Paramount rachète DreamWorks

Erwan Desbois | 19 décembre 2005
Erwan Desbois | 19 décembre 2005

Le deal a été signé le week-end dernier : la Paramount a racheté DreamWorks pour la somme de 1,6 milliard de dollars (environ 1,35 milliard d'euros). C'est la fin du rêve des trois cofondateurs Steven Spielberg, Jeffrey Katzenberg et David Geffen – les initiales « SKG » accolées au nom du studio –, qui s'étaient lancés en 1994 dans le pari fou de créer de toutes pièces une nouvelle « major », ce qui n'avait plus été tenté depuis les années 30.

Malgré une politique agressive placée sous le signe de la prise de risques, couronnée par plusieurs succès à la fois publics et critiques (les deux Oscars successifs du Meilleur Film pour Gladiator en 2000 et American beauty en 2001), et l'appui d'un Spielberg en forme plus « blockbusterienne » que jamais (Il faut sauver le soldat Ryan, Minority report, Arrête-moi si tu peux et dernièrement La guerre des mondes), le studio n'est donc pas parvenu à échapper à la morosité qui plane actuellement sur Hollywood. En effet, à une époque où même les studios historiques ne sont plus maîtres de leur destin mais appartiennent à plus gros qu'eux – la Paramount elle-même est une filiale de Viacom, multinationale présente dans tous les domaines des médias (de l'édition à la télévision), qui finance pour moitié l'acquisition –, la liste des flops cuisants de DreamWorks n'équilibre que trop celle des succès : Le smoking, La machine à remonter le temps, et cet été The island (36 millions de dollars de recettes aux États-Unis pour un budget de 130 millions).

Après la fermeture de ses branches musique et jeux vidéo, c'est donc l'activité cinéma de DreamWorks elle-même qui dépose les armes, avec un passif estimé à quelques 500 millions de dollars de dettes. Signe qui ne trompe pas sur le but de cette acquisition, l'annonce faite immédiatement de la revente dans les prochaines semaines à « un groupe d'investisseurs » (sans plus de précisions) de l'ensemble du catalogue de films de DreamWorks (d'ailleurs, si jamais vous êtes intéressés, la somme visée par Paramount – 1 milliard de dollars pour l'ensemble des 60 films – place le prix moyen d'un film à un peu plus de 14 millions d'euros). Ce que Paramount rachète n'est donc pas les films, mais le carnet d'adresses de DreamWorks, et en premier lieu Steven Spielberg lui-même dont le prochain long-métrage Munich sortira donc sous le giron de la Paramount. Le studio souhaite ainsi porter à une quinzaine son nombre de films produits chaque année, et « améliorer considérablement son créneau dans le cinéma, un objectif stratégique-clé dans la restauration de l'image de Paramount comme leader des loisirs cinématographiques » selon les dires de son PDG Brad Grey. Souhaitons qu'au sein de cet ambitieux programme artistique, les producteurs et réalisateurs affiliés à DreamWorks parviennent à garder tout ou partie de la liberté qui permit la mise en chantier de films moins frileux que chez les concurrents…

Quant à la florissante filiale de dessins animés DreamWorks Animation SKG, qui avait gagné son autonomie à grands coups de Shrek, elle reste indépendante mais avec un contrat de distribution exclusive de ses films par Paramount.

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