Deauville 2006 - Compte-rendu 3

Vincent Julé | 9 septembre 2006
Vincent Julé | 9 septembre 2006

Sixième et septième jours de présence sur les planches de Deauville, et l'ombre de Venise continue de planer au-dessus de nos têtes. Rien à voir avec la défection de Lindsay Lohan, les rares avant-premières ou les piques d'un Laurent tout fier de ses exclus, non, juste une terrible remise en question. En effet, alors qu'un festivalier confie qu'Écran Large est le seul site Internet qu'il a trouvé pour suivre de près la Mostra de Venise, c'est pour mieux ajouter qu'il apprécie moyennement le ton blasé ou les états d'âme de nos envoyés très spéciaux - vous aurez reconnus Audrey et Laurent. « Qu'est-ce qu'on s'en fiche de la couleur de leur badge, de la longueur des files d'attente ou de la jolie serveuse ! » Mais euh… c'est une manière de vous faire vivre un festival de l'intérieur avec ses nombreux aléas. « Mais il faut arrêter de se plaindre, vous êtes des privilégiés. » D'où ma question, comment rendre compte d'un festival sans s'éparpiller, alors que le cinéma passe parfois en second face aux petites galères quotidiennes. Après Gérardmer, Cannes et maintenant Deauville, je me retrouvais avec un compte-rendu à écrire, où il ne fallait ni se plaindre, ni se vanter, ni parler de soi et des autres. Un pari impossible, à moins peut-être, qu'il ne prenne la forme d'un exercice de style, comme cette mise en abyme casse-gueule.

Mercredi 6 septembre
Si, entre Pulse , Primer et Un Crime, les avant-premières ont laissé jusque-là un arrière-goût amer, la Compétition officielle confirme de film en film sa grande qualité, avec même un thème récurent et décliné : l'enfance et la confrontation au monde des adultes. Une confrontation qui prend avec Hard Candy, un visage osé, risqué, presque tendancieux, qui lui vaut son buzz depuis quelques mois. Y a-t-il résisté ? Oui et non. Une petite majorité le qualifie tout simplement de « putassier », voire nauséeux, tandis qu'à la rédaction, le film a convaincu. Il n'a pas non plus dépassé les attentes, mais son jusqu'au-boutisme n'a laissé personne indifférent. De vrais malades, j'vous dis.

     

Toujours en compétition et toujours sur la rapport enfant-adulte, ici entre une élève et son prof, Half Nelson est la preuve que l'on peut toujours trouvé une raison d'aller voir un film. Ryan Gosling me direz-vous ? Mesdames, et Louisa, approuvent, tandis que j'ai noté que la musique du film est signée par le collectif canadien Broken Social Scene. Il s'avère en fait que le réalisateur a utilisé des morceaux de leur album You Forgot It In People (Arts&Crafts, 2003) pour illustrer les déambulations d'un Ryan Gosling défoncé, et donc parfait. Quant au titre Half Nelson, dont le sens nous échappe encore, Stéphane a dû vouloir l'expérimenter en partie, puisqu'il passa la moitié de la projection les yeux fermés. Sa réponse ne devrait pas tarder. Il se rattrapa l'après-midi même avec Dreamland, un film de toute beauté, et tomba sur un nouvel os, puisque l'interprète principal Agnes Bruckner semble avoir joué dans la saison 3 de 24, mais impossible de savoir qui. Mais après avoir interviewé le réalisateur Jason Matzner, le mystère reste complet.

Ilan s'est frotté à un tout autre problème lors de son entretien avec Patrick Wilson, à la fois pour Hard Candy et pour Les Enfants de chœur, puisque l'acteur relativement inconnu a déjà une publicist, soit une conseillère en image. Pas sûr donc que notre photographe Gianfranco ait pu le « shooter » en toute liberté. Pas de quoi non plus entacher le bon moment qu'Ilan a passé avec cette « star » hollywoodienne en devenir. L'inverse en fin de compte de l'acteur (remember la série Once & again) devenu réalisateur Todd Field, qui après deux films de haute volée, reste un grand timide, comme l'a rapporté Julien.

     

Ravis de leur rencontre respective, les deux compères se dirigent s'aérer la tête avec Jugez-moi coupable, et reviennent en disant que c'est le meilleur film de Sidney Lumet depuis 12 hommes en colère. Et Serpico alors ! De notre côté, Stéphane et moi avons pris une bonne résolution, demain matin a lieu la projection presse de The Fountain, donc il faut se coucher tôt. À deux heures passés, tout le monde essaie encore de s'en convaincre.

Jeudi 7 septembre
Cette journée a toutes les raisons d'être très courte. Voir The Fountain et dormir ! À n'en pas douter l'évènement du festival, du moins pour nous, le film, enfin plutôt l'expérience de Darren Aronofsky a remis tout le monde d'accord. Malgré certaines réserves au début, en fait nos habitudes de spectateur, le film balaie tout sur son passage et imprègne le cœur et la rétine encore longtemps après une image finale d'une simplicité, d'une pureté et d'une beauté renversantes. La critique, longuement mûrie de Julien, rend parfaitement compte de ce qui aurait pu être un simple development hell, pour finalement tenir du miracle. Est-il alors utile de mentionner les projections en compétition de Forgiven et Sherrybaby ? Oui, répondront Ilan et Stéphane, mais seul maître à bord, je dis non et passe directement à l'autre évènement de la journée, ou plutôt sa suite : une interview fleuve à trois avec Darren Aronofsky. Pouaaah ! Un grand moment, une belle rencontre, et j'espère une interview passionnante - mais avant laissez-moi le temps de dérusher tout ça. Toujours est-il qu'il bosse déjà sur ses projets suivants, dont le développement de l'adaptation du roman culte Flicker - La Conspiration des ténèbres, et avant tout un film sur l'environnement. C'est vague je sais, mais Stéphane est déjà sûr, après le documentaire d'Al Gore, d'y mettre 10/10.


Ah j'oubliais, le même Stéphane a eu le droit à un one-to-one avec Aaron Eckhart pendant vingt minutes. Mais est-ce important ? Hein ! Hein ? Non, ce qui est important c'est qu'avec Bobby d'Emilio Estevez, il met son dix-huitième 10/10 de l'année, après Superman, Vol 93, Une vérité qui dérange, Basic Instinct 2, Tokyo Drift, etc...

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