasy X-2

Première suite directe d'un épisode, Final Fantasy X-2 est sorti trois ans après son prédécesseur, en 2004. Un pari un peu risqué pour Square Enix qui ne savait pas trop où aller pour convaincre les joueurs de la première heure d'adhérer à leur nouvelle histoire. Le résultat est clair : Final Fantasy X-2 n'apporte absolument rien. 

Avant la sortie de Final Fantasy X-2, il était fortement sous-entendu que l'histoire tournerait autour de la recherche du personnage principal de Final Fantasy X, Tidus. Il était également sous-entendu que la possibilité de sauter ajouterait un grand élément d'action au jeu, ce qui redynamiserait un peu le gameplay et les interactions avec l'environnement. Ces deux implications sont cependant totalement fausses.

En réalité, le jeu n'a pratiquement pas d'histoire et n'a quasi aucune plus-value.

Par le pouvoir de Sailor Moon

Premier exemple : l'essentiel des dialogues vient lors de l'errance dans le monde de Final Fantasy X, de l'écoute de la myriade de PNJ qui raconte à quel point leur vie a été brillante et joyeuse pendant les deux années qui se sont écoulées, et une grande partie de ces conversations sont jouées par les mêmes acteurs que dans le jeu d'avant. 

Le casting vocal n'est pas la seule chose que Square Enix a choisi de réutiliser pour ce jeu. 98% des personnages, des lieux et des monstres de Final Fantasy X-2 sont directement issus de Final Fantasy X, ce qui donne l'impression d'avoir une extension bricolée à la hâte, plutôt qu'un jeu vraiment nouveau. 

Les joueurs et joueuses à la recherche d'un niveau de profondeur supplémentaire dans l'histoire de Final Fantasy X seront très certainement déçus par Final Fantasy X-2. Cependant, ceux qui recherchent simplement un jeu amusant et léger pourraient peut-être y trouver leur compte. Il n'y a qu'à voir le look des héroïnes pour s'en convaincre.

Riku toujours insupportable et inutile

16. Final Fantasy XIII-2

On continue avec le thème des suites, forcément. Et si vous avez joué à Final Fantasy XIII, vous avez votre avis sur le sujet. Sorti en 2011, Final Fantasy XIII-2 est une tentative flagrante de Square Enix d'apaiser les adversaires les plus virulents au titre original. Et si à bien des égards, ce jeu rattrape quelques problèmes du premier titre, il ne parvient pas vraiment à remplir sa mission. Car Final Fantasy XIII-2 apporte avec lui une poignée de nouveaux soucis, et le résultat est un jeu en apparence plus complet, mais nettement moins impressionnant.

Pour être honnête, même si vous avez joué à Final Fantasy XIII (et que vous ne l'avez pas aimé), l'histoire de FF XIII-2 est alambiquée, déroutante et bien souvent absurde, baignée dans la même pseudo-philosophie qui a entaché les spin-offs de Dissidia. Elle ignore régulièrement le concept de causalité (sauf quand ce n'est pas le cas, histoire de rendre ça encore plus curieux), et utilise les paradoxes comme source première de conflit (certains d'entre eux étant si absurdes qu'ils défient toute logique).

Moi pas compris

L'autre problème de Final Fantasy XIII-2, c'est son absence déconcertante de difficulté. Il n'y a pas de plafonnement des niveaux, et le nouveau système permet aux joueurs de progresser (trop) rapidement. On notera tout même un très bon point pour son graphisme et la bande-son nettement meilleure que Final Fantasy XIII. Mais bon, c'est peu.

Final Fantasy XIII-2 est une tentative évidente d'apaiser les fans, mais ce faisant, le studio a créé un paradoxe qui lui est propre. Les joueurs qui voulaient simplement un peu moins de linéarité seront probablement comblés, mais quiconque n'est pas satisfait par l'histoire ou les combats de FF13 trouvera que FF13-2 est pire à cet égard.

Les fans de Final Fantasy XIII trouveront sans doute de quoi se réjouir dans sa suite, tandis que les autres trouveront peut-être que l'absence de défi est un frein. On préfèrera vous laisser juger vous-même si ce jeu est meilleur que Final Fantasy XIII.

Un arc dont même Aloy serait jalouse 

15. Final Fantasy II

Sorti en 1988 sur NES, Final Fantasy II un jeu en grande partie oubliable (désolé). Bien qu'il soit important pour la construction de la licence, rien dans l'intrigue ou le gameplay ne réussit assez à séduire pour se relancer dans une nouvelle partie. 

Remplaçant un système de leveling traditionnel par un autre qui ne développe pas assez les armes que vous utilisez, les combats aléatoires au tour par tour de Final Fantasy II sont efficaces, mais manquent de poids en raison de leur système particulier. Manifestement, Square s'est lassé des niveaux, car Final Fantasy II construit ses personnages lentement.

