Sorties Cinéma du 23 novembre : Le Menu, She Said, Bones and All...

La Rédaction | 23 novembre 2022 - MAJ : 24/11/2022 07:08
La Rédaction | 23 novembre 2022 - MAJ : 24/11/2022 07:08

Quelles sont les sorties cinéma de la semaine du 23 novembre ? Le Menu, She Said, Bones and All...

Chaque semaine, Écran Large fait son marché dans les salles de cinéma, et sélectionne quelques sorties intéressantes et films incontournables (pour de bonnes ou mauvaises raisons). Avec des cannibales, des gens qui mangent (mais pas des gens), un opéra rock dans le Japon du 14e siècle, un procès pour meurtre, un réalisateur contre l'oppression et le post #Metoo.

 

Bones and All : photo, Timothée ChalametTimothée Chalamèche


LES SORTIES QU'ON CONSEILLE

BONES AND ALL

Durée : 2h10

 

 

De quoi ça parle : Maren part à la recherche de sa mère et rencontre Lee, un adolescent à la dérive qui va l’embarquer dans un road trip enflammé sur les routes de l’Amérique profonde. Leur amour naissant sera-t-il suffisamment fort pour résister à leurs démons, leur passé et le regard d’une société qui les considère comme des monstres ?

Pourquoi il faut le voir : Près de six ans après le drame romantique Call Me by Your Name, Luca Guadagnino retrouve la jeune coqueluche hollywoodienne Timothée Chalamet pour une seconde collaboration simultanément intime et viscérale. Par le prisme de ce nouveau métrage adapté du roman homonyme de Camille DeAngelis, le cinéaste italien explore un nouveau versant des aléas du désir et autres questionnements identitaires familiers à son oeuvre. À la croisée de multiples identités, empruntant aux codes du film de genre, du road trip ou encore du coming of age, Bones and All dépeint avec une tendresse inattendue le parcours initiatique de deux individus consumés par la solitude et d’irrésistibles désirs anthropophages.

S'il souffre malheureusement son lot de lacunes narratives (oubliant plus que de raison d'éclairer a minima le spectateur sur l'existence et les caractéristiques des fameux "mangeurs"), le métrage comble partiellement ces dernières par la mise en scène poétique de Guadagnino et les performances touchantes de son duo principal. La jeune Taylor Russell (déjà à la tête de l’hypnotisant Waves en 2020) incarne ainsi son personnage avec une jolie sensibilité, laquelle trouve son point d’orgue à l'occasion d'une séquence finale bouleversante. Chalamet témoigne quant à lui une fois de plus de son habilité à donner corps à des personnages à la vulnérabilité épidermique. Bien que scénaristiquement superficiel, Bones and All n'en demeure pas moins une expérience organique (dans tous les sens du terme) qui manque certes un peu de sang, mais certainement pas de coeur.

La note d'Écran Large : 3/5

Notre critique de Bones and All 

 

LE MENU

Durée : 1h 48min

 

 

De quoi ça parle : Un couple se rend sur une île isolée pour dîner dans un des restaurants les plus en vogue du moment, en compagnie d’autres invités triés sur le volet. Le savoureux menu concocté par le chef va leur réserver des surprises aussi étonnantes que radicales...

Pourquoi il faut le voir : Récemment, réalisateurs et acteurs de comédie se sont essayés au genre. Et ça a donné Joker de Todd Philips ou encore l’émergence de Jordan Peele. Maintenant, c’est au tour de Mark Mylod (Ali G et réalisateur pour des épisodes de Game of ThronesShameless ou encore Succession) de s’essayer au thriller (culinaire) horrifique avec Le Menu, porté par d’excellentes performances que l’on doit à un casting royal chaud bouillant. À la carte, Ralph Fiennes en chef sensible, méticuleux et psychorigide face à une Anya Taylor-Joy rebelle et son Nicholas Hoult toujours excellent pour nous donner envie de lui asséner des gifles passibles d’exclusion de cérémonies. 

Si ses personnages, les mystères qu’ils cachent et les multiples rebondissements sont cramés avec leurs grosses ficelles, le récit se rattrape par le discours acide et radical qu’il porte sur les 1% et le monde de la cuisine. Hélas, cela limite le développement de ses personnages, mais pour se racheter, il peut compter sur des séquences inspirées toutes plus spectaculaires les unes que les autres, servies avec vigueur, énergie et un zeste d’humour noir so british hilarant. Enfin, la proposition peut se targuer de faire évoquer des titres comme Saw, Hunger Games, La Cabane dans les bois ou encore Midsommar et Sans filtre sauce Top Chef, pas mal non ? À déguster sur place au cinoche pendant que c’est encore chaud.  

La note d'Écran Large : 3/5

Notre critique du Menu

 

AUCUN OURS 

Durée : 1h 47min

 

 

De quoi ça parle : Dans un village iranien proche de la frontière, un metteur en scène est témoin d’une histoire d’amour tandis qu’il en filme une autre. La tradition et la politique auront-elles raison des deux ?

