Deauville 2006 - 1er week-end

Julien Foussereau | 4 septembre 2006
Julien Foussereau | 4 septembre 2006

Vendredi 1er septembre 2006
À peine arrivés à Deauville, Louisa et moi (Julien Foussereau, Ndlr) devons pointer pour récupérer nos badges d'accréditation, précieux sésame qui nous permettra de passer les (trop nombreux) contrôles pour assister aux projections et aller au bureau de presse. Le temps est agréable mais nous ne pourrons pas en profiter longtemps, car il faut déjà faire la queue sous un barnum, non climatisé (imaginez des centaines de personnes journalistes ou mystérieux invités - on y reviendra plus tard - se pressant les unes contre les autres pendant au moins une heure avant chaque projection).

L'Illusionniste de Neil Burger ouvre le bal. Le tapis rouge est déroulé pour accueillir le gotha deauvillais, une partie du jury, dont Audrey Marnay, mannequin-qui-adooooore-le-cinéma-américain : « Je connais bien le cinéma américain, j'ai vécu plusieurs années à Los Angeles » dit-elle en posant en vraie pro devant les photographes, qui doivent bien se mettre quelque chose sous la dent avant l'arrivée d'Edward Norton. Nous, simples journalistes, devons passer après les VIP plus ou moins locaux et autres has been. Tant et si bien que, lorsque nous arrivons dans la grande salle du C.I.D., nous constatons, légèrement agacés, que les trois-quarts des sièges sont réservés aux personnes précitées. Direction le premier rang tout à droite, près des enceintes surpuissantes (heureusement que ce n'est pas un Michael Bay !).

Commence alors la propagande Barrière suivie de la cérémonie d'ouverture du Festival par Monsieur Loyal : Laurent Weil dont les chevilles manquent à tout instant de faire péter les coutures de son pantalon. Viennent après un historique avec les traditionnels remerciements aux fondateurs, des officiels tels que le maire de Deauville et l'ambassadeur américain en France rendant hommage à la Louisiane dévastée par Katrina. Enfin, l'équipe du film arrive. Louisa prête peu d'attention à Neil Burger, bien trop concentrée sur Edward Norton (Note de Louisa : Bah quoi ? On a le droit d'en profiter ! J'en connais un qui n'est venu que pour apercevoir Lindsay Lohan et Anne Hathaway, n'est-ce pas, Vincent ?). Après un petit speech du réalisateur et quelques mots en français d'Ed Norton, le tout inutilement traduit par le sosie de Paris Hilton, le chauffeur de salle nous fait grâce d'un hurlement primaire, et le film commence. Les applaudissements fournis à la fin du film préfigurent un buzz encourageant pour sa sortie nationale. Bien qu'imparfait L'Illusionniste méritait l'attente.

Samedi 2 septembre 2006
Lever matinal pour Louisa qui doit se rendre au C.I.D. avant 8h30 pour la projection presse de World Trade Center. N'ayant pas été convaincu la première fois par le nouveau film d'Oliver Stone, je ne renouvelle pas l'expérience surtout à une heure pareille ! Ceci dit, Louisa a fait le bon choix : une cinquantaine de journalistes dans une salle immense et le luxe d'être assise à la même place qu'Edward Norton la veille. Les journalistes britanniques et nord-américains, assez présents dans la salle, ont fait part de leur émotion à grands renforts de sanglots étouffés et de Kleenex, Louisa y va aussi de sa larmichette…

La rédaction d'Écran Large s'étoffe vers midi avec l'arrivée de Vincent, Ilan et du vétéran Stéphane (surnommé aussi Deauville : Year four) qui s'empressent d'aller voir L'Illusionniste au Casino Barrière. Louisa et moi avons apprécié le côté romanesque, l'hésitation entre évocation historique et conte, la belle photo, la musique signée Philip Glass sans oublier l'interprétation d'Ed Norton et Paul Giamatti. Vincent et Ilan ne se sont pas laissés emporter par le film.

