Valerian : Luc Besson touchera plus d'argent que tous les acteurs du film réunis

Christophe Foltzer | 7 février 2016
Christophe Foltzer | 7 février 2016

Actuellement en plein tournage à la Cité du Cinéma, Valerian et La Cité des Mille Planètes est une entreprise pharanonique comme le cinéma français n'en connait que très rarement. Avec quelques aménagements évidemment.

Luc Besson est probablement l'un des réalisateurs français les plus côtés à l'international mais il est également un excellent homme d'affaires. Il n'y a qu'à voir comme il a géré sa carrière depuis ses débuts, le succès d'EuropaCorp et ses derniers films qui ressemblent plus à des packaging clés en main super efficaces qu'à des vrais films. Et avec Valerian, il prépare son coup d'éclat.

Avec ses 197 millions d'euros de budget, son casting américain et ses moyens titanesques, Besson s'apprête à donner un gros coup de pied dans la fourmilière du cinéma français qui se rêve depuis tellement d'années en concurrent d'Hollywood. Mais il ne perd pas le Nord puisque BFM Business s'est procuré une copie du budget détaillé du film et révèle que le réalisateur, scénariste et producteur empocherait pas moins de 5, 25 millions d'euros de cachet rien que sur ce film.

Le pactole se découpe en trois parties : 2,2 millions pour la réalisation, 2,2 millions pour les droits d'auteur et 850 000 pour l'adaptation et le scénario. Du jamais vu dans notre pays et pour le réalisateur dont le plus haut salaire jusqu'à présent était celui qu'il avait touché pour Angel A (soit 1,5 millions d'euros).

Bande-dessinée

Ce qui peut surprendre, c'est que les acteurs ne bénéficieront pas d'un tel traitement puisqu'ils se partagent tous une enveloppe de 1,42 millions d'euros qui, selon le site, ne seront pas réglés en France. Alors qu'au moment où il tentait de monter le film en France et qu'il avait bousculé le régime du crédit d'impôts, Besson assurait que son film créerait énormément d'emplois, on apprend que sur le budget total, seul 38% sera dépensé chez nous (74,4 millions d'euros) et que la partie la plus importante, les effets spéciaux, sera confiée à des prestataires étrangers, notamment ILM.

Une décision qui peut surprendre puisque nos artistes spécialisés dans ce domaine n'ont pas à rougir et auraient bien besoin d'un projet de cette ampleur dans le contexte actuel. Une décision quelque peu polémique que le porte-parole d'Europa Corp a justifié de manière assez cinglante :

"Tout ce qui peut être fait en France est fait en France, notamment le tournage qui emploira 450 personnes. Si les effets spéciaux sont faits à l'étranger, c'est que le savoir-faire n'existe pas en France."

Une pilule d'autant plus difficile à avaler surtout si l'on se réfère à un article du site Focus Pro qui révèle que les spécialistes français dans ce domaine n'ont même pas été préalablement consultés. Mais qu'on se rassure, malgré tout Valerian sera bel et bien considéré comme un film français, puisqu'il vient d'obtenir l'agrément du CNC.

Ah bah, tout va bien alors !

Photo Cara Delevingne

Tout savoir sur Valerian et la Cité des mille planètes

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commentaires
Kaladar
09/02/2016 à 19:35

C'est très français ça, de systématiquement pointer du doigt des salaires finalement pas surprenants dans ce milieu. Parce qu'en France, quelqu'un qui gagne beaucoup l'argent est forcément une pourriture... FORCEMENT !

Anthony
09/02/2016 à 11:26

@Diez : écoutez, j'ai pris la page wikipedia listant les films produits par Europa. A moins qu'elle soit incomplète (ce qui n'est pas exclu), je n'ai pas été ébloui par la qualité des films proposés. Les tentatives de sortir du modèle sont rares et bien souvent, on reste dans de l'ultra populaire dans le mauvais sens du terme avec des Lartigau, des Richard Berry, des Nicole Garcia, des Vincent Pérez et cie. Après, comme je disais, il y a aussi les Giannoli, le Bonello, les Tommy Lee Jones, les Mihaileanu, qui constituent le dessus du panier... Franchement, ça ne vole pas très haut.

diez
08/02/2016 à 11:24

Anthony, "Mais dans leur grande globalité, les films produits par Europa sont médiocres, quelque soit le genre, et surtout simplifiés à l'extrême pour un grand public que le cinéaste/producteur/scénariste juste majoritairement trop crétin."

