Festival International du Film d’Aubagne 2010 - Ouverture

Lucile Bellan | 16 mars 2010
Lucile Bellan | 16 mars 2010

Comme de coutume, plusieurs fois l'an, je fais fi de mes habitudes de parisienne pour m'enfoncer dans l'inconnu, pour le meilleur et pour le pire, toujours en tout cas dans un esprit de découverte de cinéma, de rencontres inattendues et d'expériences inédites... Cette semaine, Aubagne est the place to be. Pour la 11ème année, ce festival à la croisée entre musique et cinéma propose à la fois sa sélection des meilleurs courts et longs métrages mais aussi une rencontre entre public, professionnels et jeunes créatifs (réalisateurs et compositeurs) autours d'événements dans la convivialité et la bonne humeur (ce qui veut dire des verres et de la bonne musique). 

 

 

Le festival ne commence que lundi dans la soirée, ça me laisse le temps de partir pas trop tôt de la capitale (oui, la valise est toujours bouclée dans les minutes avant le départ... autant que ce soit le plus réveillée possible), et, une fois sur place de me familiariser avec les lieux, la ville, l'hôtel (ce qui sera mon QG pour les quatre prochains jours). Le train est presque vide, si on omet le seul enfant turbulent de la rame qui, bien sûr, est installé sur le siège devant le mien, le soleil brille, le ciel est bleu, le 9ème roman de la série True Blood est à la hauteur de mes espérances... Bref, ce festival commence sous de très bons auspices. A Marseille, je scrute un moment l'horizon à la recherche d'un monsieur (ou une dame, pourquoi ce n'est jamais une dame d'ailleurs ?) une pancarte avec mon nom correctement orthographié à la main. Vous remarquerez que c'est toujours à ce moment que commencent les galères, chauffeur qui s'est perdu ou a oublié, attaché de presse injoignable et on se retrouve vite à boire des cafés compulsivement dans une gare inconnue pendant des heures... Et là, rien. Le monsieur en question me sourit, il m'annonce que nous attendons mes deux compagnons de route. Je ne le saurais que plus tard, mais ces messieurs sont des membres des deux Jury. Bien sûr, je ne retiens ni leur nom, ni leur qualification et je commence à me dire que j'aurais dû apprendre le dossier du festival par cœur avant de venir, ou en tout cas avant de me retrouver enfermée dans une voiture pendant plus de 20 minutes avec eux. Mais ces messieurs sont charmants et j'arrive tant bien que mal à ne pas trop passer pour une cruchasse qui débarque (ce que je suis, précisons-le).

On nous dépose au Bras d'Or, LE lieu du festival où les bureaux sont installés mais où ont aussi lieu les événements : petits-déjeuners professionnels et after party musicaux. J'y retrouve mon contact (j'aime bien, ça fait agent secret), l'attachée de presse, qui s'empresse de me présenter à toutes les personnes présentes dans la salle (très bien décorée d'ailleurs avec une composition murale de vinyles et de bobines du plus bel effet)  et en charge de l'organisation du festival. Je récupère le précieux kit, celui avec le dossier, le programme et la liste des restaurants, et nous voici en direction de l'hôtel. J'y apprends qu'Aubagne est une ville communiste, qu'elle fait beaucoup pour le bien être des handicapés, que le festival était à l'origine la réunion de deux festivals différents et que l'équipe est plutôt jeune, soudée et motivée. Assez pour me donner envie d'en savoir plus et de m'immerger pendant les prochains jours dans cette ambiance et cette ville avé l'accent.

Installation de rigueur (vis ma vie de VRP) avant la soirée d'ouverture au cinéma Le Pagnol avec la projection du premier long-métrage de la compétition, Mal Dia Para Pescar. Après les traditionnels remerciements et discours de circonstance, le maire d'Aubagne évoque les prochaines réformes des collectivités territoriales. Et je le précise parce que ce n'est pas la première fois que ce discours est entendu lors d'un festival de cinéma puisqu'à Clermont Ferrand il y a quelques semaines, la même peur de voir ces initiatives culturelles disparaître avait été évoquée. Le compositeur de la musique du film, qui ne parle ni français ni anglais fait son speech en français puis en anglais (épique) et chacun loue la volonté de faire venir le maximum d'équipes de films ici à Aubagne (sur 22 nationalités différentes représentées, 19 ont répondu à l'appel).

Mal Dia Para Pescar de Alvaro Brechner (Uruguay/Espagne)

Le duo improbable entre un prince autoproclamé, charmeur et plein de ressources, et un lutteur allemand incontrôlable, dans une petite ville poussiéreuse d'Amérique du Sud relève à la fois de la plus pure poésie et d'une composition audacieuse, d'un mélange des genres (le géant ne s'apaise qu'aux notes de « Lili Marleen ») assez fou pour être parfaitement réussi. Ce qu'on voit venir comme un dernier combat prend vite une tournure tragique, entre drame humain et amitié virile bafouée. Captivant de bout en bout, cet épisode  provoque chez le spectateur, amateur ou pas de Lucha libre, des sentiments aussi puissants que grisants. Quel dommage qu'après une telle tournée de prix et de festivals internationaux, le film ne sorte pas sur nos écrans français...

 

Encore sous le charme du premier film présenté, je rejoins une petite bande (membres du jury courts-métrages et toujours notre attachée de presse de choc) au Bras d'Or pour un cocktail dînatoire animé par le groupe Roue Libre. En pleine conversation avec un charmant producteur (comprenez en train d'essayer de grignoter de façon glamour un mini-morceau de pizza carré), un verre de Muscat à la main (ça oblige à boire avec modération, sinon gare à la tête demain), je prends conscience que j'ai fait une erreur de débutante... Oui, madame sort les escarpins de 12cm en cuir imitation peau de serpent pour la première soirée du festival. Oui, madame repart tôt (après minuit quand même), ses chaussures à la main dans les rues d'Aubagne. Conclusion donc de ce premier soirs : ici, les rues sont plutôt propres et les films sont bons.

Plus d'informations sur le site officiel : www.cineaubagne.fr

 


 

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