Sam Raimi reconnait que l'échec artistique de Spider-Man 3 est de sa faute

Christophe Foltzer | 3 novembre 2015
Christophe Foltzer | 3 novembre 2015

Parlons d'un temps où les films de super-héros n'étaient pas encore totalement la norme et où ils constituaient encore un petit risque pour l'équipe et le studio. Parlons d'un des grands foirages de l'époque. Bref, parlons de Spider-Man 3.

Auréolé du succès faramineux de Spider-Man 2, Sam Raimi était attendu au tournant avec le troisième volet des aventures du Tisseur d'autant que l'on nous promettait un méchant désiré depuis longtemps, le très charismatique Venom. Si le succès en salles du film est incontestable, les fans n'ont pas trop compris ce qu'ils ont vu et ce que le réalisateur voulait leur montrer. En résulte un joyeux bordel avec un Venom anecdotique au possible et surtout, surtout un Peter Parker en mode émo-goth dont nous rions encore volontiers aujourd'hui.

Incompréhensible de la part d'un réalisateur aussi passionné par son sujet, le film laissait qu'il avait été au coeur d'une bataille sans pitié entre Sam Raimi et le studio, qui laissa l'homme lessivé et lui fit abandonner la franchise pour se tourner vers d'autres projets.

Alors qu'il y a quelques mois encore, Sam Raimi révélait qu'il était conscient de son échec et demandait pardon aux fans du monde entier, il vient d'être à nouveau questionné sur le sujet par le site The Week à l'occasion de la diffusion de sa série Ash vs Evil Dead. Et le gaillard n'a pas changé son fusil d'épaule, même qu'il va encore plus loin en reconnaissant que c'est entièrement de sa faute :

"Je ne l'ai pas encore vraiment digéré. Je sais qu'ils ont fait deux autres films après et, évidemment, je les ai vus. J'ai merdé avec le troisième épisode."

Une franchise qui lui fait honneur mais qui ne reflète pas vraiment la réalité puisque, pris en tenailles entre les impératifs du studio, le plus gros budget de sa carrière, une pression énorme et ses propres envies (dont l'absence totale de Venom qu'il n'apprécie pas), on voit mal comment Sam Raimi aurait pu faire autrement. Cependant, le réalisateur laisse entendre qu'il serait prêt à retourner dans cet univers si on le lui demandait :

"Marvel n'a probablement plus besoin de moi maintenant. Mais si c'était le cas, j'adorerais y retourner. C'est génial de se sentir désiré."

Alors qu'Ash vs Evil Dead risque fort de cartonner, Sam Raimi en serait-il au point où il voudrait réparer cette erreur de parcours ? A moins que la perspective d'un gros chèque et d'un hit assuré ne l'encourage à replonger dans la fosse aux lions. Dans un cas comme dans l'autre, on serait très curieux de voir ce que ça pourrait donner. 

Tout savoir sur Spider-Man 3

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commentaires
ggg
09/01/2016 à 18:56

En même temps, c'était tellement mieux que tout les marvels depuis 2008

KibuK
04/11/2015 à 10:15

Je me rappelle que dans le making-of du 2eme film, un membre de l'équipe concluait qu'ils avaient placés ici et là tout au long du métrage des éléments qui seraient développés dans le 3eme opus. Cette déclaration était illustrée entre autres par des images du Dr. Curt Connors qui devait devenir le Lézard, personnage qui devait aider Peter Parker dans sa lutte contre l'homme des sables.

ABCDeath
03/11/2015 à 22:49

Totalement d'accord ! Je suis aux anges.

Et maintenant je suis en train de me relire pour voir si j'ai fait des fautes.

LambdaZero
03/11/2015 à 22:44

Ça fait plaisir d'avoir un débat intéressant, argumenté et sans trop de faute d'orthographe ! Ça devient rare sur le web. Bien cool !

ABCDeath
03/11/2015 à 22:15

D'accord aussi Lambda !

Juste : avant les Villeneuve et Nolan, y'avait d'autres auteurs et révélations fracassantes, à chaque décennie heureusement on a des surprises et trouvailles. Aujourd'hui, comme hier, comme demain j'espère.

