Hercule : rencontre avec Brett Ratner

Simon Riaux | 26 août 2014
Simon Riaux | 26 août 2014

Brett Ratner, producteur et réalisateur d'Hercule, n'est pas n'importe qui. Si la critique en a souvent fait sa bête noire, le producteur réalisateur n'en demeure pas moins un des acteurs influents du système hollywoodiens, tenancier du box-office, aussi intelligent producteur qu'efficace réalisateur. Et si ces efforts derrière la caméra sont loin de nous avoir toujours convaincus, nous étions curieux de nous frotter à ce personnage haut en couleur, connu un pour son franc-parler.

 

Alors que débute notre entretien, un constat s'impose. En professionnel aguerri, le sieur Ratner ne se laisse pas désarçonner. Malgré notre envie de titiller un peu le metteur en scène, sur ses choix de carrière, la réception de certains de ses films, notamment X-Men : l'affrontement final, l'homme botte en touche, avec un étonnant mélange d'habileté et de candeur. Ainsi, quand nous abordons la question du maquillage capillaire de Dwayne Johnson, qui aura pour le moins fait jaser sur le web, Ratner ne se démonte pas. « C'est génial. Personne n'avait encore eu l'idée et Dwayne est incroyable avec ce look, il n'a jamais été aussi impressionnant. C'est vraiment fabuleux. » Sourire carnassier et œil brillant, c'est peut-être bien lui l'inoxydable demi-Dieu...

Quand on l'interroge sur la proximité entre les aventures du fils de Zeus et son précédent film, Le Casse de Central Park, son regard s'illumine. « Oui ce sont tous les deux des films très ancrés dans des genres que j'ai adoré comme spectateur et j'ai eu envie de m'en emparer pour les faire miens. » Néanmoins, ce nouvel Hercule, s'il fait clairement du pied aux péplums et série B d'aventure de jadis, entend bien rompre avec les représentations traditionnelles du héros. « On prend la légende et on la renverse. On connaît tous l'histoire d'Hercule, les douze travaux, tout ça... Mais là on vous montre le véritable homme derrière tout ça. Je pense que c'est ce genre d'histoire qui fait les bons films. »

 

Si le réalisateur ne se montre pas très bavard ni sur ses influences directes, ni sur le comics dont est adapté le métrage, il suffit d'évoquer l'investissement de Dwayne Johnson pour qu'il devienne impossible de l'interrompre. « Il m'a appelé pour me parler du film. J'ai appris que quand il est arrivé à Hollywood il rêvait de faire un film sur Hercule. Il m'a appelé et m'a dit « Je suis né pour jouer Hercule. Quand Dwayne Johnson vous dit ça, vous n'avez pas vraiment le choix, vous vous exécutez. Vous l'avez déjà vu dans des tas d'excellents films d'action et vous savez qu'il est impressionnant. Je veux dire, ce n'est pas seulement un type musclé et charismatique, quand vous vous retrouvez en face de lui, vous vous dites : « cinéma ou pas, cet homme est capable de me broyer, là, comme ça ». Et bien dites-vous qu'il a encore pris de la force et de la masse pour préparer le film. Pendant huit mois il a travaillé d'arrache-pied, pour vraiment avoir une stature surhumaine. En tant que réalisateur, c'est touchant. Parce que je n'aurais pas cru possible qu'il devienne encore plus impressionnant et arrivé à son niveau, cela devient véritablement complexe de toujours se dépasser. Mais il l'a fait. »

Plus inattendu, le metteur en scène s'attarde longuement sur son équipe technique, dont il ne tarit pas d'éloges. « J'ai choisi comme chef décorateur Jean-Vincent Pouzos, dont j'ai adoré le travail sur Amour. J'avais justement besoin de quelqu'un qui soit capable de donner de la vie et de se focaliser sur les détails. Qui confère aux lieux, aux intérieurs une existence et une atmosphère qui ne provienne pas seulement de l'échelle des constructions ou des mouvements de caméra, mais des couleurs, des formes et des textures. Quand on travaille avec un chef opérateur comme Dante Spinotti, qui est un collaborateur de Michael Mann, il faut lui donner quelque chose, une matière première de grande qualité. Et c'est ce qu'a permis le travail de Jean-Vincent. »

 

Imprévisible et chafouin, Ratner revient également sur le rôle parfois complexe de producteur réalisateur. « J'ai une double casquette. Le producteur en moi me dit « fais gaffe Brett, tu n'as pas à dépenser 200 millions de dollars, le film sera bien quand même, réfléchis... » tandis que le réalisateur que je suis pense « Il me faut de plus gros décors ! Je veux plus d'effets ! Il m'en faut plus ! » C'est toujours un dilemme. Mais réalisateur c'est le meilleur boulot du monde, producteur, c'est fun. Franchement c'est un hobby. C'est participer à un film, prendre des décisions sans se taper tout le boulot. »

Quant à savoir si Hercule s'accommode bien de l'injonction présente faite aux blockbusters de demeurer tout public afin de toucher le plus grand nombre de spectateurs possible, sa réponse est sans appel : « C'est sombre, mais mon approche ne se veut pas graphique, je cherche l'émotion. Bien sûr il y a de la violence, mais ça se veut kid friendly, on ne décapite pas à tout va. Tout en visant les adultes. » La casquette du producteur sans doute.

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