Spécial Halloween : Bouh, même pas peur !

Laurent Pécha | 31 octobre 2010
Laurent Pécha | 31 octobre 2010

Et si pour Halloween, on ne se faisait pas peur, finalement ? Voilà un concept audacieux et un choix original. Mais qu'est-ce qu'ils ont tous avec leurs "films d'horreur ultimes" qui ne nous procurent que des baillements discrets, des rires francs ou une indifférence polie ? Chaque rédacteur d'Ecran Large s'est donc amusé à répertorier le film de trouille qui le laisse de marbre. Verdict.

 

Vendredi 13 pour  Jean-Noel Nicolau

Oui, il a du charisme ce bon vieux Jason. Mais pour la finesse, il peut repasser. Le serial killer bourrin, c'est lui, qui rentre dans le lard avec la distinction d'un taureau en rut. Trancher dans le vif, décapiter, empaler, ça, il sait faire. Mais niveau trouille, c'est le grand néant. Pour sûr, parfois c'est fun, avec un certain plaisir régressif qui ramène au degré zéro du slasher. Mais le pire, finalement, c'est le premier film, car, oh surprise, ce n'est même pas Jason l'assassin. Déjà que l'on se moquait assez conséquemment du sort de ces jeunes zygotos fades, alors si en plus ça ne bourrine même pas, que nous reste-t-il ? Heureusement depuis il y a eu Jason X, le gros lard dans l'espaaaaaace...

 

 

   

REC pour Laurent Pécha

Aucun doute possible, REC, c'est bien ! Mais REC, ça fait peur ? Ben non, pas pour moi, démontrant qu'en matière de frousse, on rentre totalement dans le suggestif et l'irrationnel (Dead silence me fiche les pétoches et je suis bien le seul à la rédac). Le final  dans le noir le plus total, est, paraît-il, incroyablement stressant, il me laisse de marbre tant je n'y vois que la performance technique. Voilà, on est vraiment dans le « bouh même pas peur ». Sinon, c'est bien REC.

 

 

 

 

 



Le Projet Blair witch project pour Nicolas Thys

Un faux documentaire grotesque auquel on ne croit pas, des mouvements de caméra omniprésents qui donnent mal à ma tête et rappellent constamment que ce qu'on voit n'est qu'un film, des gens affolés pour rien, une pseudo-sorcière ridicule, une forêt aussi banale qu'une autre mais soit-disant effrayante car filmée de nuit. En fait rien dans ce film n'est fait pour inspirer la peur. La nausée peut-être, l'indifférence sûrement mais la peur ça non.

 

 

 

 


  

Massacre à la tronçonneuse (Tobe Hopper, 1974) pour Vincent Julé

Qui ne se souvient pas de ces après-midis cinéphiles à l'adolescence, que dis-je à l'enfance, où dans le dos des parents, on enchaînait Twin Peaks : Fire walks with me avec M.A.L. Evil Dead et Massacre à la tronçonneuse étaient des légendes, des Saint Graal. Sauf que lorsque le classique de Tobe Hooper passe pour la première fois sur le petit poste de télé, quelque chose ne se passe pas. L'ambiance, la violence, la folie ne prennent pas. "Alors, c'est ça le film d'horreur ultime, interdit dans tous les pays ?! Un mec qui donne des coups de bâton à une fille dans un sac, sérieux ?" Y a des claques qui se perdent... 

 

 

 

L'Exorciste pour Thomas Messias

Le très oubliable Scary movie 2 s'ouvre par une longue scène parodiant L'Exorciste. Une jeune possédée se met subitement à pisser des litres et des litres, sa tête tourne à 360 degrés, et tout finit évidemment dans un déferlement de vomi. Pas très drôle, en effet. Surtout lorsque l'on considère que, côté parodie, le film de William Friedkin se suffit à lui-même. C'est que l'esprit maléfique qui s'empare de la petite Regan est si puissant que chacune de ses actions semble mille fois trop appuyée. Entendre Regan jurer comme un charretier ou la voir se palucher avec un crucifix a quelque chose d'éminemment ridicule. Ce qui est gênant, ce n'est pas de savoir le diable a l'intérieur de la fillette, mais de constater que ses voisins sont littéralement pétrifiés, pris au piège d'un film si excessif qu'il en devient soporifique. 

