Festival du film fantastique de Strasbourg 2011 : Jour 2

Tonton BDM | 13 septembre 2011
Tonton BDM | 13 septembre 2011

FEFFS 2011


Une auto-fiction en mode Gonzo et en huit épisodes

par Alexandre Dumas Tonton BDM


Épisode II :


Autant l'arrivée au Festival européen du film fantastique de Strasbourg le dimanche m'avait laissé le temps de respirer, et même un peu plus pour être tout à fait honnête (voir épisode précédent), autant la journée de ce lundi aura tenu du véritable marathon de cinoche déviant. Après m'être tapé une grognasse (une spécialité de la ville de Strasbourg, à base de pâte feuilletée, que les alsaciens aiment arroser de pisse, un breuvage local à base de miel, plutôt sucré) au petit déjeuner, je débute donc ma deuxième journée festivalière avec une programmation de courts-métrages internationaux. Sympa. Pour se mettre doucement dans le bain des longs-métrages, j'enquille avec Bellflower, un long malheureusement pas très bon mais plein de références à Mad Max, ce qui est rigolo et toujours ça de pris (faut positiver, les gars).

 


Bellflower (Evan Glodell, 2011) - Amis des sentiments exacerbés, ce film est fait pour vous : voila une love story inclassable, hyper-sensible et violente jusqu'à en devenir absolument grotesque. Au final, s'il ne convainc pas spécialement, le film, écrit, produit, réalisé, monté par un seul et même animal (Evan Glodell), a au moins pour lui cette rage incontrôlée, qui finit par jouer un peu contre lui quand elle se mue imperceptiblement en fin de métrage d'une belle histoire d'amour en diatribe pro-amitié virile profondément misogyne ; cela dit, pour qui saura se laisser porter par ce récit décousu et un poil répétitif, Bellflower proposera tout de même quelques séquences magnifiques au cœur d'un ensemble bancal et un peu poseur. 2/5


On enchaine avec deux visions du mythe vampirique radicalement opposées l'une de l'autre : poésie désespérée contre survival post-apo, devinez pour qui mon cœur balance ? Hé bé non, raté : j'ai beau être un bon bourrin, dans le fond, je suis un grand romantique...

 


Vampire (Shunji Iwai, 2011) - S'il commence et se termine mal (l'introduction mollasse peine à plonger le spectateur dans le récit, et l'épilogue, bien que très beau, aurait du être coupé tant il n'apporte rien de plus au film), Vampire s'avère tout de même très étonnant et original, emmenant le spectateur au gré de son rythme incertain tout en imposant une vraie vision d'auteur, contemplative, poétique et désespérée. Porté par un casting féminin aux petits oignons (que de beautés, que de beautés, mamma mia) et par son identité très forte, le film de Shunji Iwai séduit. 4/5

 


Stake Land (Jim Mickle, 2010) - Nouveau film du réalisateur de l'excellent Mulberry Street, ce bon petit survival post-apocalyptique révèle rapidement sa nature de film classique, solide, carré, relativement bien écrit (on sent la richesse du background au niveau des races de vampires, le scénar prend le contrepied de certains clichés...) et joliment photographié. Bref, on tient là un très agréable petite série B, qui donne juste l'impression de nous avoir déjà été rabâchée cent fois auparavant mais n'est jamais foncièrement déplaisante, même si, forcément, le manque de surprises nuira forcément au rythme du métrage. 3/5


Entre deux séances, pause clope avec les camarades journaleux. « Alors ça a été avec ta pute hier soir ? » me demande-t-on pour la huitième fois de la journée. Je prends sur moi, supposant qu'ils se sont tous donné le mot pour le casser les burnelles. « T'as vu quoi sinon ? » « Bellflower... et surtout Vampire » « Ah ouais, ça avait l'air bien mais je me suis endormi. T'as aimé ? » « Écoute, oui, j'ai souvent pensé à Morse pendant la projo, à cause du côté poétique et distancié. La profonde humanité du monstre n'empêche pas une réelle tension sur certaines scènes, de même qu'un certain érotisme latent. C'est élégant, et la beauté de certaines idées et de certains plans pourrait même bouleverser les spectateurs les plus sensibles, ceux qui ont été émerveillés par l'apparition de l'oiseau magique dans Cowboys & Envahisseurs par exemple. Tu vois ? » « Ah ouais, d'accord. Et sinon elle était bonne sous l'homme ta pute, là ? »


C'est à ce moment précis que je me suis rendu compte que mon téléphone portable, que je prévoyais d'insérer d'un coup sec dans le fondement de mon interlocuteur avant de le faire sonner, manquait à l'appel. C'est vrai que la belle Chloé (voir épisode I) me l'avait emprunté hier, afin de passer un coup de fil à sa grand mère malade. Elle aura du oublier de me le rendre ; voilà qui est fâcheux mais pas très grave, puisque la jeune femme me recontactera sans doute très vite, comme attirée par une force invisible. Je le sais de source sure grâce au Dr Mouchaba, à qui j'ai fait appel pour retrouver l'être aimé, et qui m'a garanti un retour dans les 48 heures : ça reste entre nous mais je lui ai demandé de me faire une note discrète pour faire passer ça auprès du comptable d'Écran Large, il a écrit « 1 couvert = 450 € TTC ». Bref, revenons au Festival voulez-vous. Le FEFFS, sa chaleur insoutenable (il faisait très chaud hier, les filles étaient très court vêtues et faisaient du vélo), ses attachées de presse toujours aussi belles sous le soleil, et ses deux bonnes comédies de fin de soirée, qui me permirent de me coucher une nouvelle fois le sourire aux lèvres. Mais pas pour les mêmes raisons. Ni les mêmes lèvres. Oh putain, j'ai honte...

 


Red state (Kevin Smith, 2010) - Salle archi-comble pour découvrir le nouveau Kevin Smith, à qui la salle réservera un bon accueil et de jolis applaudissements. Un tour de force si l'on considère que Red state est un film vraiment déroutant (il ne s'agit pas d'un film d'horreur mais d'un thriller teinté de comédie très noire), que c'est également un film très bavard et assez pauvre en action, que peu de gens riaient dans la salle malgré l'énormité des dialogues et des situations vraiment très drôles imaginées par Smith. Quasiment uniquement porté par la prestation d'un Michael Parks en état de grâce, le film s'avère un excellent divertissement « engagé », puisqu'il délivre une charge pour le moins féroce à l'encontre des intégristes catholiques. Sans jamais oublier d'être drôle. 3,5/5

 


New kids turbo (Steffen Haars et Flip Van Der Kuil, 2010) - Un film complètement débile et hystérique, adapté d'une série TV comique hollandaise. Il y a bien sûr beaucoup de déchet, mais également une bonne poignée de gags vraiment irrésistibles. Un humour qui ne plaira certes pas à tout le monde, oscillant très honnêtement entre le niveau d'un Lagaf et celui des Monty Python. Mais si comme l'auteur de ces lignes vous n'avez rien contre une fournée de gags burlesques, grotesques, scatos, sexuels, violents, homophobes ou visant les handicapés, le tout parsemé d'une ou deux scènes d'action, hé bien n'hésitez pas plus longtemps : fendage de tronche assuré. Si vous cherchez du grand Cinéma par contre, c'est pas trop ça, le film étant réalisé de façon relativement plate et surtout avec une photo trahissant un peu trop la modestie du budget. 3/5

 

Au programme de  la journée de mardi, une sélection de courts français ainsi que trois films, dont le très attendu ciné-concert autour du chef d'œuvre qu'est Häxan : la sorcellerie à travers les âges (1922). A demain, même heure, même endroit !

 

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