Bande originale : La jeune fille de l'eau

Erwan Desbois | 4 septembre 2006
Erwan Desbois | 4 septembre 2006

On s'en doutait déjà pour avoir vu l'implication de M. Night Shyamalan dans les séances d'enregistrement de la musique de Signes présentées parmi les bonus du DVD, mais chacun des douze morceaux de la cinquième collaboration successive entre le cinéaste et le compositeur James Newton Howard depuis Sixième sens prouve de manière éclatante à quel point les deux hommes sont sur la même longueur d'onde. Il est rare de voir entre les images et les sons d'un long-métrage une telle osmose, qui donne le sentiment que les deux composantes avancent de concert dans la même direction sans que l'une n'entraîne l'autre dans son sillage. Cette union se ressent à tous les niveaux de la composition de la bande-originale – et de la composition du long-métrage. Howard trouve pour chaque question posée par le film la réponse adéquate, qu'il s'agisse de l'ambiance générale, aquatique et incertaine (qui se traduit par la présence discrète mais continue de violons et de chœurs, mouvants comme des vagues à la surface de l'eau) ou de la conduite du récit. Les morceaux sont d'une longueur inhabituelle pour une musique de film, ce qui leur permet d'accompagner la progression de séquences entières : même si on reste loin des seize minutes du final qu'il a écrit pour Collateral, « Charades » dure ainsi cinq minutes et « The Party » pas loin de sept. Au sein de ces compositions très travaillées, Howard s'accorde à merveille au style visuel de Shyamalan en faisant surgir l'émotion ou la peur avec presque rien : une fragile ligne de flûte (« Officer Jimbo »), quelques notes de piano (« The Healing »), des percussions sobres mais d'une profondeur angoissante (« Ripples in the pool »).

Cette construction méticuleuse et basée sur l'accumulation de détails nous mène avec assurance jusqu'au grand final (« The Great Eatlon »), où tous les éléments cités précédemment se déchaînent en même temps dans une explosion brutale et lyrique, qui donne tout son sens au terme climax. On ne sait pas ce qui impressionne le plus, entre ce morceau et la virtuosité avec laquelle Howard fait revenir au premier plan la sérénité du piano pour conclure en toute simplicité ce superbe album (« End titles »).

Conclure ? Oui et non, car tapie tel un scrunt dans l'herbe, une mauvaise surprise nous attend à la fin du disque : trois reprises de Bob Dylan dans un style rock FM complètement dénué d'inventivité et de talent, et une quatrième chanson plus dérangeante. « The times they are a-changin' » voit en effet un chœur de voix enfantines reprendre un refrain dont les paroles ne collent que trop bien au message douteux et gênant que Shyamalan cherche à faire passer en sous-main dans La jeune fille de l'eau. Mieux vaut donc arrêter l'écoute du disque après la piste douze, afin de ne pas se gâcher l'immense plaisir musical qui nous est offert par James Newton Howard.

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Tracklisting :
1. Prologue
2. The Party
3. Charades
4. Ripples In The Pool
5. The Blue World
6. Giving The Kii
7. Walkie Talkie
8. Cereal Boxes
9. Officer Jimbo
10. The Healing
11. The Great Eatlon
12. End Titles
13. The Times They Are A-Changin' - A Whisper In The Noise
14. Every Grain Of Sand - Amanda Ghost
15. It Ain't Me Babe - Silvertide
16. Maggie's Farm - Silvertide

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