Pourquoi il faut le voir : Tant pour son aura que sa puissance insoupçonnée, il est nécessaire aujourd’hui et plus que jamais de découvrir un Jafar Panahi en salles, en particulier ce dernier film : Aucun ours. Désormais emprisonné, le réalisateur iranien était déjà sujet à de vives restrictions alors qu’il réalisait ses récents longs-métrages, dont celui-ci. Panahi s'y met lui-même en scène dans un documenteur plein d’ambiguïtés. Forcé de devoir diriger ses comédiens en visioconférence depuis un petit village perdu près de la frontière, il est confronté à deux réalités – chacune incarnée par une histoire d’amour tragique, contrariée par la violence de son pays.

Aucun ours est un long-métrage troublant dans lequel il n’est pas confortable de s’installer. C’est un étrange montage de vérités et de mensonges, le panorama d’un monde dont même Panahi doute. Médusé par des acteurs qu’il tente de diriger sans en percevoir la profonde douleur humaine, le cinéaste s’autocritique quasiment jusqu’à parvenir à un fascinant point de non-retour dans son film. Les conséquences des traditions et du politique sont inexorablement violentes : il ne peut alors plus ni les filmer frontalement ni les fuir. Il y a une cassure dans Aucun ours, et une inquiétude sinistre qui désempare. Une angoisse plus légitime encore au regard du destin de son réalisateur et des récents évènements en Iran.

La note d'Écran Large : 3,5/5 

 

SHE SAID

Durée : 2h09

 

 

De quoi ça parle : L'enquête des deux journalistes du New York Times, Megan Twohey et Jodi Kantor, ayant mis en lumière les agissements de Harvey Weinstein et qui mènera à un grand bouleversement de société.

Pourquoi il faut le voir : Parce que She Said est une petite leçon d'économie de cinéma. Comment Maria Schrader, la réalisatrice allemande, raconte une longue investigation difficile à rendre passionnante (des coups de fil, des échanges, des écritures d'articles...) en un véritable thriller sur un véritable tournant du monde. Indiscutablement, ce long-métrage est un des plus réalistes sur la ténacité du métier de journaliste, même si la mise en scène repose sur un dispositif classique peu attrayant au premier abord.

Car en plus de raconter le récit passionnant de cette enquête rigoureuse et coûteuse, She Said immortalise comme rarement le courage quotidien des femmes, qu'il s'agisse de celui des deux journalistes devant composer avec leur vie pro et perso (sans répit) ou celui des victimes de Weinstein, dont la voix a été étouffée contre leur volonté. Mené par les excellentes Zoé Kazan et Carey Mulligan, le film parvient alors à capter une sororité naturelle et tangible sans aucun effet de manche, tout en livrant un message universel sur l'importance de briser le silence et de mener des combats.

La note d'Écran Large : 4/5

Notre critique de She Said

 

INU-OH

Durée : 1h37

 

 

De quoi ça parle : d'un garçon monstrueux et masqué qui fait la connaissance d'un joueur de Biwa. Tous les deux, ils vont s'affirmer et surtout proposer un spectacle unique.

Pourquoi il faut le voir : Parce que c'est une petite pépite d'animation signée Masaaki Yuasa, réalisateur et animateur qui ne recule devant aucune audace, y compris celle de mettre en scène une sorte de gigantesque opéra rock anachronique et délirant, dont le rythme effréné ne ralentit qu'une fois le générique de fin terminé. La série Devilman Crybaby et le long-métrage Ride Your Wave avaient déjà témoigné de sa créativité récente, mais Inuh-Oh va plus loin encore.

La seule logique qui anime l'ensemble, c'est la volonté de concilier l'inconciliable, visuellement, musicalement, historiquement dans un gigantesque festin rock, dont la puissance provocatrice a pour objectif de rendre leur puissance aux petites gens et faire sauter un pouvoir mensonger. Vous l'aurez compris : c'est un pur film punk comme on en voit plus que très rarement.

La note d'Écran Large : 4/5

Notre critique d'Inu-Oh 

 

SAINT OMER

Durée : 2h02

 

 

De quoi ça parle : Rama, romancière d’une trentaine d’années, assiste au procès de Laurence Coly aux assises de Saint-Omer. Celle-ci est accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant sur une plage du nord de la France, au moment où la marée montait.

Pourquoi il faut le voir : Parce que Saint Omer est le premier long-métrage de fiction réalisé par Alice Diop, mais qu'il est parfaitement ancré dans l'héritage naturaliste, mais aussi sensible, du documentaire selon sa cinéaste. La réalisatrice des très beaux Vers la tendresse et La Mort de Danton use de son découpage précis, de sa rythmique implacable et de son sens du verbe pour immerger les spectateurs dans la violence de ce procès, parfois avec brio, parfois un peu plus d'académisme, mais toujours avec rigueur et sincérité.

Par ailleurs, l'une des plus belles surprises du film reste son casting, notamment illuminé par la prestance et l'opacité de Guslagie Malanda, interprète de Laurence Coly. L'actrice donne de la densité et de la chair à ce personnage passionnant, quelque part entre Médée et L'Étranger de Camus. Une protagoniste à l'image du film : plus dense et mystérieuse qu'on ne pourrait le croire, Saint Omer tendant parfois presque au film de genre grâce à sa musique, certaines de ses images et sa façon de filmer la disparition et la peur de la filiation.

La note d'Écran Large : 3,5/5

Notre critique de Saint Omer

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