Malgré tout, Final Fantasy II a introduit un certain nombre d'éléments qui vont réapparaître plus tard dans la saga. En effet, il est possible de voir les racines d'un certain nombre d'idées, de concepts, de personnages et de situations qui vont se répéter tout au long de la série. Si ce n'est directement, alors c'est certainement par inspiration. C'est avec ce jeu que Square a véritablement commencé à développer l'identité de sa série, et même si le résultat est moyennement mémorable, la véritable valeur de Final Fantasy II réside là : c'est le début d'un certain nombre d'éléments importants des Final Fantasy. 

La SNES et la PlayStation offriront plus tard beaucoup plus de variété et d'authenticité aux jeux de la même époque. Mais ici, il était clair que Square n'avait pas encore trouvé la bonne formule.

Ça pique pas trop les yeux 

14. Final Fantasy XV

Sorti en 2016, Final Fantasy XV est un titre qui a semé la discorde, surtout vu le développement et l'attente autour. À l’époque où le jeu était encore appelé Final Fantasy 13 Versus, que la démo présente l’E3 2013 nous donnait terriblement envie de l’avoir entre les mains, on aurait placé Final Fantasy XV beaucoup plus haut dans ce classement.

Au bout du compte, Final Fantasy XV est une belle démonstration des limites des risques créatifs et des problématiques d'une franchise si longue. Car ce jeu n'a simplement plus grand chose d'un Final Fantasy. C'est un RPG d'action en monde ouvert, qui laisse entièrement tomber les rencontres aléatoires au profit d'un système de combat en temps réel. En soit, ce n'est pas une mauvaise chose, un peu de renouveau ne fait pas mal... si c'est bien fait.

On the road again, and again, and again

Et beaucoup de choses ne sont pas à la hauteur. Mis à part l'allure clinquante, les combats manquent de la précision attendue par les fans. Les personnages principaux (un groupe d'adolescents stylés et insupportables) manquent de charisme, et parlent et agissent comme s'ils faisaient partie d'un groupe d'émo cherchant la liberté. Malgré quelques formidables morceaux, la bande-son semble limitée. Certains boss sont fantastiques, mais il y en a peu. Le monde lui-même est bien construit et intéressant à explorer, mais l'ensemble manque de rythme, et les extensions de DLC n'ont rien concrétisé.

Le paradoxe est terrible : malgré dix longues années de développement, le jeu ne semble pas réellement fini. FF XV est parfois une belle expérience, mais l'arrière-goût d'inachevé reste en travers de la gorge.  Ce n'est pas le pire jeu de la franchise, mais c'est peut-être l'une des plus grandes déceptions.

Oué, c'est beau quoi 

13. Final Fantasy

Si certaines franchises emblématiques ont direct démarré par des classiques mémorables (Mario, The Legend of Zelda, Mega Man, etc), d'autres, comme Final Fantasy, ont pris quelques épisodes pour atteindre leur vrai potentiel.

Sorti en 1987, Final Fantasy était néanmoins révolutionnaire, avec un monde extérieur relativement grand, des combats stratégiques au tour par tour, et une histoire épique. Visuellement, ce premier opus faisait un bon usage des capacités de la NES. Le design des monstres de Yoshitaka Amano est superbe, et la musique joue beaucoup dans la sensation magique face à la découverte de ce monde. Même si oui, aujourd'hui, çe peut sembler absurde de parler de beauté pour un titre huit bits de ce type.

Ah, 1987

Final Fantasy est le titre original de la série, mais il n'a pas encore l'imaginaire et l'ambition de la saga à venir. Si Square a certainement placé la barre très haut avec ses multiples personnages, ses multiples succès et son système de magie varié, il a emprunté la base de chacun de ces éléments aux deux autres piliers des RPG sur console : Dragon Quest et Phantasy Star.

C'est un grand RPG selon les normes NES, mais il n'y a pas eu assez de personnalisation ou de variété pour en faire un total classique. Si vous n'y avez jamais joué auparavant, vous voudrez peut-être jeter un coup d'œil pour voir où la franchise a commencé... mais si ça ne tient pas très bien la route, et que ça a été rapidement dépassé dans les années 90.

Minimaliste, mais efficace 

12. Final Fantasy XI

Tout comme Final Fantasy XIV, il est difficile de comparer Final Fantasy XI aux autres jeux de la série. Premier des deux MMORPG de la saga Square, Final Fantasy XI a débuté comme un MMO moyen. Bien que cela ne soit pas particulièrement surprenant, personne n'aurait pu s'attendre à ce qu'il devienne un jeu qui se développe au cours de la prochaine décennie et au-delà. D'abord sorti sur PS2 et PC, il a finalement atterri sur Xbox 360 comme premier MMO sur la console de Microsoft.