Et Zanta effectivement Jusqu'en enfer est totalement génial...
Mais Oz a par ex été fermement défendu par une partie du public et de la presse comme un magnifique film sur la création, blablabla. D'où ma réticence vis-à-vis de la position "un mauvais film de grand réal est mieux qu'un bon de nobody". La politique des auteurs peut vite dériver à la défense pleine de mauvaise foi sur certains coups...
J'ai vu ça récemment avec Crimson Peak, que perso j'ai trouvé très mauvais, et que peu de monde aurait défendu si c'était un anonyme derrière (avis perso of course)

Zanta
03/11/2015 à 19:59

Dans mon cahier, un grand cinéaste qui rate un film, c'est toujours plus intéressant qu'un yes man qui livre un bon produit.
Et d'ailleurs, Raimi s'est racheté en grande partie quand il a livré Drag Me From Hell.
Quelle merveille, ce film.

En revanche, son travail de commande sur Oz, je pige pas.
Surtout qu'aucun projet perso n'est sorti juste après.

LambdaZero
03/11/2015 à 19:52

On est bien d'accord, ABCDeath.

En revanche, à côté des remakes, reboots et autres franchise ou univers étendu avec 30 films par an, on voit un léger retour à des projets couillus (les films de Villeneuve, Alejandro González ou même Nolan que l'on aime ou non) et qui marchent aussi ! Au fond, je n'ai pas de problème avec les Marvel et Cie et finalement de penser le cinéma comme on pense une série TV (alors que ces dernières pensent de plus en plus en terme de cinéma avec les réussites que l'on connait), mais j'espère que les producteurs s'apercevront qu'il y a de la place pour autre chose.

ABCDeath
03/11/2015 à 19:09

Eh bien Gollem tu fais bien de partager ton avis, enfin à mes yeux. Le consensus c'est chiant, et tant mieux si on est pas dans une ambiance d'hystériques qui décourage ceux qui ne sont pas d'accord...

Lambda : comme tu dis le cinéma a connu de multiples périodes de sur-exploitation (des westerns aux slashers effectivement) donc j'ai toujours du mal avec ce discours très ancré dans le présent, qui dit que c'est la catastrophe, que le cinéma mainstream hollywoodien est en chute libre etc.
J'ai souvent la sensation qu'il faut un minimum de recul et de réflexion pour ne pas foncer tête baissée dans ce discours. C'était aussi ça que je signifiais avec ma première question plus haut.

Y'a toujours eu beaucoup de mauvais films, d'abus, de pépites et de jeunes auteurs au sein du système. Le seul vrai souci me semble être l'abondance programmée de machines (SW, Marvel, DC) prévues des années à l'avance, et qui vont inonder et saturer le marché et les yeux de la masse, et donc resserrer les fenêtres d'air "pur" pour les autres. Mais ça n'est pas propre à Marvel, qui à la base répond au public, qui a lui-même convaincu tous les autres majors de suivre le modèle.

Gollem13
03/11/2015 à 18:28

Bon, je vais peut être doucher l'ambiance générale, mais pour moi la triologie de Raimi est à chier ! J'épargnerai un peu le 2 qui est pas mal mené et dont l'histoire tient un peu la route. Mais le 3 est débile comme une blague carambar. J'avais hâte que Raimi dégage. Sauf que les studios ont réussi à faire pire depuis. Chapeau Hollywood.

LambdaZero
03/11/2015 à 17:40

ça dépendra pas mal des blockbusters qui suivront ensuite. Si le niveau continue de baisser (ce qui n'est que mon avis), les films Marvel seront peut-être revus à la hausse.

Je trouverais ça triste, mais j'espère que la barre va remonter naturellement. J'ai l'impression que les Majors commencent (doucement, mais alors, très doucement) à comprendre qu'il existe quelques jeunes prodiges à qui il faudrait confier leurs films sans trop vouloir les contrôler.

Des mecs comme Raimi, justement, ont pu imposer une patte personnelle (à ce titre Spider man 3 est surement le plus complexe de la trilogie en termes de sentiment, et à la fois le plus "gonflé", d'où son côté "film monstre" qui fait rétroactivement son charme) à leurs blockbusters et le succès était au rendez-vous.

Bref, tout ça pour dire que j'espère que cette période Marvel (exceptés un ou deux films) sera observée comme une période hystérique, un peu comme les slashers des années 90/2000 ou les films de karaté américains des 80's. Au mieux, un plaisir coupable. Mais je me plante surement. On en reparle dans 15 ans.

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