Les fans demandent la libération de John McTiernan

Perrine Quennesson | 12 mars 2013
Perrine Quennesson | 12 mars 2013

Dans peu de temps, John McTiernan devrait passer par la case prison. En effet, le réalisateur de Predator, Piège de cristal, A la poursuite d'Octobre rouge ou encore Le 13ème guerrier a perdu en janvier dernier son procès en appel dans l'affaire Anthony Pellicano et écopé d'un an de prison ferme. Depuis les fans se mobilisent pour faire libérer celui qui est l'un des réalisateurs américains les plus emblématiques de sa génération et surtout le bouc émissaire d'une affaire qui a fait grand bruit dans le tout Hollywood.

Revenons un peu sur les faits. Cette histoire commence en 2000, lors de la production de Rollerball, remake du film de Norman Jewison de 1975. McT en est le réalisateur, Charles Roven, le producteur. Le tournage se passe dans une ambiance quasi-paranoïaque. Depuis l'échec commercial de Last action hero, McT est persuadé que certains cherchent à le faire trébucher. De plus, les affres de la dispute qui l'avait opposé à son producteur Michael Crichton sur le 13ème guerrier menant à un remontage/sabotage du film avaient eu raison de son moral. Des rumeurs ignobles se répandent alors sur le film en cours. Persuadé qu'elles viennent de l'intérieur, McTiernan aurait mis Roven sur écoute. Et pour cela, il aurait engagé un détective privé, Anthony Pellicano. C'est à ce moment-là que l'affaire aurait pris un tournant digne d'un mauvais épisode des Soprano.

 

 

Anthony Pellicano est loin d'être un enfant de cœur. D'origine sicilienne et né à Chicago (on aurait voulu le faire exprès...), celui qu'on surnomme « le détective privé des stars » règne sur Hollywood avec ses méthodes de mafieux (milieu qui le fascine), il est quasi-intouchable depuis plus de vingt ans quand l'affaire éclate. Coupable de ruses, d'espionnage, d'harcèlements, de menaces mais aussi de violences en tous genres, il agit sans crainte d'être inquiété. Il a commencé sa carrière en aidant Liz Taylor à retrouver le cadavre de son troisième mari, Mike Todd. Cette dernière, ravie, va l'aider à se construire une clientèle. Que ce soit pour se débarrasser d'un amant de trop, d'un fan un peu trop envahissant ou pour laver des soupçons de pédophilie, Pellicano répond présent. Ses clients ? O.J. Simpson, Tom Cruise, Demi Moore, Kevin Costner, Stevie Wonder ou encore Michael Jackson parmi d'autres. Mais Pellicano a un grand besoin de reconnaissance. Et bientôt ses entrées dans tous les endroits privés d'Hollywood, ses relations privilégiées avec les plus puissants ne seront plus suffisantes. Il a besoin de parader comme lorsqu'il dit aux journalistes qu'il n'y a rien de plus utile qu'une bonne batte de baseball pour régler ses soucis. Journalistes qu'il intimide aussi à l'envie et violemment quand ceux-ci enquêtent d'un peu près sur son business. Comme dirait Sylvester Stallone en 1993 : « Si vous êtes l'ami de Pellicano, vous faites partie de sa famille. Si vous ne l'êtes pas, c'est que vous avez un problème ». Jusqu'à la menace de trop. Devenu incontrôlable et dénoncé par une petite frappe, il est arrêté pour détention illicite d'armes de guerre après une descente de police. Condamné à 30 mois de prison, il apprend la veille de sa libération, qu'après enquête, 110 chefs d'accusation pèsent contre lui dont écoutes illégales, extorsion ou encore racket et destruction de preuves. Finalement il sera reconnu coupable pour 76 d'entre eux et condamné à 15 ans de réclusion. Le gratin hollywoodien tremble mais Pellicano ne parle pas. En revanche, il fallait un bouc-émissaire "star" et ce fut John McTiernan en 2007. Le réalisateur n'a pas été inculpé pour avoir mis sur écoute Roven mais pour avoir menti au FBI sur le fait qu'il avait engagé Pellicano pour le faire. Le parjure est un crime grave aux Etats-Unis et McT a servi d'exemple. D'abord condamné à 100 000 dollars d'amende et 4 mois de prison, sa peine passe à 1 an après avoir fait appel et il sera sous contrôle de la justice pendant encore 3 ans après sa sortie.

Les fans, qui ont créé le groupe Free John McTiernan pour attirer l'attention sur son cas, ne remettent pas en question le travail de la justice mais veulent soutenir la dernière chance qu'il reste au réalisateur de ne pas finir à l'ombre : « Il lui reste un mince espoir : que la juge fasse machine arrière, au vu de l'inexactitude d'éléments déterminants du dossier à charge ». En revanche, ils condamnent la disproportion de la sentence. En effet, depuis 2002, à cause de cette affaire, le réalisateur n'a pas remis les pieds sur un plateau de tournage. Une punition déjà bien grande pour ce cinéaste de talent et attendu de pied ferme en France comme l'a précisé Jean-François Rauger, directeur de la programmation de la Cinémathèque française sur la page facebook du collectif : « John McTiernan est l'auteur d'une des œuvres les plus importantes du cinéma hollywoodiens contemporain. Il a su, en 11 titres, définir le style et l'esthétique de toute une époque. Dans ses films, la culture populaire rencontre volontiers l'art le plus noble, et Tex Avery côtoie Shakespeare. La Cinémathèque française serait heureuse d'organiser une rétrospective intégrale en sa présence ».

En attendant de découvrir un nouveau film du cinéaste sur grand écran, tout en espérant ne pas le voir derrière les barreaux, vous pouvez toujours soutenir Free John McTiernan sur Facebook et/ou vous refaire toute sa filmo (ce qui ne fait jamais de mal, bien au contraire).

 

Sources :

- Free John McTiernan

- Le Figaro

- Capture Mag

- The Hollywood Reporter

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