Deauville 2010 : Winter's bone
EN COMPÉTITION
Dans le Missouri, l'air est frais, les visages sont sales et les arbres n'ont plus de feuille. Déprimant comme un village de Franche-Comté. En France, les gamins de cité se plaignent de l'image que leur renvoie le cinéma. A ce compte-là, les rednecks américains devraient faire un procès à Hollywood. Depuis Délivrance et Massacre à la tronçonneuse, ils sont au mieux des crados arriérés, au pire des violeurs consanguins. Film réaliste, Winter's bone ne manque pas d'entretenir la légende.
Il se dit qu'une approche féminine du monde contient plus de douceur. Mes fesses! Debra Granik est la seule réalisatrice retenue par le festival cette année et elle signe le film le plus violent de la sélection. Une ado de 17 ans subvient comme elle peut aux besoins de sa famille en l'absence d'un père retenu par des affaires de drogue. Nature peu accueillante, police peu compréhensive, voisins inquiétants. Son jeune âge ne change rien. Le misérabilisme n'est jamais très loin, mais Debra Granik l'évite en fuyant la complaisance. Personne n'est vraiment très sympathique. Même son héroïne paraît aussi détraquée que son entourage.
Winter's bone a le mérite de parler de ceux que l'Amérique préfère oublier. De ces culs-terreux sans avenir qu'elle envoie se battre en Irak ou ailleurs. Granik le rappelle le temps d'une scène. Un film dur donc pas plaisant, mais à voir. C'est déjà pas mal.
Maverick