Bande originale : L'interprète

Coralie Bru | 20 juin 2005
Coralie Bru | 20 juin 2005

C'est décidément dans les bandes originales de films à suspense que James Newton Howard semble exprimer tout son talent, comme le prouvent ses compositions oppressantes et acclamées pour Sixième sens ou Le village. Ici ce n'est plus son grand fan M. Night Shyamalan qui fait appel à ses services, mais Sidney Pollack pour son dernier film sur fond de complot international.

Une bonne bande originale suppose d'abord une connaissance parfaite du film et de ses enjeux, et il ne fait aucun doute que Howard a ici le film dans la peau jusque dans ses moindres facettes. Le morceau d'ouverture « Matobo », dans lequel sont mélangées les percussions tonitruantes d'une parfaite BO de film hollywoodien avec celles, plus discrètes, de tambours africains, en est la parfaite expression. Dans certains films la BO consiste en une compilation aléatoire de musiques s'approchant de l'ambiance générale ; ici elle fusionne complètement avec le scénario.

Dans le thriller plus que dans aucun autre genre, la musique est au service du film, et sa création représente donc un enjeu qui va bien au-delà du simple accompagnement. Howard l'a bien compris, et il ajoute ainsi parfois une couche d'angoisse supplémentaire à ce que les instruments de musique seuls peuvent apporter. C'est toute la beauté de la BO de L'interprète, qui n'hésite pas à piocher dans les entrailles de la peur ce dont elle a besoin, comme en témoigne les « chhh » presque imperceptibles d'une voix qu'on croit avoir rêvé dans « Sylvia is followed ». On a ici l'exemple type des mécanismes du suspense : Howard dans ce morceau fait même douter le spectateur qu'il a bien entendu une voix humaine. De la même façon, dans « Simon's journals », Howard mélange carillons, vagues, insectes, voix étouffées et chants africains. Ce brouhaha onirique sert parfaitement le scénario puisqu'il fait directement référence à des souvenirs épars récoltés sur les pages d'un cahier, mêlant ces évocations du passé africain avec des airs de cauchemars, alors que la même scène sans musique n'aurait touché qu'à moitié le spectateur.

On a souvent l'impression à l'écoute de cette BO qu'un chef d'orchestre et des dizaines de musiciens jouent devant l'écran pendant tout le film, comme s'il s'agissait d'un opéra. Cette présence n'est pourtant pas excessive, puisque le piano d'Howard se fait aussi parfois léger, comme il a pu l'utiliser dans la série Urgences notamment et qu'il reprend ici dans le morceau « Did he leave a note ? ». Au final, Howard réalise donc une nouvelle fois une composition de très grande qualité, en parfait accord avec l'atmosphère voulue par Sidney Pollack ; même si, tout comme L'interprète semblerait incomplet sans la musique de Howard, la bande originale à elle seule a du mal à se détacher de son film siamois et à exister par elle-même.

Track listing :

1. Matobo
2. Silvia is followed
3. Tobin comes home
4. Silvia's background
5. Philippe
6. Drowning man trail (Atolago)
7. Guy forgot his lunch
8. The phonecall
9. Simon's journals
10. Silvia showers
11. Did he leave a note ?
12. Zuwanie arrival at UN
13. Assassin
14. End credits (Atolago)

Tout savoir sur L'Interprète

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commentaires
nicole kidman
24/08/2015 à 08:51

c'est quoi la musique, genre africain, qui accompagne le film?