Love : Wild Bunch et Gaspar Noé redoutent une interdiction aux moins de 18 ans

Jacques-Henry Poucave | 26 juin 2015
Jacques-Henry Poucave | 26 juin 2015

Love de Gaspar Noé faisait indiscutablement partie des sensations du dernier Festival de Cannes. On attendait donc avec impatience sa sortie sur nos écrans le 15 juillet prochain. Mais cette dernière pourrait s’avérer plus compliquée que prévu.

En effet, la société Wild Bunch, qui distribue le film, vient de se fendre d’un communiqué pour le moins inquiétant, révélant que le métrage pourrait souffrir d’une interdiction aux moins de 18 ans.

"Alors que la commission de classification des œuvres cinématographiques du CNC, avait recommandé, la semaine dernière, une interdiction aux – de 16 ans pour le film LOVE de Gaspar Noé, nous apprenons, avec consternation, que la ministre de la culture et de la communication a demandé à ce que le film repasse en commission, avec l'espoir d’une classification plus sévère. Nous ne pouvons que nous étonner d’une démarche jusqu’alors réservée à une association d’un conservatisme extrême. 

Nous ne doutons pas que la commission émettra un avis identique au précédent et continuera à soutenir et accompagner un cinéma exigeant, audacieux et en phase avec son temps."

De toute évidence, le ministère de la Culture (actuellement dirigé par Fleur Pellerin) anticipe ainsi les réclamations de l’association Promouvoir (organisation catholique qui ferait passer les Légionnaires du Christ pour des fans de Boy George). Il y a quelques semaines, cette dernière était parvenue à faire retirer son visa d’exploitation à Saw 3D – Chapitre final, au prétexte que son interdiction aux moins de 16 ans était insuffisante.

Promouvoir est coutumière de ce type d’actions, ayant déjà fait subir le même type de censure indirecte à Baise-Moi, Ken Park ou encore Nymphomaniac.

On notera donc qu’en plus de menacer potentiellement l’exploitation de Love, le ministère de la Culture adoube ainsi la stratégie de Promouvoir, encourageant sans le dire la commission de classification à traiter plus durement les œuvres, et par ricochet exploitants et distributeurs à ne plus s’engager en faveur d’œuvres dites « extrêmes ».

Sale temps pour le cinéma. Du coup, séchez vos larmes, on vous a mis du côté un petit classement des meilleures scènes de sexe de l'histoire du cinéma. En vidéo. Histoire de vous consoler.

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commentaires
Simon Riaux
29/06/2015 à 10:31

@Muscardin
Désolé Muscardin, mais vous faites erreur. Si vous avez travaillé dans le milieu vous savez que la vente d'œuvres dites "pornographiques" est extrêmement limitée et encadrée. Notamment en magasin. Sans compter que comme dit plus haut, c'est le succès en salle aujourd'hui qui détermine l'exposition en magasin.
Un cas d'autant plus problématique que le film ici évoqué n'a pas de vocation "masturbatoire" et n'intéressera pas le public "classique" de la pornographie.
Enfin, ce n'est pas le cas de Love qui est gênant. Love n'est qu'un film parmi beaucoup d'autres. Mais si le ministère de la Culture est capable, pour ne pas s'attirer les foudres d'une organisation extrémiste, de demander au comité de classification de se montrer encore plus sévère que prévu, avec une œuvre présentée dans le plus grand festival du monde, cela signifie qu'en France, le sexe et la violence seront compliqué à mettre en scène. Même un tétard biberonné à Game of Thrones devrait comprendre que menacer Love, c'est menacer beaucoup d'autres créations.

Joe the plumber
27/06/2015 à 11:08

Vraiment extrêmement flippant de lire autant de commentaires qui sont pour une interdiction, une classification catégorique, une élimination d'un réalisateur, etc.

La bande de petites fachos, frustrés, que vous êtes n'est qu'une représentation silencieuse, bien cachée derrière son écran, d'une haine viscérale.

Muscardin
27/06/2015 à 00:47

A la rédaction: Quand vous dites : " L'interdire aux moins de 18 ans, cela reviendrait pour le coup à quasiment le tuer et en interdire la diffusion ". Je suis désolé mais c'est faux, c'est archi faux. En effet, vous sous-entendez que la diffusion d'un film se limiterait à son exploitation dans les salles Gaumont/UGC. Je connais le milieu du cinéma pour y avoir travaillé quelques années et je peux vous assurer que la carrière d'un film ne se limite pas à une sortie en salle dans son pays d'origine dans les multiplexes Gaumont/UGC. Le marché des multiplexes est important mais à cela il faut ajouter les autres réseaux de salles, les ventes et locations en dvd, bluray, vod + les ventes à l'étranger + les ventes aux chaînes de télé qui diffusent ce genre de films. Le marché aujourd'hui est énorme avec une multiplication des supports jamais vue auparavant. Au final, un film qui a foiré sa sortie en salle peut faire par exemple une excellent carrière en dvd (comme Calvaire ou Steak). Le must c'est s'il est aidé par une aura de film "interdit" et quelques photos promos déculottées.

