Tomboy, pas pour les enfants

Christophe Foltzer | 24 décembre 2013
Christophe Foltzer | 24 décembre 2013

C'est fou comme dès qu'il s'agit d'enfants, les gens perdent tout bon sens. Prenez le cas de Tomboy de Céline Sciamma par exemple. Projeté dans les écoles dans le cadre du Festival Ecole et Cinéma, le film se prend une taulée à coups de pétition, de lettres de protestations de parents d'élèves et d'enseignants, de remarques homophobes, d'articles incendiaires et de menaces de déprogrammation. Nous voilà limite revenus au bon temps du débat sur le Mariage pour tous. 

Un article du journal Le Courrier de l'Ouest daté du 9 décembre 2013 rapportait l'horreur cauchemardesque et terrifiante qu'aurait éprouvée une mère de famille lorsque son fils innocent et pur mélangea les pronoms "il" et "elle" au moment d'écrire le compte-rendu du film. Un vrai cauchemar. Dégueulasse. Et la maman d'ajouter qu'il est "tout à fait dangereux de laisser penser à des enfants de 9 ans que l'on peut changer de sexe, qui plus est sans dommage."

Si la madame avait réfléchi plus de 30 secondes et avait vu le film incriminé (mais c'est un détail) elle aurait sans doute compris qu'il ne s'agit pas tant de changement de sexe que de quête d'identité et que l'héroïne ne subit aucune transformation physique autre que de se faire passer pour un garçon avec les moyens du bord. 

Sauf que voilà, la France étant ce qu'elle est actuellement, l'affaire prend de l'ampleur et déjà 16 774 révoltés ont signé la pétition contre Tomboy sous le motif qui suit : 

"L'objectif affiché dans le cahier des charges du dispositif Ecoles et Cinéma de 'favoriser la formation du jugement, du goût et de la sensibilité' ressemble plutôt, dans les faits, à du prosélytisme en faveur de l'idéologie du genre. Or l'école n'est pas et ne doit pas être un lieu de diffusion de l'idéologie du genre auprès des élèves."

Du coup histoire de temporiser, le délégué général de l'association Les enfants du cinéma responsable du festival, Eugène Andréanszky explique qu'il faut "faire confiance à la capacité d'analyse des élèves et ne pas projeter des peurs d'adultes sur ce que pourraient penser des enfants."

Mouais, pas sûr que ça suffise. Pour ma part je proposerais bien une pétition contre la connerie et pour la vasectomie sélective. 

 


 

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