Festival de Gérardmer 2010 - Jour 1

Vincent Julé | 28 janvier 2010
Vincent Julé | 28 janvier 2010

Ça y est, la ville de Gérardmer est recouverte de neige. Reste une bonne gerbe de sang sur le blanc immaculé, et le festival aura vraiment commencé. Car, pour l'instant, la sélection aura eu plus tendance à engourdir les spectateurs qu'à les faire sursauter de leurs sièges. Pourtant, lors de la cérémonie d'ouverture, les inénarrables président, délégué général, adjoint au maire et autre conseiller régional y avaient été fort en discours-sketchs autour de la thématique du « silence dans le fantastique » ou des problèmes financiers rencontrés par le festival (« motus et poche cousue », tadam !). Il vaut mieux en rire qu'en pleurer, et des organisateurs aux spectateurs, le choix était vite fait. Les deux ont d'ailleurs accueilli McT comme une vraie Miss France. Avec le mouvement de main, et tout. Et celui-ci a tout compris à ce genre d'évènements, en deux secondes, un micro, une vanne, la 17ème édition du festival international du film fantastique de Gérardmer était ouvert. 

 

 

Le choix du film d'ouverture, en hors compétition, était osé, voire pas aisé. Même s'ils avaient un Splice ou un Halloween 2 sous la main, les organisateurs ont choisi de mettre en avant un film de genre français. Et pas n'importe lequel puisque, si les fans attendent plutôt un La horde ou La meute, c'est un film dont la plupart ne soupçonnait même pas l'existence qui a eu le droit aux honneurs. Dans ton sommeil est le premier long-métrage écrit et réalisé par Caroline et Eric Du Potet, avec au casting Anne Parillaud et Thierry Frémont. Passées les blagues d'usage (dans ton cul, dans ton slip, dans mon sommeil), le film flirtant entre le genre et l'auteur, réussit à réutiliser les codes du slasher et du survival et à les ancrer dans une réalité franco-française. Depuis la mort brutale de son fils de 18 ans, Sarah (Anne Parillaud) n'est plus que l'ombre d'elle-même. Une nuit, sa voiture percute Arthur (Arthur Dupont), un adolescent du même âge. Alors qu'elle l'emmène chez elle pour le soigner, ils sont pris en chasse pas un mystérieux tueur (Thierry Frémont, surprise !). Malheureusement, s'il tire le meilleur parti de ses décors (champs, routes, maisons), le couple de réalisateurs a toutes les peines du monde à asseoir ses personnages et à définir ses enjeux. A l'instar de sa construction éclatée faussement maligne, entre rêves et flash-back, le film semble faire du surplace. Les acteurs s'agitent et crient ainsi beaucoup, comme pour prouver qu'ils existent. Anne Parillaud a le mérite de s'y donner corps et âme, mais en face, le jeune Arthur Dupont surjoue (mal) un rôle toute en ambiguïté, entre naïveté et dangerosité. Seul Thierry Frémont, physique, animal et... nu, traverse ses scènes avec une énergie qui manque au reste du film.

 

Premier film présenté en compétition, après une nuit très courte pour tous les festivaliers et /ou alcooliques, Possessed (essayez de bien le prononcer d'ailleurs) est aussi le premier long-métrage du coréen Lee Yong-Ju. Encore un ? Hee-Jin, une jeune étudiante, reçoit un appel de sa mère lui apprenant la disparition soudaine de sa sœur cadette So-jin. Un inspecteur se rend à leur domicile et conclut à une banale fugue. Mais Hee-jin est convaincue que la disparition de sa sœur est liée à la recrudescence des décès dans le quartier. Gérardmer s'est fait une spécialité de projeter chaque année un ou deux films d'horreur asiatiques, et plus spécialement coréens, qui ne sortiront jamais au ciné ou en DVD, car ressemblant à n'importe quelle péloche du genre. C'est malheureusement une nouvelle fois le cas, Possessed étant possédé par les fantômes de Dark water, Deux sœurs, etc. Certaines scènes, reposant sur un savoir-faire de la mise en scène et de la bande sonore, font leur petit effet, mais elles sont noyées au milieu de clichés du genre (cheveux devant les yeux, ombres à la fenêtre, flics incapables, flash-back/rêves/visions). Seule la thématique principale de la croyance (du catholicisme au shamanisme) apporte un peu d'originalité, à défaut d'être véritablement exploité. « Possessed dans ton sommeil », s'amusaient les festivaliers.

 

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