Venise - Compte-rendu 5

Laurent Pécha | 6 septembre 2006
Laurent Pécha | 6 septembre 2006

Ce mardi commence plus tard qu'à l'habitude. La faute à un carton d'invitation à la soirée Fallen qui traînait par-là. Le film ayant conquis notre rédac'chef, notre professionnalisme implacable nous a poussés à aller guincher à la mode autrichienne, histoire de goûter aux mœurs locales, et plus si affinités... Voilà comment, en un coup de baguette magique, les cocktails et la musique aidant, nous avons regagné nos pénates à 5 heures du mat'. Bercés par un sommeil de plomb, le réveil n'a sonné qu'à 11h, mais pas de panique : Exiled, la dernière production Milkyway signée Johnnie To n‘a pas échappé à nos radars.

 

 

C'est pas vraiment le genre de la maison de commettre un tel sacrilège. Surtout, qu'une fois n'est pas coutume, notre assiduité fut récompensée par une bombe jouissive. Habitué à enquiller des films de qualité souvent inégale, le bourreau de travail To y affiche une forme olympique. Rondement mené, sans véritable surprise, mais avec cette flamme sacrée capable de métamorphoser une rafale de gun fights en un opéra abrasif, Exiled témoigne de sa maestria. Orfèvre en la matière des duels au tensiomètre hypersensible, To enrôle son casting de The Mission dans une opération kamikaze chiadée. C'est 100% mâles sans suinter la testostérone bas de gamme, ça canarde à toute berzingue tout en ménageant quelques respirations à cette camaraderie déjantée. Charisme de ses trognes fétiches, efficacité d'un scénar basique teinté d'une ironie baroque, plasticité de séquences qui frisent la perfection, tout cela raccordé aux variations d'une B.O ad hoc… Sa symphonie nous en met plein les yeux. Après ça, plus besoin de se shooter à la caféine pour combler les effets à retardement de notre nuit éthylique.

 

 

On repart sur les chapeaux de roues, jusqu'à ce Rain Dogs de Taiyang Yu et L'Intouchable de Benoît Jacquot ne mettent notre courage à rude épreuve. Embarquement immédiat en direction de la Malaisie et de l'Inde. Dépaysantes à souhait, ces deux destinations donnent plutôt envie. Mais c'est sans compter sur le filmage soporifique de ce tandem de cinéastes qui trimballent leurs caméras de droite à gauche, sans trop savoir quoi chercher. Le premier suit un minet qui quitte le giron maternel suite à la mort brutale de son frère. Le choc émotif, la fuite, l'immersion citadine, le contact avec les petites frappes locales lui font perdre les pédales. Ah qu'il est difficile de passer à l'âge adulte ! Mais ce cap nécessaire n'est qu'une peccadille comparée à la phase d'observation stérile qu'il nous faut endurer avant d'entrer dans le vif du sujet. Ce film traîne tellement en longueurs que,lorsque son titre apparaît sur l'écran, à la trentième minute, on manque de peu de bondir de notre siège, en pensant qu'il s'agit du générique de fin. Cruel désenchantement ! La sieste s'impose alors comme la seule issue de secours.

 

 

Quant à Jacquot, notons pour sa défense, que sa DV baladeuse a au moins le mérite d'adhérer au déracinement de son héroïne qui part en Inde, sur les traces de son père inconnu. Mais ce n'est qu'à l'issue d'un prologue parisianiste superfétatoire qu'Isild le Besco s'envole vers ce continent envoûtant. Avant ça, le réalisateur s'auto flagelle, en brocardant l'industrie ciné. L'éreintement d'une jeune actrice rompue aux rouages pas toujours glorieux de son métier, on connaît par cœur. D'où notre hâte à la voir débarquer sur le tarmac indien. On patiente, en croyant dur comme fer que son exil changera la donne. Puis, une fois arrivés à bon port, l'électrocardiogramme reste plat. Ce n'est pas que Jacquot brade cet antipode mystique qu'on a peu l'habitude de voir autrement qu'à travers le prisme bollywoodien. Au contraire, filmé à l'épaule en équipe légère, L'Intouchable prend le pouls de la ville comme le ferait un étranger jeté en terrain inconnu. En soit, ce voyage-découverte vaudrait donc le coup d'œil, si tant est que son intrigue tienne la route. Mais cette enquête généalogique tourne vite à vide. Moralité, on ressort de là, en traînant l'indolence typique du passager d'un vol au long cours.
AZ

 

 

Quand on aime à Ecran Large, on aime vraiment. C'est pourquoi le compte-rendu de la journée de mardi sera bref. ??? On vous avez déjà prévenu hier qu'on (enfin que j'avais) avait rendez-vous pour des interviews avec l'ensemble du casting féminin de Fallen, (mon) coup de cœur du festival jusqu'à présent.

Ce que l'on avait caché de signaler, c'est que la veille, en bons élèves consciencieux, nous avions décidé d'aller à la soirée Fallen histoire de tâter le terrain et de trouver l'inspiration pour les questions du lendemain matin. Résultat des courses, de verre en verre, de discussion en discussion et de danse floor en danse floor, la soirée est passée très mais alors très vite et le retour (long celui là) dans notre appartement vénitien ne s'est pas fait avant 5 heures du mat. Pour les projections du matin, à savoir Summer Love et La Stella che non c'è, il ne fallait donc pas compter sur nous (on a quand même tenté mais en vain). Seul film de la compétition vu aujourd'hui, Fangzhu (Exiled), le dernier Johnnie To qui comme vous l'a dit Audrey un peu plus haut est une très mais très bonne cuvée du réalisateur de The Mission, nettement au dessus de ses dernières sorties, Breaking news et Election.

Pour revenir à notre occupation principale de la journée (enfin celle de l'auteur de ces lignes), les interviews avec 4 des 5 actrices de Fallen plus sa charmante réalisatrice se sont divinement passées. Elles sont gentilles comme tout et magnifiques. Pour patienter et lire ce que nos belles autrichiennes ont à dire, on vous prouve ce que l'on vient d'écrire avec les photos prises par Jean François Martin, ami photographe qui a eu la chance de shooter les cinq jeunes femmes. Attention les yeux ! Et un grand merci à Vivianna Andriani pour nous avoir permis de passer un si agréable mardi après-midi. Voici donc quelques clichés, les autres étant dans la galerie d'images , bonne "lecture".
LP

 

 

 

 

 

Gabriela Hegedüs
Birgit Minichmayr
Nina Proll
Ursula Strauss
Kathrin Resetarits

 

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