Cannes 2015 : le Love de Gaspard Noé pénètre la Croisette

Chris Huby | 22 mai 2015
Chris Huby | 22 mai 2015

Gaspar Noé est de retour à Cannes, cette fois-ci hors compétition pour une séance de minuit. Love était très attendu, les affiches et les extraits sulfureux laissant entrevoir un métrage très hard et sans aucune concession.

Murphy reçoit un message sur son téléphone. C’est la mère de son ancien grand amour qui s’inquiète pour elle. Le jeune homme, déjà en pleine dépression, se souvient alors de la passion totale qu’il a vécue avec Elle. Noé nous livre ici l’une des premières grandes réussites de fiction qui mélange sexe non simulé et cinéma "traditionnel". À l'opposé de l'orgie provocatrice redoutée (ou attendue), le spectateur découvre une œuvre extrêmement touchante et d’une immense délicatesse.

La première scène donne le ton. L'héroïne masturbe le héros dans un long plan fixe, jusqu’à l’extase finale. Etonnamment, cette introduction n’a rien de vulgaire, le cadre est composé de telle manière qu’il en ressort une impression de beauté plus que de trash. Nous sommes face à un tableau animé. A ce titre, la photographie est utilisée de telle façon qu'elle habille les corps, que les détails organiques ne choquent jamais. Tout le film fonctionne de la sorte. Noé réussit donc son pari d’emblée et ce qui aurait pu devenir un objet scandaleux s'illustre finalement par son parfait équilibre. Il en ressort une impression de naturel et de fusionnel, une intensité et une sensualité rarement atteintes jusque-là dans le cinéma. Une date, sans aucun doute.

La simplicité du sexe comme élément essentiel de l’existence est ainsi parfaitement mise en image ici. Mais le propos n’est pas là,  cette fameuse découverte des corps sert avant tout un propos dépressif sur la douloureuse séparation. Murphy se souvient d’Electra et vit un cauchemar éveillé, celui du souvenir empoisonné, tel un besoin, un manque toxique et culpabilisateur.

Murphy aime profondément Electra qui se sent rejetée puisque le désir du premier s’est répandu ailleurs, naïvement et en tout confiance. La destruction et la séparation qui s’en suivent, aux tons rouges de l’enfer, sont les prisons dont le héros n’arrivera plus jamais à sortir. Noé parvient à retranscrire le manque et la dépression d’un point de vue sensible, comme l’atteste la dernière image, terrible, et surtout immobile, comme paralysée dans le temps.

Gaspar Noé, après un Enter The Void décrié, mais virtuose, touche du doigt son vieux projet d’amener le sexe comme élément « normalisé » au cinéma. Il rejoint la volonté de son mentor Stanley Kubrick qui avait évoqué un projet similaire il y a déjà 30 ans, en vain. Il accomplit ici un exploit, un très grand film.        

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commentaires
Pervers Pépère
26/05/2015 à 15:47

@Jimbo : c'est pas parce que tu as été tout émoustillé devant la deviance des films de Noé qu'il faut te trouver un alibi pour justifier le fait que, comme beaucoup, tu t'es finalement bien rincé l'oeil et que cela t'a fait du bien.

"Irréversible", tout le monde en parlé pour LA scène de 10mn de viol de Monica Bellucci, certainement un gros fantasme bien morbide de tout un tas de gros dégueulasses qui tenaient enfin leur vengeance sur écran.

Alors oui, je comprends que dans ce cas-là, Noé soit un peu le porte-parole des mecs dans ton genre.

Jimbo
23/05/2015 à 10:42

Il faut être demeuré pour limiter Noé à un viol. Ouvrir les commentaires au public, c'est une grande porte ouverte sur la médiocrité humaine.

Flash
22/05/2015 à 20:37

J'aime pas du tout ses films, je préfère encore youporn.

TheKiller
22/05/2015 à 16:20

Mouai, même pas une demi molle

Le ténia
22/05/2015 à 14:13

Fiste moi ça vaut mieux!

Greg
22/05/2015 à 14:00

C'est marrant comment le cinéma de Noé et ses thématiques hérissent les pisse-froids et les culs-bénits.
Résumer "Irréversible" à la scène de viol ou aux scènes de sexe marginal que l'on peut y voir, montre bien à quel point notre lecture et notre sensibilité artistique sont conditionnées par notre éducation et nos limites émotionnelles et culturelles.
Citer Kubrick dans un article sur Noé n'est en rien blasphématoire. Au contraire cela fait pleinement sens lorsque le sujet en question - "la représentation du sexe au cinéma" - était l'une des obsessions de Kubrick. Et cela est d'autant plus pertinent lorsqu'on rappelle, comme le fait très bien l'article, que Kubrick est un des mentors avoués de Noé.
Enfin la filiation n'a rien de scandaleuse puisque Noé figure très certainement parmi les cinéastes les plus virtuoses du cinéma contemporain.

Dirty Harry
22/05/2015 à 13:22

J'aime Noé pour ses expérimentations visuelles mais ses personnages me laissent froid. Je les trouve un peu "ados attardés" ou bien inexistants. Le seul personnage qu'il n'ait jamais créé est le Boucher dans "Carne" et "Seul Contre Tous", on se souvient de lui et de ses tirades céliniènnes tandis qu'aucun de ses personnages n'a vraiment été écrit depuis, ce sont juste des figures/pantins qui évoluent dans un gros morceau d'exploit visuel. C'est pas Marc Dorcel qui l'a devancé avec un boulard en 3D aussi ?

Bolderiz
22/05/2015 à 12:58

Pas mon genre de ciné. Ce n'est pas pour cela que je vais gerber dessus... Personne ne m'oblige à le voir.

Elémentaire
22/05/2015 à 12:48

Du cul, du clic, du cul, du clic, etc.

Immortan Joe .
22/05/2015 à 11:09

Heu ....le monsieur il se fait larguer..et il se souvient de ses parties de fefesse ? ET on est payé combien pour voir ce truc, ? Bon....je vais revoir COMMANDO moi! une vraie histoire d'amour ca !

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