Quand Clint Eastwood devait jouer Batman

Simon Riaux | 29 février 2012
Simon Riaux | 29 février 2012

Après le désastre crypto-gay et proto-fluo de Joel Schumacher, Warner Bros chercha désespérément à renouveler la si juteuse série, et songea à en confier les rênes à Darren Aronofsky, le tout jeune réalisateur du remarqué Pi. Ce dernier proposa un script co-écrit avec Frank Miller, inspiré de son mythique Year One, dans lequel Clint Eastwood devait interpréter un Dark knight vieillissant. C'est, entre autres anecdotes passionnantes et/ou croustillantes l'épisode sur lequel revient David Hughes dans Tales from Development Hell – the greatest movies never made, un bouquin des plus excitants, que nous recommandons aux habitués de la langue de Justin Bieber.

 


 

« La franchise Batman lorgnait de plus en plus vers la série TV originelle, c'était donc devenu plus sarcastique, une farce grotesque. J'ai pitché l'exact opposé, dans un esprit brut ramenons-ça-dans-la-rue, en essayant de l'installer dans une véritable réalité – pas de décorum, pas de plateaux, tourner au cœur de villes américaines, pour créer un profond sentiment de réalité. Mon pitch était la rencontre de d'Un justicier dans la ville, French Connection et Batman. Dans Year One, Gordon était une sorte de Serpico, et Batman un Travis Bickle (De Niro dans Taxi Driver). »

 


 

Mais le réalisateur ne s'arrêtait pas en si bon chemin dans la relecture radicale. Bruce Wayne n'était plus dans cette version un golden boy schizophrène. Découvert auprès du corps de ses parents assassinés par Big Al, un garagiste vivant reclus avec son fils, Little Al, il poursuivait son existence en orphelin, dans une ville persuadé que l'héritier Wayne avait été kidnappé puis tué. Passant ses journées à observer les allées et venues des maquereaux dealers et autres policiers corrompus depuis la vitrine de Big Al, Bruce murît sa vengeance, jusqu'au jour où il décidait de s'expliquer avec Campbell, un flic corrompu, qu'il finissait par tuer. Le jeune vengeur réalisait alors son manque de méthode, et se préparait un premier costume inspiré de celui du tueur de vendredi 13, avant d'aboutir à celui que nous connaissons, avant de retaper une vieille Lincoln Continental pour en faire la batmobile.

Blasphématoire, sacrilège, ce pitch l'est sans aucun doute, mais il est également ambitieux, noir, et revigorant. Prions ensemble pour qu'un jour le Chevalier Noir ait droit à un traitement de cette audace.

 


 

 

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