 

Shining pour Patrick Antona

Shining, je l'ai découvert sur Grand Ecran à l'age 13 ans, en grugeant à l'entrée du cinéma. Et dès cette époque, je garde le souvenir d'un pensum pas "horrible" pour deux sous et assez chiant, avec ces interminables travellings trop démonstratifs. Tonton Kubrick qui, en voulant faire la nique aux jeunots Carpenter et De Palma, ne réussissait pas à leur arriver à la cheville. Lui qui voulait rééditer le coup du film ultime dans le domaine enfonçait alors les portes ouvertes à grands coups d'effets peu subtiles. Dès le début on sait que Jack n'est pas bien dans sa tête avec ses grands roulements d' yeux et son petit rictus naissant, qu'il a d'ailleurs gardé depuis, et que cela va finir très très mal, même que c'est le gentil noir qui va se prendre un méchant coup de hâche (les frères Wayans sauront s'en souvenir). Et les apparitions des spectres sont loin de susciter le moindre petit frisson, Tonton Kubrick aurait dû matter avec plus d'attention les Bava ou les Hammer pour faire aussi bien, mais bon il préfère nous envoyer des hectolitres de sang à la gueule pour susciter en nous cette peur de l'indiscible. Et bien c'est raté, même pas peur !

 

 

Ring + Grudge pour Sandy Gillet

Tous les Ring + Grudge (japonais comme remakes us) : Parce que le dénominateur commun de tous ces films c'est la coupe de cheveux improbable de « l'héroïne » qui au début me faisait hurler de rire et qui maintenant ne provoque plus en moi qu'un sourire déprimé. Mais comment peut-on croire faire peur avec ça ? Pour les Grudge j'ai ceci dit peut-être l'explication avec la mode vestimentaire horrible des années 90 !!! Oui c'est peut-être cela. Pour les Ring je cherche encore.  

 

 

 

 

 

Cannibal holocaust pour Thomas Douineau

Cannibal Holocaust ne me fait pas peur. Il est tout au plus écoeurant; notamment lors d'un célèbre dépeçage de tortue vivante... Mais n'est-ce pas le but avoué ? Faire détourner le regard, non pas parce qu'on a peur mais juste parce que c'est insoutenable pour le commun des mortels. Le film a maintenant une réputation qui le précède : on croit qu'il va plus faire peur qu'il ne le fait en réalité.  

 

 

 

 

 

 

Les Frissons de l'angoisse pour Ilan Ferry

Mal traduit en français (Profondo Rosso soit rouge profond ça pète quand même plus que Les Frissons de l'angoisse !), le film d'Argento n'a pour moi pas été à la hauteur de sa réputation de « film de terreur ultime ». En effet, mon œil a plus été attiré par les qualités graphiques du film que par son climat visant à distiller savamment la peur. En d'autres termes, outre des qualités artistiques indéniables, Les Frissons de l'angoisse m'a laissé de marbre.

 

 

 

 

 

  Suspiria pour Julien Foussereau

"Oh l'autre ! Comment il fait son gros dur devant Suspiria !" Ah ! Mais sachez que je ne m'en vante pas ! Je reconnais la grandeur baroque de Suspiria grâce à ses placements de caméra aussi inhabituels que brillants, son traitement photo extrême ou encore sa bande-son fantomatique et inquiétante. Mais ce n'est pas suffisant pour me faire oublier le scénario horriblement mal foutu et l'outrance ridicule des acteurs. C'est pourquoi, je me fous complètement de ce qui peut bien leur arriver et je finis par m'endormir (4 tentatives avant d'arriver au bout, un record !) Ce qui m'attriste plus qu'autre chose car j'aimerais bien ressentir l'immense terreur éprouvée par les fans du film.

  

   

Alien, le huitième passager pour Tonton BDM

S'il y a bien un truc que je m'abstiens de dire en société, et plus particulièrement quand je suis aux réceptions de l'ambassadeur, c'est qu'au fond, j'ai jamais compris les gorges chaudes qu'on faisait autour d'Alien. "Terrifiant" par ci, "flippant" par là, "le film le plus effrayant jamais réalisé" nous disait  même l'affiche... Hé bien quitte à me faire raboter les couilles au casse-noisettes par la femme de l'ambassadeur, je vous dis non, les gars, même pas peur. Que le film soit bien torché, soit, qu'il soit bien écrit et superbement photographié, j'en conviens. Mais qu'il fasse peur, non. J'ai toujours préféré la terreur sourde et le bruit des fusils mitrailleurs du film de James Cameron que le rythme lent et les plans contemplatifs de Ridley Scott. Dans l'espace, personne ne vous entendra ronfler, hé !

 

 

 

 

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Aucun commentaire.