Vous vous trompez, il y a largement plus de films chez Europa qui ne sont pas les produits que vous decrivez. Je ne vais pas éternellement citer tous les films que vous oubliez, mais a mes yeux vous faites comme beaucoup énormément de raccourcis parcequ'on arrête pas depuis trop longtemps d'associer Besson à tout et n'importe quoi.

Anthony
08/02/2016 à 09:18

@Karlito : on peut effectivement sauver quelques films (A l'origine, Quand j'étais chanteur, Trois enterrements, Saint Laurent, quoi qu'on en pense, ne suivent pas un modèle). Mais dans leur grande globalité, les films produits par Europa sont médiocres, quelque soit le genre, et surtout simplifiés à l'extrême pour un grand public que le cinéaste/producteur/scénariste juste majoritairement trop crétin. C'est ça que l'on reproche à Besson : non pas de faire du divertissement, mais d'en faire du bien couillon, dépourvu du moindre effort, sous prétexte que ce sera bien suffisant pour "cet abruti de spectateur".

diez
08/02/2016 à 00:47

Oliviou, c'est con, La mécanique du coeur est génial... dommage pour son flop.

Oliviou
07/02/2016 à 18:36

@Karlito : les auteurs de la BD (ou leurs ayant-droits) toucheront bien évidemment des droits pour l'exploitation de leur oeuvre. Il faut espérer qu'ils ont bien négocié !

Les droits d'auteur de Besson sont des droits en tant qu'auteur du scénario, des dialogues, et de la réalisation. Même si on peut trouver leurs tarifs excessifs, c'est tout à fait normal qu'il touche des droits d'auteur, comme tout scénariste, dialoguiste ou réalisateur.

Oliviou
07/02/2016 à 18:32

Concernant les SFX confiés à ILM, un point à prendre en considération : Besson a vécu un enfer avec une boîte d'effets spéciaux française très connue et très cotée (DURAN DUBOI) sur le film "la Mécanique du Coeur" dont il était producteur. La boîte s'est engagée à faire le film pour un certain budget et une certaine qualité, n'a pas tenu ses promesses, le film est resté le bec dans l'eau pendant presque deux ans, procès, et pour finir, dépôt de bilan de Duran Duboi..
Le film s'est fini ailleurs, mais a coûté beaucoup plus cher que prévu, pour un résultat pas toujours à la hauteur des attentes.
On peut comprendre qu'au moment de se lancer dans un film à 200 millions, Besson préfère jouer la sûreté pour éviter l'accident industriel. Une mésaventure comme celle de la Mécanique du Coeur sur un budget pareil, ça pourrait tout simplement couler sa boîte et ses studios.

Karlito
07/02/2016 à 16:22

Ce qui me chiffonne un peu c'est la partie "droit d'auteur". Valérian est une œuvre de bandes déssinées de Christin et Mézieres. Je ne comprend pas en quoi Besson devrait toucher des droits d'auteur. Est-ce la forme du film qui est en droit d'auteur, son type de production?? Un peu d'éclairage serait le bienvenue...

diez
07/02/2016 à 13:00

Si tu cites des films post Léon dont il n'est pas réalisateurs, tu peux aussi citer ceux qui ne sont pas des machines à fric. Il y en a beaucoup et cela serait très malhonnête de l'oublier.

On a un des seuls studio en France qui fait du blockbuster, de la comédie, du drame, du social, de l'animation, ciné de genre et cie, mais la seule chose qui compte c'est que le boss s'en met plein les fouilles et les seuls films cités sont les pompes à fric. Ok...

servallou
07/02/2016 à 12:22

J'ai pas pour habitude de faire dans la vulgarité, mais je pense que le budget godmichet pour les spectateurs/contribuables français doit être phénoménal !

Besson a toujours vu le cinéma comme un bon moyen de se faire un maximum d'argent et la plupart de sa filmographie depuis léon y est consacré (Taxi, transporteur, taken,...)

Des Besson, il y en a des milliers aux Etats-Unis (son modèle de référence), il a toujours utilisé cet argument pour justifier un travail cinématographique industriel, sans plus.

Après, il n'oblige personne a aller voir ces films, et nos politiques sont juste incompétents !

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