Qu’est-ce qu’on peut être mauvaise langue quand même nous quelques fois. Cela fait des mois qu’on vous parle de La Belle et la Bête de Bill Condon, qui sortira sur nos écrans le 22 mars prochain, des mois qu’on se plaint que c’est un copié-collé du dessin animé et on a même pas vu la grosse nouveauté arriver. Ah bravo.
Le débat sur la représentation de l’homosexualité au cinéma, et particulièrement dans les blockbusters, n’a pas vraiment avancé d’un iota depuis qu’il est revenu sur le tapis il y a quelques années avec l’arrivée massive des productions Marvel et le retour de Star Wars. A l’heure où un retour en arrière des consicences semble s’opérer à un niveau planétaire, il semble en effet plus qu’obligatoire et important que tout le monde soit représenté dans des films qui atteignent de plus en souvent le milliard de dollars de recettes au box-office.
Mais évidemment, il ne faut pas faire cela n’importe comment, éviter de stigmatiser la population ciblée, tout en veillant à ne pas choquer l’autre, bref, ne se mettre personne à dos. Ce qui fait que représenter la communauté LGBT au cinéma, c’est compliqué, ça demande de prendre quelques risques et aucun studio n’est prêt à le faire.
Jusqu’à aujourd’hui cependant, puisque l’on vient d’apprendre avec étonnement, et ravissement il faut bien le dire, que La Belle et la Bête nous présenterait le premier élément gay de toute l’histoire du studio Disney. C’est en tout cas ce que le réalisateur Bill Condon vient d’expliquer au micro d’Attitude Magazine :
« LeFou est quelqu’un qui veut, un jour, devenir Gaston, et le lendemain, l’embrasser. Il ne sait pas vraiment ce qu’il veut, il est juste quelqu’un qui comprend qu’il a ce genre de sentiments. Et Josh Gad en fait vraiment une prestation subtile et délicieuse. Et c’est ce qui paye au final, et je ne voulais pas passer à côté. Au final, c’est un joli moment, exclusivement gay dans un film Disney. »
Alors bien entendu, cela reste gentil et mignon, et il ne faut pas s’attendre à un vrai coming-out dans un film essentiellement destiné aux enfants et aux adolescents, mais l’on peut quand même apprécier l’évènement parce que, si ce n’est certes pas cela qui fera bouger les consciences, le plus important était que quelqu’un fasse le premier pas et on ne pensait pas que cela viendrait de Disney.
N’empêche, maintenant on est embêtés, on ne pourra plus dire que le film est un vulgaire copié-collé du dessin animé. C’est malin….
Et voilà, encore un commentaire supprimé par Ecran Large… on peut avoir une explication ?? C’est arbitraire ou y’a des vrais critères ?
@Fennec
Non, je ne passe pas à côté : je suis simplement en désaccord. Ce faux procès à la consensualité, aux évidences, aux trucs à la mode qui n’ont aucun fond, je le trouve justement consensuel, prémâché, très à la mode (on le retrouve d’ailleurs sur chaque article, à peu partout, lié de près ou de loin à ce sujet). Inutile de dire que je ne comprendrais pas : j’imagine que tu me lis et comprends, sans être d’accord, c’est aussi simple que ça.
Le point clé étant que oui, il y a du chemin à parcourir. A différents degrés, selon les pays, les gens, les cultures. Mais citer La Vie d’Adèle ou Brokeback Moutain, c’est pour moi très simpliste. Est-ce que quelqu’un prétend que le monde entier est anti-gay, qu’il n’y a aucun film gay, que personne ne les voit ou les aime, sans demi-mesure (parlons manichéisme…) ? Est-ce qu’on oublie les polémiques autour du films de Kechiche à ce sujet (ou au sujet de L’Inconnu du lac, ou La Belle Saison, plus récemment) ? Est-ce qu’on devrait lancer ça à la face du premier qui se plaint car si y’a quelques films gay qui existent et marchent parfois, ça prouve que le problème est mineur donc stop au débat ? Et pour élargir, que la parole homophobe, rien qu’en France, est bien présente, et l’a été ces dernières années ? Au-delà de Cannes et les Oscars, et ce groupe d’artistes communément méprisés et ridiculisés car dans leurs nuages, la réalité rappelle que la question des gay n’est pas réglée, n’est pas derrière nous. J’imagine bien qu’on puisse ne pas le savoir ou sentir, et en douter même ; mais de la même manière que je serais incapable de dire si être une immigrée noire de 50 ans est compliquée et à quel point, je me dis que la moindre des choses est de ne pas trop vite classer des dossiers, quand on ne vit pas la chose.
Ce qu’on pourrait voir comme une réponse polie, c’est une réponse promo. Tout aussi polie et chiante et classique qu’une question sur les costumes, l’équipe, l’ambiance, oui. Tout aussi axée sur un public/un type de lecteurs que si c’était une interview du réal pour Positif ou d’Emma Watson pour Glamour. Ni plus, ni moins. Je ne vois rien de problématique là, ou alors faisons un procès au manège promo en général.
