Festival du Film Britannique de Dinard 2010 - Compte-rendu

Vincent Julé | 18 octobre 2010
Vincent Julé | 18 octobre 2010
Le 21ème Festival du Film Britannique de Dinard s'est terminé ce dimanche 10 octobre avec la victoire par KO de We want sex de Nigel Cole, Hitchcock d'or (ex-aequo avec Treacle Jr), meilleur scénario, et prix du public. Le réalisateur de Calendar girls et Saving Grace met en scène le conflit qui a opposé en 1968 le personnel de couture féminin au patronat dans une usine automobile Ford. Sally Hawkins et Rosamund Pike savent (faire) monter les piquets de grève, pour du bel ouvrage mais aussi la preuve que le cinéma britannique ne s'est toujours pas remis de The Full Monty.

 

 

D'ailleurs, cette édition a rappelé ce besoin que le pays a d'exister aujourd'hui, sur grand écran, à travers des figures du passé. Comme Howard Marks, dealer romanesque et insaisissable interprété avec conviction et truculence par Rhys Ifans dans Mr Nice de Bernard Rose. Une bio épique qui ne cherche même pas l'objectivité et annonce la couleur d'emblée, le film épousant les frasques et le point de vue de son (anti)héros. Idem avec Sex & Drugs & Rock & Roll de Mat Whitecross sur la légende du rock anglais, Ian Dury, et son groupe The Blockheads. Si Andy Serkis peut, après Gollum et King Kong, ajouter le rôle d'un chanteur névrotique, hystérique, drogué et polio à son CV, le film se la joue trop de bruit et de fureur... et de mal de tête pour le spectateur. Heureusement arrive la rédemption, la sagesse, pour le personnage et la mise en scène.

 

L'une des particularités, et des qualités, du Festival de Dinard est d'accorder une place de choix au cinéma de genre, représenté cette année par Exam de Stuart Hazeldine, Cherry Tree Lane de Paul Andrew Williams (Bienvenue au Cottage) et surtout Black Death de Christopher Smith (Triangle). Certains festivaliers ne viendraient d'ailleurs que pour eux. Le premier est un exercice de style à la Cube autour d'un mystérieux entretien d'embauche, qui peine à cacher la vacuité de ses enjeux et de son propos mais qui tient la route de par l'existence de son concept. Par contre, Cherry Tree Lane se vautre lamentablement avec sa redite verbeuse et laborieuse de Robert Carmichael et Funny Games. Encore une fois (après Triangle en 2009), Christopher Smith met tout le monde d'accord avec son Black Death. Ce n'est finalement pas un mal que les spectateurs s'attendent à un Seigneur des Anneaux 2 avec Sean Bean de retour en Boromir. La surprise n'en sera que plus étonnante et déstabilisante. Car s'il y a bien des combats à l'épée bien vénères dans Black Death, le film raconte avant une putain d'histoire de peste et de sorcellerie. Avec Carice Van Houten dans son meilleur rôle, passionnant et décalé, depuis Black Book. Elle sait maintenant comment choisir ses films.

Le buzz du festival reste peut-être Four Lions de Christopher Morris, sur quatre terroristes islamistes originaires du nord de l'Angleterre qui échafaudent un plan pour se faire exploser comme des kamikazes. Une succession de sketchs hilarants (Maître Corbeau !), au final presque mécanique et plus serial, mais qui trouve dans son dernier acte un écho social et humain salvateur. Le film sort le 8 décembre dans les salles françaises. A noter aussi le formidable documentaire Cameraman sur le directeur de la photo et réalisateur Jack Cardiff, ou encore le nouveau film de Peter Mullan, Neds, qui s'il n'atteint pas la puissance de Magdalene Sisters, confirme que l'acteur est aussi un grand réalisateur.

Remerciements à Moonfleet, Jérôme Jouneaux, Matthieu Rey, Isabelle Duvoisin, Cédric Landemaine, Mounia Wissinger et toute l'équipe du festival.

 


 

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