Berlin 2010 : Jour 4

Laurent Pécha | 17 février 2010
Laurent Pécha | 17 février 2010

Mardi 16 février : Jour 4

Silence sur Berlin...

Quand la moyenne des 4 films que vous visionnez dans la journée ne dépasse pas le 2/5 et que la note la plus élevée est un poli 2,5/5, vous savez que vous avez passé une très mauvaise journée dans la Mecque actuelle du cinéma.  J'ai donc passé une journée en enfer à Berlin tout juste rattrapée par la rencontre avec le réalisateur de Red Hill, homme très sympathique au goût sûr (il a voulu faire du cinéma après avoir vu Arizona Junior).

Comme pour une fois, je rentre tôt (comprenez avant 23 heures) à l'appartement et que je suis bien décidé à tenter de manger enfin avec des couverts, je vais me la jouer compte rendu express...

Début des hostilités à 9 heures avec la présentation en compétition de Bal, film turc de Semih Kaplanoglu. J'aurai du me douter de ce qui m'attendait puisque l'homme m'avait déjà assommé avec son Süt à Venise il y a deux ans. Il récidive dans ses grandes largeurs avec cette histoire d'un jeune enfant de 6 ans à la recherche de son père, disparu dans la forêt. Plans fixes qui durent, durent, durent...économie totale de musique, de dialogues (souvent), austérité et contemplation sont au programme...Je suis totalement hermétique à la chose et visiblement pas le seul au vu du nombre de journalistes qui quittent la salle. J'en fais de même au bout de 1h 15 car j'ai rendez-vous pour mon interview et l'hôtel est évidemment très loin. Consciencieux, je demanderai à un collègue (mr X.) la fin de l'histoire qui me conforte dans mon opinion. Bal, ce n'est pas pour moi ! (2/5) Next

 

 

Please give, c'est déjà nettement plus mon rayon puisqu'il s'agit d'un film américain avec un casting de têtes connues et appréciées : Catherine Keener, Amanda Peet, Oliver Platt,...Le spleen de la vie étalée sur 90 minutes vaguement intéressantes. Keener joue sur son fond de commerce de la fille qui a des problèmes existentiels (elle donne aux pauvres au coin de chez elle pour se donner bonne conscience). Amanda Peet, la jolie femme mal dans sa peau, qui couche avec n'importe qui (et notamment Oliver Platt et sa bonhomie naturelle). Rien de neuf sous le soleil du cinéma indépendant américain faussement branché avec un récit qui s'étire sans fil conducteur fort, sans personnages à l'empathie réellement attachante. Quelques bons mots (vachards) ne suffisent pas à ce que la mayonnaise prenne pour un film qui aura bien du mal à sortir dans nos salles autrement qu'en sortie technique. (2,5/5)

 

 

Et c'est parti pour une chasse en compagnie du cinéaste iranien, Rafi Pitts. The Hunter (Shekarchi) promettait beaucoup par son pitch minimaliste mais vraiment séduisant : traumatisé par la mort de sa mère et sa fille, un homme pète les plombs et abat au hasard deux policiers. S'en suit une poursuite dans les bois entre le fugitif meurtrier et les flics où les rapports de force vont s'inverser.

Malheureusement, je reste totalement dubitatif sur le traitement de Pitts qui joue la carte du minimalisme et de l'abstrait (des longues minutes de silence où rien ne se passe à l'écran). Une absence totale de point de vue qui ne permet jamais l'identification au « héros » (on y revient aussi pour le film suivant, c'est la journée). A l'image d'un final qui se veut nihiliste mais qui ne réussit à ne provoquer aucune réaction, c'est la consternation dans la salle (pas un seul applaudissement). Si le film repart avec un prix important, j'arrête la Berlinale ! (1,5/5)

 

 

Et pour finir en beauté, une séance de rattrapage avec le film allemand en compétition, Der Rauber. Adapté d'une histoire vraie qui défraya la chronique à la fin des années 80, le film de Benjamin Heisenberg met sous le feu des projecteurs un paradoxal bandit, braqueur de banques mais aussi émérite marathonien (au point de remporter le marathon de Vienne à la surprise générale à sa sortie de prison). Der Rauber revient sur les derniers moments de sa vie, son ultime tentative de réinsertion, son histoire d'amour avec une jeune fonctionnaire prête à tout pour l'aider à s'en sortir, et son ultime cavale avec l'ensemble des forces de l'ordre autrichien à ses trousses. Un récit « bigger than life » qui ne fonctionne pourtant presque jamais à plein régime tant le cinéaste nous refuse l'empathie nécessaire pour son singulier antihéros.  Dès lors, le bonhomme a beau se démener et tenter de s'en sortir d'une quelconque façon (légale ou non), l'indifférence reste de mise. Poliment, jamais impliqué, on suit la mise en images, très téléfilm à une séquence de poursuite près (qui singe en moins réussie la référence en la matière qu'est Point Break). Dommage car le grand film est ici en jachère. Mais l'œuvre a énormément plu...Consensus mou pour une sélection officielle incroyablement faible ? L'option est bigrement envisageable ! (2,5/5)

Allez, comme l'a dit si bien dit Vivien avant moi, demain est un autre jour...y a intérêt Scarlett !

 

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