Cannes 2023 : on a vu Anatomie d'une chute, la Palme d'or française de Justine Triet

Alexandre Janowiak | 27 mai 2023 - MAJ : 13/06/2023 15:50
Alexandre Janowiak | 27 mai 2023 - MAJ : 13/06/2023 15:50

Ecran Large est de retour sur la Croisette pour l’édition 2023 du Festival de Cannes. Entre cinéastes confirmés et jeunes talents prometteurs, la centaine de films sélectionnés a de quoi donner le tournis. Après l’ouverture de Maïwenn, Jeanne du Barry, c’est l’heure de revenir sur Anatomie d’une chute. Trois ans après Sibyl, la réalisatrice française Justine Triet était donc encore en course pour la Palme d'or avec ce film de procès fabuleux et est repartie avec la prestigieuse récompense.

 

 

De quoi ça parle ? Sandra, Samuel et leur fils de 11 ans, Daniel, vivent depuis un an loin de tout, à la montagne. Un jour, Samuel est retrouvé mort au pied de leur maison. Une enquête pour mort suspecte est ouverte et le doute s'installe : était-ce un suicide, un accident ou un homicide ?

C’était comment ? Anatomie d'une chute démarre dans le confort paisible d'un chalet. Deux femmes, la célèbre écrivaine Sandra (Sandra Hüller) et une universitaire, discutent et font connaissance autour d'un verre pour mieux débuter l'interview à venir. Puis soudain, une musique assourdissante vient envahir cette zone de confort. Et alors qu'elles tentent d'en faire abstraction, le capharnaüm se révèle invivable et vient stopper net leur échange, obligeant la jeune universitaire à quitter les lieux.

Cette musique, une version instrumentale du PIMP de 50 Cent, est écoutée en boucle et à tue-tête par le mari de Sandra, Samuel (Samuel Theis), en pleins travaux de rénovation dans les combles du chalet. En quelques secondes, Justine Triet place donc ses pions, dévoilant les fêlures d'un couple en opposition totale (à première vue en tout cas) et dont l'amour semble brisé, l'entente en train d'imploser. Au milieu d'eux se trouve leur jeune fils, Daniel (Milo Machado Graner), quasi aveugle. Parti en balade avec son chien pour fuir le tintamarre, il découvre le corps sans vie de son père à l'extérieur à son retour, lançant l'enquête et le mystère à venir : a-t-il chuté du troisième étage où il travaillait ou a-t-il été poussé ?

 

Anatomie d'une chute : photoSous le choc

 

En sept minutes chrono et un superbe générique racontant l'histoire du couple à travers ses photos de famille, Justine Triet lance ainsi les hostilités avec brio. Car Anatomie d'une chute démarre évidemment comme une enquête, mais va rapidement basculer dans le film de procès. Le scénario co-écrit par Justine Triet et Arthur Harari est en effet d'une précision chirurgicale ou, plutôt procédurale, et va explorer les tenants et aboutissants de cette chute pour tenter d'élucider son labyrinthe psychologique complexe, et surtout, faire de cette chute initiale un ressort majeur des enjeux en cours.

Comme l'explique la cinéaste dans le dossier de presse : "L’idée, c’était de raconter la chute d’un corps, de façon technique, d’en faire l’image de la chute du couple, d’une histoire d’amour". Il n'est pas utile de trop en révéler ici pour laisser le plaisir de la découverte aux spectateurs. En revanche, on peut dire que c'est ce qui rend le film de la cinéaste française profondément passionnant et lui insuffle une vraie densité, où chaque détail a son importance. Il faut dire que l'ensemble est bien aidé par la mise en scène proche des personnages, les observant parfois contre leur gré, pour saisir leur doute, ambigüité, sourire de circonstance ou pleurs de détresse.

 

Anatomie d’une chute : photoAutopsie d'un décès

 

En prenant le contrepied des prérequis du genre (la victime est un homme, l'accusée est une femme), Justine Triet vient interroger la société française et notamment le regard qu'elle porte sur les femmes. Car le personnage de Sandra est progressivement jugé pour ses attitudes, ses choix de vie (sexualité, maternité, liberté artistique…) plus que pour les faits dont elle fait l'objet dans son procès. Une manière d'étudier avec intelligence les contradictions de notre système et plus encore, de jouer un peu sur la manière dont on crée une histoire, la comprend, l'interprète, la met en scène (les fascinantes scènes de reconstitution), voire la manipule.

Bien sûr, avec un ton très procédural, quasi-documentaire, le film est un peu froid et manque régulièrement d'émotions, malgré des personnages passionnants. Rien qui ne l'empêche d'être un grand film sur la justice, et ce d'autant plus grâce à la performance de son actrice principale : Sandra Hüller. Déjà à l'affiche de l'énorme choc The Zone of Interest, l'actrice démontre qu'elle sait tout faire. Capable de jouer dans toutes les langues (ici français et anglais, et elle jouait en polonais dans le film de Glazer), elle s'offre corps et âmes dans Anatomie d'une chute et faisait d'ores et déjà parti des favorites à un prix d'interprétation en fin de festival. Le film a donc finalement reçu la Palme.

Et ça sort quand ? En France, le film sortira le 23 août au cinéma.

Tout savoir sur Anatomie d’une chute

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commentaires
Sanxhez
28/05/2023 à 17:02

Hâte ! Pourtant Victoria et sybil c’était pas vraiment ouf à part pour virginie hot saucisse dans les 2