Compte rendu du 5 septembre

Laurent Pécha | 6 septembre 2004
Laurent Pécha | 6 septembre 2004

Dimanche, par une journée ensoleillée, festivaliers et vacanciers du week-end attendent les stars. Excitation d'autant plus légitime que le festival fête ses 30 ans et que donc le défilé devrait être prestigieux. Or, que nenni, cela faisait longtemps qu'on n'avait pas vu aussi peu de vedettes américaines sur les planches. Jugez plutôt, puisque la seule star d'envergure à se prêter au jeu des photos et autres conférences de presse fut Matt Damon. Pour le reste, on aura toutefois apprécié la classe de Gene Rowlands. Côté films, le niveau ne semble toujours pas décoller. Si La Mort dans la peau et N'oublie jamais confirment toutefois les espérances placées en eux, les deux films présentés dans la section Avant-Première et Panorama ne marquent pas vraiment les esprits. Ce qui n'est heureusement pas le cas de la section Documentaires, genre qui a décidément le vent en poupe ces temps-ci.

Plympton, l'anti-Disney

Hair high, le nouvel opus de Bill Plympton (L'Impitoyable Lune de miel, Les Mutants de l'espace), est un dessin animé toujours aussi éloigné des standards Disney, comme l'a signalé le réalisateur enthousiaste lors de son discours de présentation. Nous plongeant dans une version trash de Grease (sans les numéros musicaux) avec un zeste de Carrie pour son final revanchard, Hair high reprend les caractéristiques visuelles des précédents films de Plympton, tout en gardant un aspect politiquement incorrect des plus jouissifs. Seulement, cette histoire d'amour teen-ager contrariée a du mal à tenir la distance de l'heure et quart impartie, même si le cinéaste s'offre quelques séquences proprement délirantes, à l'image de celle nous montrant un professeur vomissant intégralement ses organes.
L.P.

Shakespeare in Deauville

Mettant en vedette Kynaston, le plus célèbre acteur de l'Angleterre du XVIIe siècle, connu pour ses interprétations de grands rôles féminins et qui va voir son statut remis en cause lorsque le roi décide d'abolir la loi interdisant aux femmes de jouer au théâtre, Stage beauty nous plonge dans un univers shakespearien tragi-comique. L'auteur de Othello sert ici de background culturel à un film qui décortique laborieusement l'ambivalence des sexes à travers une relation amoureuse pour le moins complexe. En parvenant à réunir une belle et complémentaire distribution (Billy Crudup,Claire Danes, Rupert Everett méconnaissable en Charles II, Tom Wilkinson ou encore Ben Chaplin), le film de Richard Eyre échappe à l'ennui total. Car si le réalisateur soigne sa reconstitution et se montre très à l'aise lors des séquences de théâtre (il n'est pas pour rien le directeur du Royal National Theater), il tâtonne plus d'une fois lorsqu'il s'agit de dépeindre les motivations, doutes et espoirs de ses personnages. En résulte une œuvre bâtarde aux qualités trop alternatives pour être aussi séduisante que le joli minois de Claire Danes. Décidément, après le surestimé et médiocre Shakespeare in love, le dramaturge anglais ne semble pas être une si bonne inspiration pour ses descendants cinématographiques.
L.P.

Sortie France : 30 mars 2005

Femme actrice : mode d'emploi

Avec son documentaire, À la recherche de Debra Winger, Rosanna Arquette n'y va pas par quatre chemins : Une femme peut-elle pleinement s'épanouir tout en étant actrice ? Pour répondre à cette question, Rosanna a fait appel à tout son carnet d'adresses. En résulte les opinions d'une ribambelle d'actrices, depuis sa sœur Patricia jusqu'à la mythique Vanessa Redgrave, en passant par Whoopi Goldberg, Sharon Stone, Meg Ryan, Holly Hunter… Au fils des conversations, toutes sont unanimes : Hollywood est contrôlée par une majorité d'hommes sexuellement frustrés et aux idées préconçues sur la place des femmes au sein des films. Et si cette réponse ne surprend guère, les répercussions sur leur vie quotidienne se révèlent en revanche plus troublantes : la maternité et le vieillissement sont pour ainsi dire considérés comme des handicaps dans l'évolution de leur carrière. Y a-t-il alors un compromis à trouver ? Oui pour les unes mais non pour d'autres, comme Debra Winger qui prit la décision radicale de se retirer de la profession il y a quelques années.

Pour sa première réalisation, Rosanna Arquette laisse tout simplement tourner sa DV pour recueillir les confessions de toutes ces actrices de renom. En résulte un cri du cœur d'1h15, sans le moindre artifice ni langue de bois (mention spéciale à la toujours hilarante Whoopi Goldberg), qui nous offre une autre vision des femmes au sein du Hollywood système, voire du cinéma système tout court (cf. les propos d'Emmanuelle Béart).
S.A.

Sortie France : Mars 2005

La guerre selon Bush

Le deuxième effet Michael Moore aurait-il encore frappé ? Oui et non, car autant le Fahrenheit 9/11 de Moore était une véritable campagne anti-Bush, autant Uncovered : The War on Iraq se veut une analyse la plus impartiale possible, à défaut d'être exhaustive de toutes les mauvaises raisons pour lesquelles les États-Unis sont entrés en guerre contre l'Iraq. Epaulé par toute une batterie d'anciens membres de la CIA et de la Défense (directeurs, analystes, agents de liaisons et de terrain…), le réalisateur Robert Greenwald va donc chronologiquement et durant 90 minutes « démonter » une par une toutes les déclarations officielles de l'administration Bush. On pourra reprocher à cette succession de récusations de disposer d'un rythme beaucoup trop soutenue, mais après tout, contrecarrer trois années de mensonges balancés à la face du peuple américain (et du monde) en si peu de temps n'est finalement qu'un juste retour des choses.

La conclusion de Fahrenheit 9/11 et de Uncovered : The War on Iraq est donc la même : Georges W. Bush est parti en guerre sur la base de mensonges fomentés de toute pièce en guise de justificatifs. Mais là où Fahrenheit tire sur la corde sensible en manipulant à son tour certains faits, Uncovered joue à 100 % la carte de la neutralité et de l'impartialité. Deux documentaires complémentaires donc !
S.A.

Pour retrouver tout le programme du 30è Festival du film américain de Deauville et tous les articles de notre équipe rédactionnelle présente sur place, lisez le Panorama du Festival.

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