En revanche, c’est un fait, bel et bien là, de la France à la Russie jusqu’aux USA : mentionner qu’un second rôle est gay, ça heurte des gens. Ca nous sort les fameux lobby gay qui veulent changer la face du monde, corrompre les consciences et dire qu’être gay, ce n’est pas anormal. C’est là.
Quant à taper sur les médias, pour quelqu’un d’apparemment sensible aux réponses consensuelles et pré-mâchées, je trouve encore une fois cela bien facile. Surtout à l’heure où CHAQUE candidat aux présidentielles tape sur les médias, qui aideraient l’adversaire, qui serait responsable de ceci, cela. Cette équation semble toujours exclure les lecteurs, et les sujets des médias, ça m’amuse. Parce que pour info, cette news ridicule, on a tous les deux cliqué un paquet de fois dessus, posté des commentaires, alimenté les clics et la pub. Et nourri, à notre manière, la chose. Prouvant que oui, ça intéresse. Faut avoir conscience et assumer son rôle, réellement et honnêtement. Parce que c’est naïf à mes yeux de cliquer et commenter et s’en tenir à « je dis que c’est nul donc c’est différent, c’est la faute des médias » .
Et ce journaliste ne sera peut-être pas déçu : il sera peut-être satisfait de juste voir qu’on a un second rôle gay, qui n’est ni le coeur du film, ni le sujet, ni l’enjeu. Il sera peut-être content de voir que Disney traite ça de manière simple, que c’est là, que c’est montré comme une facette parmi d’autres de l’être humain, et que ça a du sens dans une fable sur l’amour et la différence et la peur. Mais bon, tu sembles persuadé de certaines choses, là où à la limite, j’entendrais des suppositions ou doutes. Donc on va sortir le joker fin de discussion stérile : let’s agree to disagree.
@_Mike_ Gyver
Je pense que tu passes à côté de mon propos…
Pour moi EL qui dit « un retour en arrière des consicences semble s’opérer à un niveau planétaire », comme une évidence, c’est tout simplement idiot, c’est juste une phrase prémâchée, trèèèès consensuelle, à la mode, mais fondée sur rien.
D’autrant qu’en 2017, on ne peut pas dire que la cause LGBT n’a pas de tribune dans nos pays (Europe, USA, etc).
Bien sûr il reste du chemin, surtout dans certains pays, mais faut pas exagérer, dans le monde atroce dépeint par Ecran Large, LaLaLand aurait bel et bien gagné l’oscar du meilleur film 😉 , Brokeback Mountain et La Vie d’Adèle n’auraient pas été ces succès critiques et publics, etc etc. Ne combattons pas les clichés par d’autres clichés. Là, EL est aussi manichéen que le monde qu’il prétend dénoncer. Autant commencer l’article par « le monde c’est d’la merde »… un peu de sérieux quand même.
Quant à l’interview, pour moi ces propos sont pour l’instant à ranger dans la catégorie « réponse polie » du réalisateur à un magazine gay. Parce que très souvent, comme le sujet est brûlant, ces questions reçoivent des réponses polies. De même que si c’était pour un magazine « black », il répondrait que « la Bête est un fort symbole des jeunes blacks qui se sentent exclus et différents », que si c’était pour un magazine de couture il dirait que « ce qui l’a motivé à faire le film c’est la magie des costumes », et pour un magazine de cuisine il dirait « le moment le plus important du film est pour moi le dîner entre Belle et la Bête ». Réponse polie pour flatter les lecteurs, et ne se mettre personne à dos. Surtout que sur ce genre de sujet, on préfère un good buzz qu’un bad buzz.
Et quand je vois un torchon… euh un journal populaire comme 20 minutes reprendre la bouche en coeur que je cite : « Disney met en scène son premier personnage gay », qui « s’interrogera sur sa sexualité » et « développe une intrigue amoureuse homosexuelle », ben je vois un journaliste qui fabrique du buzz (la news est sooo hype…) mais qui ne fait pas son travail de prise de recul, de mesure, et d’exactitude. Ce journaliste sera TRES déçu au visionnage.
@Fennec
Bizarre, je n’ai jamais de problème niveau commentaire perso.
Et je continue à ne pas être d’accord avec l’idée d’emballement médiatique. Quand tu vois que la Russie songe à ne pas sortir le film car c’est contre leur loi de propagande gay sur les enfants, et qu’aux USA des endroits ont boycotté le film pour des raisons religieuses, en répétant des choses bien affreuses sur les h**o, j’estime que le sujet demeure malheureusement explosif pour trop de monde. Et que non, les médias responsables de tous les maux du monde si on écoute les politiques et les gens, ne sont pas automatiquement responsables de tout n’importe quand n’importe comment.
