Bande originale : The Good german

Jean-Noël Nicolau | 27 février 2007
Jean-Noël Nicolau | 27 février 2007

Le thème musical de The Good german est à l'image du film de Steven Soderbergh : une vaine imitation de style. Comme le réalisateur se rêve Michael Curtiz, Thomas Newman se voit déjà en descendant de Max Steiner ou de Miklos Rozsa, ou plus simplement de Alfred Newman, son père, auteur de quelques belles partitions de l'âge d'or hollywoodien. Thomas Newman a retenu de l'héritage paternel un sens de l'écriture classique, soigneusement adapté à une certaine modernité (en particulier pour American beauty) ou à une vraie perfection comme sur les Evadés ou son chef-d'œuvre pour la mini-série Angels in America.

Dans le cadre du projet The Good german, la musique est parfois en telle symbiose avec la volonté «d'imitation» de Soderbergh qu'elle est réduite à un gimmick. On reconnaît les sonorités d'époque et on oublie le détail de la composition. Durant la vision de l'œuvre, la bande originale est limitée à un élément du décorum, au même titre que l'utilisation du noir et blanc, des images d'archives ou des trucages à l'ancienne (rétroprojections pour les scènes en voiture, etc…). C'est une fois débarrassé du carcan de la mise en scène que la partition de Thomas Newman peut être redécouverte et dévoile quelques trésors inattendus.

Si le thème d'ouverture avec sa charge orchestrale martiale est encore dans le syndrome de la copie, c'est lorsque l'écriture se pose et cherche les nuances que l'oreille s'intéresse. Un très court morceau tel que The Russian deals, plein de menace sourde et de violons angoissés donne le ton d'un thriller libéré des modèles. Mais c'est en fait le thème principal, entendu par exemple sur A Good dose, qui séduit totalement et n'est pas sans rappeler le John Williams de La Liste de Schindler. Paradoxalement sur des instants plus aventureux, tels que The Big three, c'est à la BO d'Indiana Jones que l'on pense…

Ce long disque (29 morceaux) s'avère un peu répétitif (il n'y a finalement que deux mélodies, dont une essentielle et superbe, mais répétée jusqu'à plus soif) mais s'apprécie pour son indéniable classe et sa capacité à dépasser le film en réussissant à la fois un hommage et une adaptation moderne. Il faut aussi attendre le tout dernier morceau du disque, reprise pleine d'amplitude du thème principal, Jedem das seine, magnifique composition toute en violons tristes et en symphonie sobre. Quelque part entre John Williams et Howard Shore, Thomas Newman a trouvé le ton juste.

Tracklisting :
1. Unrecht Oder Recht (Main Title)
2. River Havel
3. Countess Roundheels
4. Such a Boy
5. Kraut Brain Trust
6. The Russian Deals
7. A Good Dose
8. Muller's Billet
9. Wittenbergplatz
10. Trip Ticket
11. Safe House
12. A Nazi and a Jew
13. Dora
14. Kurfurstendamm
15. The Big Three
16. A Persilschein
17. Stickball
18. Golem
19. Atom Bomb
20. The Good German
21. Hannelore
22. Occupation Marks
23. U-Bahn
24. The Brandenberg Gate
25. Skinny Lena
26. Rockets for Our Side
27. Always Something Worse
28. Godless People (End Title)
29. Jedem das Seine

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