Muscardin
27/06/2015 à 00:07

Allez Wild Side, n'oubliez pas de dire un grand merci à la commission de classification et à Promouvoir(qui porte vraiment bien son nom) pour la pub gratuite! Quoi de mieux qu'un pseudo scandale et une soi-disant menace de censure pour attirer les spectateurs!? Ken Park, Baise-moi et Nymphomaniac se portent eux très bien malgré la soi-disant censure et la soi-disant exploitation difficile(mais lol quoi!). Ils sont disponibles en versions intégrales un peu partout en dvd et continuent à rapporter des royalties à leurs créateurs: une vrai censure stalinienne, je vous dis!!
Quant à Ecran Large, s'il vous plaît, allez étudier l'histoire du cinéma un peu déculotté et vous verrez que l'équation "scandale + menace de censure = un gros paquet de pognon dans la poche des créateurs et producteurs" se vérifie souvent, pensez à Deep Throat, The Crying Game, Dernier Tango à Paris, La Grande Bouffe, etc etc. Quatre films interdits à jamais qui ont ruiné leurs producteurs et dont le visionnage vous envoie direct au goulag! : P

Alix
26/06/2015 à 21:00

À l'attention de la rédaction, merci pour ces précisions.
Je ne savais pas que cela fonctionnait ainsi et je comprends votre position.
Je maintiens néanmoins que si un film comporte des scènes clairement pornographiques, alors il doit être classé comme tel ou tout au moins, y être assimilé.
Si un réalisateur choisit d'intégrer des scènes de ce type dans l'une de ses œuvres, il doit s'exposer à ce que son film soit classé dans la catégorie qui lui convient.
Que ce soit clair, je ne juge pas l'œuvre mais uniquement le contenu potentiellement explicitement sexuel (n'ayant pas vu le film).
Je n'ai rien contre la sexualité dans le cinéma mais je pense qu'elle ne doit pas être exposée à tout le monde et que le public doit être averti.
On ne peut pas exposer n'importe qui à n'importe quoi en prétextant faire de l'art (parfois pseudo-subversif)... car la plupart derrière ce prétexte ne cache qu'une histoire de dollars...
Plutôt que de défendre l'auteur en premier lieu, je préfère défendre ceux qui au nom d'un libéralisme acharné seront exposés à des images qui ne leur conviendront potentiellement pas du tout.

tenia
26/06/2015 à 20:49

Le problème avec l'interdiction aux -18 ans n'est absolument l'âge en question. Le film a semble-t'il des thématiques "adultes" (oui parce qu'avec Noé, faut quand même le dire vite), donc ne le rendre accessible qu'aux adultes, bon, admettons.

Le souci, c'est que cette interdiction n'a pas le même impact qu'une interdiction aux -12 ou -16, mais quelque chose de beaucoup plus restrictif dans la promotion du film ainsi que l'acceptation des exploitants à le mettre à l'affiche (à quelques exceptions près). C'est ce problème là qui fait que l'interdiction aux -18 ans revient souvent comme gênante lorsqu'un film en est menacé..

Simon Riaux
26/06/2015 à 16:53

Pas sûr que quiconque se dévoue pour assister aux éructations de votre égo.
À moins bien sûr que vous ne payiez rubis sur l'ongle.

Dirty Harry
26/06/2015 à 15:57

Tant mieux que Noé soit tué commercialement : cela ne fera qu'une ordalie de plus pour légitimer ce film (et son oeuvre) comme pure émulsion fécale, une mode où le branchouille a le frisson de la fausse transgression tout en se flattant d'être supérieur à trois mormons du Wisconsin. Pour ma part je me dévoue pour achever ce réalisateur (je lui laisse le choix des armes et je veux un journaliste d'écran large comme témoin).

Simon Riaux
26/06/2015 à 15:11

Personne ne dit que le film devrait être accessible à toutes les tranches d'âge. Le distributeur du métrage indique d'ailleurs se satisfaire tout à fait d'une interdiction aux moins de 16 ans avec avertissement.

Pour info, ce type d'interdiction le bannit déjà de la quasi totalité des multiplexes (et de tout le parc Gaumont/UGC). Ce qui constitue en soit une quasi interdiction. L'interdire aux moins de 18 ans, cela reviendrait pour le coup à quasiment le tuer et en interdire la diffusion, eu égard à la loi française.

alix
26/06/2015 à 14:56

En admettant que son film comporte des scènes explicites de sexe, ce qui semble être le cas, il me semble tout à fait légitime de l'interdire aux moins de 18 ans.
Ça n'est pas parce qu'un est irrévérencieux/provoc/trash/expérimental/artistico-onirique/subversif qu'il faut nécessairement le rendre accessible à toutes les tranches d'âge.
Je ne taxe pas le film de boulard pour autant.
Je dis simplement que certaines tranches d'âge doivent être préservées.

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