'71 : Rencontre avec Jack O'Connell, étoile british et filante

Simon Riaux | 4 novembre 2014 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Simon Riaux | 4 novembre 2014 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Cheveux en bataille, le regard perdu et perçant, la jambe battant la mesure d'une musique imaginaire, Jack O'Connell attend les questions. Lorsque nous le rencontrons pour parler Poings contre les murs, '71 et Invincible, le jeune homme ressemble à un curieux mélange de tous les personnages qu'il a incarné jusqu'alors, lunaires et nerveux.

 

Jack attaque le Block.

 

On est de prime abord saisi par sa dégaine adolescente, son aura de gamin énervé dont les traits volontaires dissimulent mal une bouille d'enfant rêveur. D'une seconde à l'autre, c'est une nuée d'émotions différente qui parsèment son visage juvénile, le tordent imperceptiblement.

« J'ai terminé Les Poings contre les murs deux semaines avant d'attaquer '71. Donc je n'ai pas vraiment eu le temps de me départir de l'énergie de mon personnage. Heureusement, que les deux personnages évoluent dans des milieux et des époques très différentes, sinon, ç'eut été beaucoup plus compliqué. »

On le croit volontiers, non sans se dire que Jack O'Connell a sûrement gardé un peu en lui de l'énergie vitale de son personnage, Gary Hook, jeune recrue de l'armée britannique plongée dans l'enfer de Belfast.

Déjà impressionnant dans le tétanisant Eden Lake, son jeu s'est très rapidement étoffé pour faire de lui un talent prêt à exploser, qui devrait accéder au statut de star naissante avec le nouveau film d'Angelina Jolie, Invincible, dont il tient le haut de l'affiche. Il interprétera à nouveau un homme dont le corps et l'esprit sont mus par un même mouvement, une dynamique indissociable, qui impressionne instantanément l'écran.

« Un personnage très physique ne peut pas se limiter à un corps. Il construit et sculpte son corps motivé par un état d'esprit. Donc surtout avec un personnage très imposant physiquement, je prends soin de lui donner du caractère. Une personnalité. Ça me permet, quand on fait évoluer un personnage comme ça avec le réalisateur, de m'appuyer sur son corps ou sur son esprit, sa façon de communiquer. »

 

 

Les Poings contre les murs.

 

Jack O'Connell a l'esprit qui fuse, s'égard, se disperse, comme si une question appelait plus de réponses que son débit de mitraillette de l'autorise à en donner. Avec un mélange de gourmandise et de malice, il aborde tous les sujets, bondit là où il veut emmener la conversation. En assistant à cette jongle instinctive autant que virtuose, on ne peut que lui demander s'il aime l'improvisation et s'il y a souvent recours.

« Je dois connaître parfaitement le personnage. Son background. Ses expériences. Là où va l'histoire. Sans ces ingrédients, ça peut partir dans tous les sens et les gens interagissent n'importe comment, même s'ils sont bons.

J'adore ça, mais je ne peux pas me lancer sans un gros boulot de recherches. Il faut presque en savoir plus que son personnage pour pouvoir l'interpréter en improvisant. Sinon, on perd le focus, le noyau du personnage. »

Pas de risque que cela survienne sur le brillant film de Yann Demange, '71, que l'acteur porte à bout de bras avec une force harassante. Film stupéfiant sur le conflit Irlandais, Jack y impose rage et fébrilité, conférant à ce thriller historique une sensibilité inattendue. Il en a conscience et analyse parfaitement son personnage.

« Gary Hook a beau être un jeune homme fragile, il dégage dès le début du film une certaine force. Dans la première partie elle provient de son uniforme. Sa confiance apparente vient aussi beaucoup de la peur, paradoxalement. C'est de là que vient son énergie lorsque commence l'émeute, c'est grâce à elle qu'il avance et ne s'écroule pas. Plus tard dans la film, ce n'est plus la peur elle-même qui lui donne de l'énergie, mais la compréhension de cette dernière, une certaine acceptation et une envie de s'y confronter. »



 

Impossible n'est pas britannique.

 

Le cinéma britannique va comme un gant à ce jeune prodige, qui avoue s'y sentir comme un poisson dans l'eau, pas plus désireux que ça de se plonger dans l'océan Américain. C'est que Jack sait que le cinéma national est friand du type de comédien qu'il incarne. À la fois populaire et sophistiqué. Possible cockney ou potentiel héros, les braises qui illuminent d'une lumière presque menaçante sont prêtes à enflammer jusqu'à la Tamise.

« On fait pas trop dans les explosions. Pas trop d'effets spéciaux. Rien de délirant en tout cas. On est dans un cinéma plus organique, plus granuleux. C'est un truc important en Angleterre. On veut bien filmer, faire de beaux plans, pour de vraies histoires. »

Et même s'il ne peut encore rien nous dire du prochain film de Joe Cornish, Section 6, auquel il participe, il ne fait nul doute que Jack O'Connell y livrera encore une performance incandescente. Peut-être alors ne sera-t-il plus le gamin fougueux que nous rencontrions au mois de mars dernier, loin des ors des palaces parisiens traditionnellement dévolus aux interviews. Peut-être aura-t-il perdu de cette folle électricité qui semble innerver ses membres et enflammer son regard, alors que chaque jour de nouveaux yeux s'arrêtent teenage mutant hero. Mais cela a bien peu de chances d'arriver.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Bubba
05/11/2014 à 19:42

Il est surtout connu grâce à la série Skins...
C'est une série anglaise ^^