La mort de Bush, le documentaire

Julien Dury | 26 octobre 2006
Julien Dury | 26 octobre 2006

Une bonne polémique, ça nous manquait. Alors, que dire d'un film qu'Hillary Clinton trouve « malade et dégoûtant » (sans l'avoir vu) ? D'une œuvre que Regal Entertainment Group et Cinemark USA refusent de distribuer, et dont CNN ne veut pas faire la publicité ? L'objet du délit s'appelle Death of a President et décrit tout simplement sous forme de docu-fiction l'assassinat de George W. Bush en octobre 2007. Gabriel Range se défend pourtant de toute interprétation abusive. Certes, il considère comme un droit le fait de réaliser un film « outrageux et provocateur », mais il rappelle que ce faux documentaire montre clairement qu'un tel événement serait une catastrophe avec des conséquences « absolument terribles ». Autrement dit, un renforcement du Patriot Act, un pays aux abois (et le monde avec) et des centaines de morts au final. On comprend que Range considère que les détracteurs se recrutent principalement parmi « ceux qui n'ont pas vu le film ».

Pour être honnête, Death of a President a tout de même de francs contempteurs. La première projection au Festival de Toronto a été un franc succès, recueillant des critiques laudatives et le prix de la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique. Les places comme les droits de distribution se sont vite arrachés et même la fort peu gauchiste Fox News montre des spots pour le film. Le montage a été particulièrement remarqué à la grande joie de Range qui reconnaît avoir travaillé avec l'accord de son scénariste Simon Finch à partir d'archives pour « donner l'illusion d'un univers le plus reconnaissable possible ». C'est dans cette optique que de véritables images de Bush ont été préférées à l'interprétation d'un acteur, bien que certains participants au casting comme Hend Ayoub, Brian Boland, Becky Ann Baker aient été incrustés dans celles-ci.

À la décharge des accusateurs, il faut reconnaître qu'un précédent comme Un crime dans la tête n'est pas très rassurant. La première version réalisée par John Frankenheimer et racontant une tentative d'assassinat présidentiel par un vétéran de Corée était sortie un an avant le meurtre de John Kennedy... Plus récemment, Nicholson Baker a fait scandale avec Contrecoup, cent pages de dialogues entre un homme et son frère déterminé à tuer Bush. L'originalité du film de Range est certainement son traitement du sujet en documentaire. Le cinéaste justifie ce choix comme une « manière très particulière » de réaliser un thriller et de décrire l'état actuel du monde. En même temps, Range n'est pas nouveau en la matière. En 2003, The Day Britain stopped était déjà un docu-fiction prévoyant la faillite du système de transports anglais…

Source : The Hollywood Reporter

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