Batman v Superman : un mois après sa sortie, le blockbuster de Warner est-il vraiment un échec ?

Batman V Superman aura particulièrement excité les commentateurs, le public et la critique. Alors que son exploitation en salles paraît toucher à sa fin, le film est-il un succès.

Tout le monde y sera allé de son pronostic, puis de son analyse, ou de sa grande déclaration, les uns voyant dans le blockbuster de Zack Snyder une incontestable réussite, les autres un échec cinglant. Collectivement piétiné par la critique internationale, le métrage a souvent été reçu plus que fraîchement, même s’il nous semble plutôt faire partie du haut du panier des films de super-héros (voir notre critique ICI).

Son parcours dans les salles de cinéma touchant à sa fin, le moment est venu de tenter de regarder à tête reposée, et si possible avec un peu de sang-froid, si Batman V Superman a rempli ses objectifs.

Get rich or Die tryin’

863 millions de dollars. C’est ce qu’a rapporté à ce jour Batman V Superman sur l’ensemble des territoires où il est exploité. Un score sans appel. Le blockbuster a attiré le public massivement et a su le faire se précipiter dans les salles, rappelons que son démarrage est le meilleur enregistré aux Etats-Unis pour un mois de mars.

Le film devrait achever son exploitation aux environs de 875 millions de dollars, un score dont rêverait la plupart des productions. Pour un studio (Warner) qui avait cruellement besoin d’attirer à lui le grand public, de faire oublier ses derniers cuisants échecs au box-office – tant les 18 derniers mois ont été impitoyables – c’est une incontestable réussite.

Sans réajuster l’inflation, le film de Snyder est le 7^ème plus gros succès pour un film de super-héros, loin devant d’énormes succès comme la trilogie Iron Man par exemple, ou le premier Spider-Man de Sam Raimi.

King Disney

Pour autant, Batman V Superman ne sera pas imposé comme le concurrent que Warner espérait face aux productions Disney. Ainsi, le film ne rattrapera pas Zootopie, qui caracole à plus de 900 millions de dollars de recettes, tandis que Le Livre de la Jungle, qui en trois semaines à dépassé les 690 millions de dollars pourrait faire jeu égal avec lui.

Quant à Captain America : Civil War, il peut espérer balayer le score de BvS très rapidement, ayant déjà amassé plus de 200 millions de dollars de recettes avant même ses sorties américaines, russes et chinoises, d’autant plus qu’il est précédé d’un buzz fantastique.

Buzz l’Eclair

Et c’est peut-être justement là que le bât blesse. Le premier véritable échec de BvS, c’est son incapacité à orchestrer sa communication. Tension palpable du studio, refus de montrer le film, panzer promotionnel… Tout a concouru à engendrer méfiance, lassitude, puis agacement contre le projet.

Là où Marvel, quoi que l’on pense de ses films, parvient presque systématiquement à entretenir une relative bienveillance à son égard (en témoignent les critiques françaises, majoritairement positives, et américaines, absolument dithyrambiques), Warner n’a pas su ou pu bénéficier de ce genre de réception.

En témoigne la rapidité avec laquelle le film s’est écroulé au box-office, exceptionnelle pour un film de cette ambition, qui témoigne autant du bouche à oreille mitigé que de la difficulté de la firme à créer un mouvement d’adhésion sur le long terme, au-delà de celui généré par le marathon promotionnel.

Climat de défiance, qui s’est aussi répercuté dans le public. Un tour sur les commentaires du moindre article dédié au film est éclairant : la quantité de jugements lapidaires étonne, quand des films de thèmes et de qualités comparables déclenchent rarement de semblables tempêtes.

Champagne ou Champomy ?

Au final… On aurait tort de qualifier Batman V Superman d’échec. Parce qu’il a prouvé que le catalogue DC pouvait attirer un public important et ce malgré des critiques désastreuses. Parce qu’il a amassé quelques 200 millions de plus que Man of Steel. Parce qu’il faudra attendre sa version longue pour rendre un jugement définitif quant aux qualités et défauts du film.

Néanmoins, il aura prouvé que Warner n’est pas encore capable de faire jeu égal avec Marvel, et souligné que le studio ne peut pas encore se targuer d’un système de production aussi rationalisé que sa concurrence directe. Il semble désormais indiscutable que le film n’atteindra pas le milliard de recettes, nécessaire pour assurer une solide rentabilité à ce blockbuster extrêmement couteux.

Ainsi le film se trouve dans la position paradoxale, voire absurde, d’être un succès dont la rentabilité n’a rien d’assuré.

En conclusion, Batman V Superman est la preuve que la bataille entre Marvel et Warner n’a finalement pas eu lieu. DC est assurément un potentiel contrepoid à la domination de Disney, mais pour s’imposer comme une alternative et récolter des succès comparables, l’alliance Warner / DC devra repenser son rapport au public et sa logique industrielle.