Cannes 2016 : Juste la fin du monde, le film de trop de Xavier Dolan ?

Simon Riaux | 19 mai 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 19 mai 2016 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Érigé depuis son premier film en véritable phénomène culturel, Xavier Dolan revenait à Cannes avec l'ambition affichée de remporter la Palme d'Or. Juste la Fin du monde annonce-t-il le sacre de son auteur ?

Il est permis d'en douter, tant le film, conçu et produit en quatrième vitesse afin de pouvoir concourir à la Palme, révèle les failles que l'on décelait déjà dans les précédents travaux de Xavier Dolan. Débarrassé du joual québécois et manifestement décidé à enrober son récit d'une sobriété nouvelle, le cinéaste dénude son style jusqu'à l'os, quitte à le débarrasser (un temps) de ses atours hystériques et acidulés. Hélas, ce qui avait pour but de permettre à l'émotion de s'épanouir et à la violence interne du récit d'éclore dévoile la pauvreté de la mise en scène. À moins d'être un inconditionnel du champ-contrechamp, difficile de ne pas bailler d'ennui devant les interminables joutes verbeuses qui émaillent le film, dont la médiocrité est soulignée par une organisation en pastilles et confrontations terriblement attendues. Ici et là, la caméra s'éveille le temps de rares flash-backs clipés. Plastiquement très aboutis, ils surlignent malheureusement la superficialité de l'ensemble et une construction beaucoup trop mécanique de la gradation émotionnelle.

 

Juste la fin du monde

 

La mécanique de l'ensemble s'avère alors si évidente, si appuyée, que le film s'écroule sous le poids de ses effets de styles et rodomontades de montage, transparentes et convenues. Si on pouvait attendre du casting qu'il sauve un peu la chose de l'échec complet, la disparition de la langue québécoise semble enlever au cinéma de Dolan une de ses plus jolies singularités, tout en mettant en lumière la grossièreté de sa direction d'acteurs. On demeure souvent interdit devant des tunnels dialogués dont aucune réplique ne sonne juste, dont le rythme ne décolle jamais. De Cotillard à Léa Seydoux en passant par Gaspard Ulliel tout ce petit monde patauge dans le pathos avec une raideur embarrassante.
En témoigne la conclusion du récit, lors d'une scène virant du compassé doloriste au tragique grandiloquent avec une violence absurde, où enfin Dolan semble retrouver des marques et proposer quelque chose.


Mais cette brève résurrection formelle et stylistique ne peut suffire à remettre sur les rails une œuvre qui transpire bien trop l'ambition pour s'inquiéter de la chair de son récit.

 

Juste la fin du monde

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commentaires
Corentin
11/06/2016 à 17:27

Cet article sent la jalousie, la frustration, le racisme et en tout premier lieu ; la vieillesse.

Jeanne
20/05/2016 à 03:00

Faut dire aussi, Cotillard et Seydoux dans une pièce de Lagarce quoi... Même avec une direction d'acteur de génie, c'était perdu d'avance.

Benichou
19/05/2016 à 20:40

Rien à voir avec le côté "gay"
Dolan ne m'a pas du tout emballé avec Mommy, je l'ai même trouvé grotesque et grandiloquent par moments.
A l'inverse j'ai vu Tom à la ferme ensuite et en ai été agréablement surpris, probablement parce qu'il va davantage à l'essentiel en 1h40 qu'en 2h20.

adoy
19/05/2016 à 17:40

Enfin on commence à percevoir l’escroquerie que représente ce soit disant cinéma...

ekbe
19/05/2016 à 13:11

erde

ellen page est trop mignonne
19/05/2016 à 12:39

Chacun ses gouts, mais c'est du cinéma chiant pour moi, et il faudrait me payer pour aller le voir.

Mskin
19/05/2016 à 12:13

Le film a l'air de diviser mais hormis quelques Tweets/critiques négatifs il y'a énormément de bonnes voir d'excellentes critiques c'est assez intriguant