Deauville 2010 : Abel de Diego Luna

La Rédaction | 8 septembre 2010
La Rédaction | 8 septembre 2010

EN COMPÉTITION

Pour certains, un premier film est souvent comme un premier roman, un règlement de compte psychanalytique avec un problème central  (de l'enfance). Pour Diego Luna, qui dit en conférence de presse que les psys aiment bien mettre les choses dans des cases, c'est plus compliqué que cela. C'est sans doute la raison pour laquelle son Abel a une saveur douce amère.

Film de filou, Abel n'a pas grand-chose à faire à Deauville. Réalisé par un Mexicain au Mexique et en espagnol, il doit sa sélection à la co-production de John Malkovich. Du coup, il remet beaucoup d'humanité dans la sélection, puisque Diego Luna déclare avoir attendu d'être père pour faire ce film. Ce n'est pas follement original de traiter de la famille dysfonctionnelle, mais ça l'est de passer par l'histoire d'un enfant atteint par le départ du père au point d'avoir cessé de parler et qui ne retrouve la parole que pour incarner le père de famille traditionnel absent de la maison. Sujet ambitieux donc, mais Diego Luna s'en sort avec les honneurs, et crée l'équilibre entre la dureté du propos (un enfant fou), et une mise en scène suffisamment légère pour rendre le tout recommandable.

Ripley

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Conférence de presse avec Diego Luna

 

D'où vient l'idée de cet enfant malade qui s'imagine père de famille?

La genèse de l'histoire est liée à mon père. Je suis allé voir avec lui une adaptation de Hamlet à Londres et l'acteur avait une tête d'enfant. Nous n'avons pas aimé la pièce mais pendant le dîner, nous sommes fait la remarque qu'un acteur enfant, c'était une bonne idée pour jouer Hamlet. Je me suis dit qu'on pourrait faire un Hamlet de 9 ans un jour. D'où l'idée de ce film. Il faut que l'enfant revenu à la maison prenne la place du père disparu. Qu'il devienne le roi avant qu'il ne soit prêt. J'imagine que c'est un peu autobiographique. Ma mère est morte quand j'avais deux ans. J'ai commencé à travailler dans le cinéma quand j'avais 6 ans pour être plus proche de mon père qui était décorateur au théâtre et à l'Opéra. Je voulais  faire partie de son monde. Enfin, c'est ce qu'un psy dirait!

Votre expérience d'acteur auprès de grands réalisateurs vous a aidé pour ce premier film?

Tout réalisateur a une influence. Bonne ou mauvaise. Alfonso Cuaron m'a le plus marqué parce que j'ai bossé avec lui à 19 ans, un moment très important de ma vie. C'était sur Et... ta mère aussi ! avec Gael Garcia Bernal. Je travaillais n'importe où et sur n'importe quoi pour payer les factures. Je ne faisais pas attention à ce que je tournais. Alfonso m'a remis sur le droit chemin de la qualité. Aujourd'hui, je voudrais racheter les DVD de certains de mes anciens films!

Quelle relation entretenez-vous avec Gael Garcia Bernal, co-producteur d'Abel ?

Les distributeurs auraient adoré qu'il joue dans le film! On est toujours impliqué dans ce que fait l'autre. Pour nous, faire des films, c'est un rêve d'orphelin parce qu'on se fabrique sa propre famille. Si vous trouvez quelqu'un de bien, il faut le garder.

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