Toutefois ils relativiseront quelques heures plus tard avec le navrant Pulse, remake branchouille et inutile de Kairo… La bonne surprise du jour est à mettre sur le compte de Puccini et moi. D'abord parce que la queue est nettement moins longue. Ensuite, il est très agréable d'apprécier une comédie new-yorkaise divertissante, intelligente et qui ne cherche pas l'esbroufe, à l'image de Maria Maggenti, sa réalisatrice, venue nous présenter avec humour et humilité son deuxième long-métrage.

Dimanche 3 septembre 2006
Lever difficile pour tout le monde, nous allons assister à la première projection MONDIALE dixit le dossier de presse d'Un crime, le nouveau film de Manuel Pradal, tourné à New York avec Harvey Keitel et Emmanuelle Béart. Cela se passe au Morny Club, un cinéma dont l'adresse n'était spécifiée nulle part dans les brochures presse. Quelle ne fut pas la surprise de Louisa quand elle se rendit compte que le Morny se trouvait à 50m de l'hôtel et non pas sur la place du même nom (ce serait trop simple !). Puisqu'il s'agit d'une projection de presse, on nous épargne le marketing et le cérémonial habituels. Cela ne nous empêche pas d'être navrés par le spectacle d'Emmanuelle Béart en femme obsédée par son voisin et prête à tout pour l'avoir. Ses nombreuses scènes de sexe, exposant en totalité son corps joliment refait (merci les chirurgiens) ont du mal à nous tenir éveillé tant le film est prévisible, rempli de faux rythmes et d'aberrations narratives. Louisa et moi manquons fréquemment de nous endormir. Ilan et Stéphane restent stoïques mais n'en pensent pas moins. Vincent, quant à lui, se prend la tête à deux mains en répétant que c'est insupportable.

Une grosse partie de la journée est ensuite consacrée aux interviews et aux conférences de presse. Vincent et Ilan filent à la conférence du Dahlia noir en présence de De Palma, Ellroy, Hartnett et Eckhart. Ce dernier affiche sans complexe son désintérêt pour la promo… les interviews à venir de Thank you for smoking s'annoncent palpitantes ! Louisa, elle, passe un moment délicieux avec la réalisatrice de Puccini et moi tandis que Stéphane et moi faisons les interviews filmées d'Oliver Stone, Maria Bello et John McLoughlin pour World Trade Center. Stéphane passe de l'enthousiasme à la déconvenue : ému par son entretien avec un des survivants des Twin Towers, il se heurte à une poignée de journalistes cyniques qui ne comprennent pas l'émotion d'un homme prêt à craquer à force de revenir sur la pire journée de sa vie car dixit les journalistes en question : « Il est payé pour ça après tout ! ». La déception s'installe avec son entretien avec Maria Bello qui se montre aussi professionnelle que renfermée. De mon côté, je suis impressionné par la figure de Stone mais le réalisateur commence à saturer et cela se ressent dans l'interview.


Louisa a un sens désastreux de l'orientation mais elle est téméraire ! Après avoir raté Le Dahlia noir au Morny donc (voir samedi), elle nous accompagne le voir au C.I.D., en présence de l'équipe masculine du film (« Mia Kirshner n'est pas là, c'est un scandale ! » grommelle Vincent). Nous arrivons avec une heure d'avance et bien nous en prend ! La queue est impressionnante, la chaleur de ce foutu barnum se rappelle à notre bon souvenir. Les esprits s'échauffent et un confrère sosie de Nicolas le Jardinier, bien remonté, voire aigri, empêche Ilan de nous rejoindre dans la file d'attente. À l'intérieur, belle surprise, seules deux rangées sont réservées. On va pouvoir regarder le film dans les meilleures conditions. Les fans d'Ellroy sont au rendez-vous : standing ovation pour le génie du policier sans concession. Très bon accueil du film par le public, Ilan et Louisa sont conquis. Au moment de quitter le C.I.D., une journaliste demande à Louisa son avis sur Un crime qui doit être projeté juste après, en présence de l'équipe du film. Il lui suffit de raconter l'histoire alambiquée de cette œuvre pour que la journaliste la remercie de lui avoir épargné une attente pénible. Comme quoi la solidarité peut exister dans la presse, n'est-ce pas Nicolas le Jardinier ?


Les choses sérieuses commencent demain avec les films en compétition officielle.

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