Situé dans le monde tentaculaire de Vana'diel, Final Fantasy XI mettait l'accent sur le jeu avec des amis pour compléter des donjons difficiles et acquérir un butin de plus en plus précieux. Cinq extensions, de nombreux ajouts et des événements saisonniers suivront, le dernier élément de contenu arrivant en 2015. Les serveurs de console ont été éteints en 2016, mais vous pouvez toujours jouer sur PC aujourd'hui.

Avec le temps, Final Fantasy XI est devenu un grand MMO, bien qu'assez traditionnel, récompensant largement ceux qui s'y sont tenus pendant des années.

La monture Chocobo : même Tidus peut pas rivaliser 

11. Final Fantasy XIV : A Realm Reborn

Désolés pour les amoureux de cet opus, mais il est difficile de placer Final Fantasy XIV plus haut dans cette liste. Soyons clairs : Final Fantasy XIV ne serait pas à cette place s'il n'y avait pas eu A Realm Reborn, la relance du MMORPG qui a été fermée et relancée en l'espace de trois ans. Final Fantasy XIV était moyen. A Realm Reborn, qui est réapparu en 2013 sur PC et PS3, et PS4 l'année suivante, a été le chant du phoenix redonnant son éclat au jeu.

L'histoire de Final Fantasy XIV : A Realm Reborn, qui est un peu plus connue, se déroule cinq ans après la fin du serveur et des événements du jeu original. La première version du jeu s'est terminée avec la quasi-destruction du continent d'Eorzea et la disparition des héros contrôlés par les joueurs. Au début de A Realm Reborn, ces héros renaissent dans un monde remis des événements dramatiques des cinq dernières années, mais ils sont confrontés à de nouveaux problèmes plus inquiétants à l'horizon.

Groupe de rock alternatif ou groupe de héros, au choix

Les révélations apportées par A Realm Reborn seront particulièrement significatives pour les fidèles de Final Fantasy. Le jeu est rempli de clins d'oeil des plus amusants : un système de materia qui rappelle celui de Final Fantasy 7, des armures magitek comme dans Final Fantasy VI ou encore des ennemis qui ressemblent étrangement à ceux de Final Fantasy XII. Tout rappelle les deux décennies durant lesquelles Final Fantasy s'est hissé au sommet de l'industrie vidéoludique - y compris une superbe bande-son qui joue sur des airs reconnaissables de la série, et les meilleurs visuels vus dans un MMO.

La planète d'Hydaelyn est l'un des meilleurs décors de Final Fantasy jamais conçus, et l'histoire et les traditions sont à la hauteur des meilleurs jeux du genre. Trois grandes extensions ont été publiées depuis le lancement, dont le récent et excellent Shadowbringers. Final Fantasy XIV : A Realm Reborn est l'expérience commune ultime pour les fans de la série.

Même si vous ne vous imaginez pas être un fan de MMO, Final Fantasy XIV pourrait peut-être bien vous faire changer d’avis.

Un nouveau départ

10. Final Fantasy V

A bien des égards, Final Fantasy V est exquis. Dernier FF à thème "strictement médiéval",  FFV suit quatre guerriers qui combattent un arbre géant. Et même s'il n'essaie pas particulièrement (voire pas du tout) d'être innovant, ce classique de la SNES sorti en 1992 reste jouable aujourd'hui, sans problème.

Final Fantasy V peut essentiellement être considéré comme une version améliorée de Final Fantasy III, ce qui prouve assez définitivement que les jeux Final Fantasy n'ont pas besoin d'être originaux pour être géniaux. Le lien avec les héros et héroïnes est important, et contrairement au précédent opus, l'histoire tourne ici autour de très peu de personnages.

Final Fantasy V gérait plutôt bien l'effet de perspective

Les combats se déroulent dans le système Active Time Battle qui était la grande nouveauté à l'époque. Tout dans les combats tourne autour d'une jauge qui se remplit au fil du temps. Chaque bataille se termine avec la fanfare prévue et l'attribution de gils, des points d'expérience et des points de capacité (ABP). 

Bien que la version PlayStation existe, elle est largement considérée comme inférieure à l'original. Final Fantasy V a également été porté sur Gameboy sous le nom de Final Fantasy V Advance, permettant ainsi au public nord-américain de profiter du jeu. Ce portage du jeu sur Game Boy Advance remédie aux défauts de la version PlayStation, et apporte de ce côté-ci du Pacifique un jeu qui vaut la peine d'être joué - enfin.

Et si les graphismes de Final Fantasy V sont les plus faibles des trois titres sortis cet automne, ce n'est pas une excuse pour passer à côté d'un jeu par ailleurs solide.

La suite du classement Final Fantasy est par là !