Gérardmer 2012 : jour 5

Simon Riaux | 29 janvier 2012
Simon Riaux | 29 janvier 2012
Alors que nos estomacs sont madérisés, que nos foie palpitent singulièrement, et que nos globes oculaires sont devenus plus rêches qu'une langue de chat mort, le festival de Gérardmer a eu le bon goût de nous prévoir une ultime journée des plus light. En effet, à part la projection de Babycall, nous n'aurons eu qu'à patienter pacifiquement jusqu'à l'heure du dîner, et de la cérémonie de clôture. L'occasion de méditer sur une semaine festivalière aussi brève que dense, où se côtoyèrent horreur, frissons et sursauts, découvertes, révélations et ratages.

Mais revenons à Babycall, film norvégien de Pal Sletaune, qui a le bon goût de faire tenir le premier rôle à Noomi Rapace, sans la déguiser en crypto-punk, ni la travestir en gitane bas de gamme. Impossible de nier l'impact de ce drame perclus de souffrance, le malaise et le spleen jamais racoleur qu'il inocule au spectateur. L'histoire de cette mère, prête à tout pour fuir un époux violent et destructeur nous cueille par son mélange de sobriété et d'élégance morbide, alors que le cinéaste brouille petit à petit les cartes. Le personnage de Noomi Rapace est-il une mère indigne en plein déni ?  Et qui est cet unique ami qui lui ressemble tant ? Pourquoi les souvenirs de cette femme se brouillent-ils de plus en plus ?

 

 

 

 

Ces questions tournoient au gré d'un scénario extrêmement riche et prenant, et tressent de concert un nœud coulant, lequel se resserre inexorablement autour de la fébrile Noomi. L'effet est indiscutablement puissant, jusqu'à la dernière bobine, c'est une fascinante suffocation qui nous étreint, et nous laisse entrevoir une conclusion brillante capable de rendre logique et cohérente la folie qui contamine chaque plan du film. Hélas, le film n'a pas les épaules pour répondre aux questions qu'il pose, et préfère simplement les éluder. Nous ne saurons rien de ce qui est vraiment advenu, et nous devrons nous contenter d'une résolution qui multiplie les incohérences. Laurent vous dira que tout cela importe bien peu face au talent de miss Rapace, et à l'irrépressible marée de sentiments contradictoires que provoque Babycall, qu'essorer avec tant de force le public est en soi un signe de réussite. S'il n'a pas tort, il n'est pas non plus interdit de considérer la dernière bobine comme un bras d'honneur indolent, un aveu d'échec qui ne veut pas dire son nom, rendant toute l'entreprise malhonnête.

 


 

Pour Laurent, la déception vint de Chronicle, peut-être un poil survendu par l'auteur de ces lignes après une dégustation de Pinot noir. Ces super-héros en pleine puberté n'enthousiasmèrent pas notre rédacteur en chef, guère convaincu par l'écriture des personnages, leur développement, les effets spéciaux, et le climax. Des rumeurs persistantes imputent cette frustration à une incompréhension de l'humour et du langage d'jeuns, et au choc tellurique lié à l'apparition d'un cheveux blanc sur son torse puissant. Nos tentatives de faire passer ce phénomène pour l'apparition d'un super pouvoir inédit suivent leur cours et devraient aboutir à une réévaluation du film.

 

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