PIFFF 2022 : on a vu Detective vs. Sleuths, un polar HK survolté à l'ancienne

Mathieu Jaborska | 10 décembre 2022
Mathieu Jaborska | 10 décembre 2022

Voir du bon gros polar d'action HK à l'ancienne en salles, c'est encore possible au PIFFF. La preuve avec Detective vs. Sleuths.

On nous le fait souvent remarquer en commentaire : il n'y a pas qu'Avatar dans la vie. C'est pour ça qu'entre deux articles sur les boulons de la caméra de James Cameron, on s'exile au Paris International Fantastic Film Festival, PIFFF pour les intimes, où sont projetés du 6 au 12 décembre pépites fantastiques et exports bienvenus.

Outre le film d'ouverture, le très sympathique Shin Ultraman (dont nous avions déjà parlé à l'issue de sa projection aux Utopiales), les industries asiatiques sont encore largement à l'honneur hors compétition, avec le nippo-coréen Missing, excellente surprise aux ruptures de ton archi-maîtrisées et le Chinois (enfin hongkongais) Detective vs. Sleuths. Le long-métrage réalisé par Wai Ka-fai était très attendu par les amateurs de cinéma HK de la grande époque, en raison de sa filiation avec un certain Mad Detective...

 

Detective vs. Sleuths : photo, Ching Wan LauFlingue frontal

 

Mad Detective, c'est peut-être l'oeuvre la plus connue de ce brave Wai Ka-fai, pour toujours associé à son collègue Johnnie To, puisqu'il a co-fondé sa légendaire société de production Milkyway Image et l'a secondé ou accompagné à de très multiples reprises. Les deux cinéastes ont mis en scène ensemble plus d'une dizaine de films, sans compter les réalisations de Johnnie To écrites par Wai Ka-fai, comme Drug War en 2012. C'est également ensemble qu'ils ont mis en scène Mad Detective en 2008, thriller pop devenu un modèle de divertissement post-Rétrocession aux yeux de ses admirateurs.

Premier long-métrage solo du réalisateur depuis Written By en 2009, Detective vs. Sleuths reprend peu ou prou le même principe, avec toujours le génial Ching Wan Lau (vu récemment dans le blockbuster Warriors of Future) dans un rôle de détective aux pouvoirs paranormaux que personne ne prend au sérieux. Le comédien semble d'ailleurs ravi de reprendre son personnage de doux dingue en uniforme puisqu'il est une fois de plus en surrégime absolu, hurlant les répliques de ses ennemis imaginaires dans les rues de Hong-Kong.

 

Detective vs. Sleuths : photoBurn, baby burn

 

Mais c'est plus une suite spirituelle qu'un remake, puisque très vite se dessine la confrontation du titre, entre une bande de justiciers qui se fait appeler "les élus" et la police locale. Avec, en guise de hache de guerre promptement déterrée, une suite de meurtres en apparence sans connexions, ni une ni deux, le récit déploie son intrigue à toute berzingue. Il enchaine à un rythme effréné de bonnes idées (comme ces fusillades entre lance-roquettes et doigts tendus) qui laissent sur les rotules... mais divertit sans discontinuer pendant plus de 1h30 à grand renfort de twists enchâssés et de poursuites délirantes, et ce jusqu'à un climax qui explose de partout, littéralement.

Une gigantesque course toute en plans débullés et en écarts audacieux, qui entend bien rendre hommage à l'âge d'or du polar HK (en plus d'un clin d'oeil amusant à Memories of Murder), et notamment aux carrières de Johnnie To et John Woo, dont le À toute épreuve plane sur le dernier acte. Un régal de samedi soir qui prouve une fois de plus que le cinéma hongkongais n'est pas mort avec la Rétrocession et qu'il parvient même parfois à retrouver la fougue des années 1980 et 1990... à condition d'omettre sa valeur transgressive. Parfois spectaculaire, mais totalement inoffensif, le cinéma hongkongais continue tant bien que mal à secouer les programmations de festivals européens. Et tant mieux.

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
The Moon
11/12/2022 à 18:30

Hk video forever...