Jeepers Creepers: Reborn prouve qu'il est toujours possible de faire pire

Mathieu Jaborska | 7 novembre 2022 - MAJ : 07/11/2022 18:43
Mathieu Jaborska | 7 novembre 2022 - MAJ : 07/11/2022 18:43

Un nouveau rejeton de la saga Jeepers Creepers, Jeepers Creepers: Reborn, débarque en vidéo, sans Victor Salva et sans intérêt non plus.

Aussi réussis que soient les deux premiers volets, la franchise Jeepers Creepers a toujours été un peu à part pour les amateurs d'horreur. Son réalisateur Victor Salva ayant été reconnu coupable d'agression sexuelle sur mineur (sur le plateau de l'un de ses précédents longs-métrages) et de détention de pédopornographie, la lubricité flagrante du boogeyman et la naïveté juvénile de ses victimes prennent une dimension glauquissime. Le fameux Creeper n'est absolument pas un monstre comme les autres.

 

Jeepers Creepers, le chant du diable : photo, Justin LongCreep(er)

 

Le passif du réalisateur ne l'a pas pour autant empêché de tourner de nombreux films, du moins jusqu'à la production interminable et laborieuse de Jeepers Creepers 3, ralentie, entre autres, par l'avertissement lancé en pleine phase de casting par le syndicat Union of British Columbia Performers. Ce troisième opus est toutefois sorti en 2017, presque 15 ans après le deuxième. Et il est raté de bout en bout. Affaibli par des changements incessants de direction et un budget revu à la baisse, il est aussi bancal que hideux.

Une catastrophe qui n'a pas pour autant enterré l'épouvantail ailé. Avant même que Jeepers Creepers 3 ne déçoive les quelques fans qu'il restait à la licence, Salva prévoyait déjà Jeepers Creepers 4, du moins c'est ce qu'affirmait la comédienne Gina Philips chez Diabolique magazine en 2017. Sauf qu'il n'est finalement pas à l'initiative du repris de justice, ce qui en a soulagé plus d'un. Que s'est-il passé ? Eh bien c'est précisément ce que tente de déterminer le procès qui oppose Myriad Pictures, Inc. et Infinity Films Holdings, repéré par le youtubeur Critical Overlord. Le premier accusant apparemment le second d'avoir tourné ce nouveau long-métrage en secret et au mépris de ses droits sur la franchise.

 

Jeepers Creepers: Reborn : photo, Sydney Craven, Imran AdamsAu menu du jour

 

Cela n'a pas empêché Jeepers Creepers: Reborn, premier volet d'une potentielle trilogie selon Variety, de sortir aux États-Unis, puis en France. Toute considération juridique mise à part, relancer la saga sans son créateur ne pouvait que lui faire du bien. C'était sans compter sur le je-m'en-foutisme de ses producteurs (parmi lesquels se trouvent pourtant des figures assez renommées) et de son scénariste Sean-Michael Argo, ancien de la Défense nationale (dixit sa page IMdB) reconverti dans la production et l'écriture de gros bis racoleurs dont vous n'avez probablement jamais entendu parler.

Et il ne pouvait même pas compter sur le réalisateur Timo Vuorensola pour sauver son texte, celui-ci ayant commis un autre sommet de cynisme mercantile : le diptyque Iron Sky. Autant dire qu'il y a autant de passion dans Jeepers Creepers : Reborn que de sincérité dans une campagne électorale, et ça se voit.

 

Jeepers Creepers: Reborn : photo, Sydney CravenUn décor inspiré

 

Le film bouffe à tous les râteliers modernes, du fan service outrancier (l'ouverture rejoue le début du premier volet), au sous-texte méta complètement inutile, en passant par des références contemporaines qui ont fait leurs preuves au box-office (l'escape game), mais qui cachent en fait un slasher des plus programmatiques, lequel commence en plus à la moitié du métrage. De la portée mythologique du Creeper, légende urbaine ressurgissant tous les 23 ans, ils ne gardent que sa soif de sang, à condition qu'il puisse se satisfaire de ces timides effusions gore. L'action à ciel ouvert, qui démarquait la saga jusque là, laisse place à un huis clos impersonnel. Bref, tout ce qui faisait l'identité de Jeepers Creepers a disparu.

Pour accomplir l'exploit de faire pire que le 3e volet, il fallait non seulement ignorer ceux qui continuent à suivre la licence, mais aussi les mépriser, et tant qu'à faire regarder de haut les amateurs de cinéma d'horreur en général. En dépeignant les cinéphiles comme des vaches à lait stupides, ridicules et imbues d'elles même, Reborn parvient à insulter précisément les seules personnes qui daigneront lui accorder leur attention. Peut-être n'est-ce pas la meilleure des manières de débuter une trilogie. Pour ce qui est de se placer en tête des produits les plus détestables de l'année en revanche, c'est réussi.

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commentaires
Fridrich
28/10/2023 à 21:30

We live in a society

Mainteemo
13/11/2022 à 16:42

Alors tous ce que dis l'article est vrai ,mais il a skip la scène où le film à dit it
"It's chiing time" et ou après il s'est mis chiez sur tous l'écran .Elle était géniale

Morelia
09/11/2022 à 16:01

J'ai vu ce dernier film, et dès le début, on constate qu ils avaient clairement décidé de chier sur la mythologie du creepers
Pire même, de cracher sur les fondamentaux des films d horreur...

On ne montre pas la créature d entré de jeu, d autant si elle est aussi mal faite.

Toute la mythologie du creepers passe à la trappe,on apprend par exemple que maintenant ils sont plusieurs creepers, qu ils laissent trainer leurs joujoux partout à la vue de tous et qu ils tuent sans aucune raison....

On devrait prendre les fautifs de cet étron par les organes génitaux

Ethan
08/11/2022 à 23:09

Gina Philipps ♡

Liojen
08/11/2022 à 18:06

Dès l’intro ya rizn qui va. J’ai arrêté au bout de 20 trèèèèès longues et laborieuses minutes.

Morcar
08/11/2022 à 09:29

Comme @JR, j'en était resté sur le 2 et avait loupé toutes les autres infos depuis.
Mais bon, a priori c'était très bien comme ça. Donc on va toujours en rester au 2.

Thekiller
08/11/2022 à 02:13

Vive #metoo...

zetagundam
07/11/2022 à 21:27

Le 1er Iron Sky est aussi réussi que le 2dn est une bouse infâme

JR
07/11/2022 à 20:51

Alors la, j'apprends beaucoup de choses.
Je ne savais pas qu'il y avait eu un 3, j'étais resté (il y a fort longtemps) sur l'idée d'un projet.
La bande annonce donne très peu envie.
Je découvre ce navet qui sort.
Et, dérangeant, les goûts odieux de Salva.

Trop d'infos a digérer pour le coup.

Blockbuster
07/11/2022 à 20:43

On peut supposer que l'absence de notation veut tout dire ahah, et je ne vous en veux pas, s'il était possible de mettre zéro étoile ou moins je l'aurais fait. (pourtant fan de la saga).
Les deux premiers étaient géniaux, et puis avec cette mythologie il y avait de quoi faire quelque chose de vraiment dantesque pour le retour du creeper. Confier l'univers à blumhouse ou à James wan par exemple.

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