D’autant que personne ne dit qu’il faut s’attendre à un film avec un rôle gay super génial et important : c’est comme Star Trek Beyond, c’est totalement assumé que ce n’est qu’un détail parmi plein d’autres, justement pour replacer ça dans le grand dessin de la fiction, des personnages, etc.
Dire qu’on serait déçu me semble bien caricatural, comme si celui qui accueille cette info avec bienveillance voire bonheur, voudrait que la sexualité de ce second rôle soit centrale. Non, on peut juste apprécier que ce soit placé là, que ça ait été choisi de manière simple, que ce soit simplement une facette parmi d’autres de la normalité ou l’humanité dans un monde fictif. Surtout dans un conte sur l’acceptation de l’autre, au-delà des apparences et des peurs collectives.
Quant à remettre l’info dans le contexte, ça a été fait : simplement, ce n’était pas dans la perspective que tu as en tête (cf la phrase que t’as pas apprécié). Et si jamais c’était nécessaire, j’imagine que ce serait dans leur critique.
@MAC Gyver
J’avais un deuxième commentaire qui suivait le premier posté trop vite, qui expliquait plus en détail mon propos, mais pour une obscure raison, Ecran Large l’a viré.
Ca devient de plus en plus lourd de réagir sur ce site. Entre les « No spam » intempestifs, et les commentaires supprimés par le site, impossible d’avoir une discussion intelligente.
Pour résumer, je disais juste qu’il n’y a pas une pointe d’homophobie dans mes remarques, juste une critique sur l’emballement médiatique sur une non-info que personne ne prend le soin de nuancer ou de remettre dans son contexte.
Vous allez voir qu’après visionnage du film, vous serez TRES déçus de ce « moment gay » qui fait couler tant d’encre, et qui sera en fait quasi inexistant.
@Fennec
Euh, dans ce cas je maintiens… que non ?
Y’a une différence entre ne pas être d’accord, trouver ça naze, et dire que c’est arbitraire et inutile. Surtout que ton avis, et le mien, et le leur, sont arbitraires. Et inutiles pour plein de gens en désaccord. C’est logique, et ça n’a pas de valeur comme argument.
Et inutile de brandir la carte « homophobie ». Là encore, y’a des tas de nuances dans cette question. Mais c’est clair que la question de la représentation irrite beaucoup de gens, pour des raisons plus ou moins défendables et avec souvent de la mauvaise foi.
On a pas eu de personnages gay dans un certain type de cinéma pendant des décennies (ou en tout cas, hors stéréotypes, dans la lignée des stéréotypes sur les gros, les Russes, etc), et personne s’en plaignait hormis les concernés. Maintenant, quand au détour d’un plan de Star Trek 3 on réalise qu’un des seconds rôles est gay (et que c’est juste une facette de sa personnalité comme n’importe quelle autre, sans prendre plus de place que s’il prenait dans ses bras une jolie blonde), ou qu’on met des femmes ou des Noirs ou des gay dans des superproductions, d’un coup c’est perçu par certains comme une invasion.
Y’a semble t-il pas de milieu, entre la quasi absence et la persécution intellectuelle que certains prétendent subir (en mobilisant parfois tout un champ lexical de plus en plus dénué de sens, et qu’on retrouve dans plein de débats : la faute à la gauche, aux bobos, au lobby, aux révisionnistes, ou je ne sais quoi) ?
Peut-on relier l’omniprésence de ces questions (qui seraient chiantes et superflues dans un monde équilibré, bien sûr), notamment dans la case divertissement mainstream qui atteint donc la masse, et la réalité des gay persécutés/punis par la loi/maltraités pour leur simple différence, à des degrés divers selon les pays et cultures ? Je trouve simplement que la question est trop souvent réduite à quelques éléments, comme si on pouvait se contenter d’un seul aspect pour clamer que c’est bête/grossier/inutile/etc.
@_Mike_ Gyver
Et toi tu ne peux pas t’empêcher de… oui non, on va pas rentrer dans ce jeu passionnant hein.
Je sais pas si t’essaye de me faire passer pour un homophobe, mais non, juste non.
Je maintiens, la phrase d’EL est totalement arbitraire et inutile. Elle ne fait pas avancer le schmilblick, n’est basée sur rien, c’est juste de la paresse littéraire, histoire de faire une intro bien scolaire
J’adore ce site… Comment un simple commentaire peut il engendrer un tel désastre. Qui vous êtes au juste cacher derrière ces pseudo?
Le meilleur film sur le sujet on le doit quand même à Ang Lee. Avec son Brockeback Lointain pleins de gens ont été surpris de voir que les cowboys n’étaient pas que des gardiens de vaches et des tueurs d’indiens.
Sam ou le mec qui met au même niveau l’homosexualité et la zoophilie, incroyable! En 2017 ma brave dame! Bien, bien, tu devais être au centre de la manif pour tous toi… Bon, va donc voter Fillion, mec. Je vais prier pour toi.