Le cinéma français dévoile ses chiffres les plus mauvais depuis 40 ans

Léo Martin | 7 octobre 2022 - MAJ : 17/11/2022 18:31
Léo Martin | 7 octobre 2022 - MAJ : 17/11/2022 18:31

Malgré le succès du retour d’Avatar dans nos salles, ce mois de septembre a été l’un des plus désastreux pour les cinémas français en quarante ans.

Malgré la plutôt bonne dernière semaine pour le box-office français et les nouveaux records battus par Avatar, le CNC vient d’annoncer des chiffres plutôt déprimants quant à la fréquentation de nos cinémas au mois de septembre 2022. En préambule, rappelons que la programmation est par définition un domaine volatile et que les contre-performances d'un mois ne sont pas forcément annonciatrices de la tendance des suivants.

Selon le CNC, seulement 7,38 millions d’entrées ont été enregistrées durant ce dernier mois de septembre. Il s’agirait ainsi du troisième pire mois de septembre constaté depuis 1980, le début des statistiques mensuelles. Si on décide de ne pas tenir compte du mois de septembre 2020 (le plus impacté par la pandémie), il s’agit du deuxième plus mauvais mois historique. Des chiffres d'autant plus inquiétants quand on rappelle que septembre 2021 avait enregistré 9 millions d’entrées, et ce malgré le passe sanitaire décrié par une partie des spectateurs potentiels. 

 

 

Alors on s’y attendait, 2021 comme 2022 pouvaient difficilement pu égaler les scores des années qui ont précédé la pandémie. Entre les restrictions sanitaires et la conquête accélérée des plateformes de streaming, la configuration est devenue décidément défavorable aux cinémas. Mais dans les faits, pourquoi ce mois de septembre 2022 a fait encore moins bien ? Il a en effet subi une baise de 20,7 % de la fréquentation des salles par rapport à 2021.

Nul doute que chacun aura sa petite opinion sur le sujet. Toutefois, si l’on observe la réalité des chiffres, il n’y a pas besoin d’aller chercher très loin les réponses. D’abord, prenons en compte que durant les cinq premiers mois de 2021, les salles de cinéma étaient fermées et que, malgré le pass sanitaire, on ne peut sous-estimer un certain engouement des spectateurs à y retourner après une si longue absence. Surtout face aux plus grosses sorties. Car oui, septembre 2021 n'a pas été maigre et à vu, entre autres, le démarrage de Shang-Chi et la légende des Dix Anneaux et d’un petit film appelé Dune.

 

Dune : photoLa rentrée 2021

 

La rentrée 2022 a été plus timide. Pas de gros blockbuster depuis Top Gun (hormis Avatar, mais ça reste quand même une ressortie limitée à deux semaines) et malgré les honorables scores de Kompromat ou du Visiteur du futurla programmation n’est tout simplement pas parvenue à attirer le public en salles.

D’après JP’s Box-Office, le mois de juin 2022 a été l’un des meilleurs en termes de fréquentation des salles de cinéma françaises depuis 2012. Encore une fois, tout dépend d’une question de programmations des films, mais aussi de facteurs variables et dépendant des mois. La vraie question ne se situe pas au niveau des cumuls mensuels, mais plutôt à la moyenne par année. Pour le coup, le bilan est assez mitigé, mais pas non plus désespérant.

 

Jurassic World : Le Monde d'après : photo, Bryce Dallas HowardMême Jurassic World a aidé les cinémas à garder la tête hors de l’eau

 

A l’heure actuelle, 2022 a déjà enregistré plus d’entrées que 2021 et engrangés plus de recettes. Heureusement cela dit, puisque 2021 n’a pas eu de cinémas ouverts pendant presque la moitié de l’année. Néanmoins nous enregistrons cette année le record du plus grand nombre de semaines à moins de 2,5 millions d’entrées depuis la fin des années 90. Malgré quelques périodes plus heureuses – aidées par les blockbusters – les salles de cinéma sont toujours en peine et ce ressenti tangible donne aux derniers chiffres du CNC un aspect alarmant.

On sait que depuis la réouverture et la montée en puissance de la SVoD, la plus sévère hémorragie de spectateurs est venue, non pas des jeunes que les exploitants craignaient pas de ne pas voir revenir, mais du côté des seniors et quarantenaires, traditionnellement très attachés à la salle... qui ont tout simplement renouvelé leurs habitudes. Toutefois, le fait que les anciens drogués du cinéma art et essai se soient trouvés un produit de subtstitution n'explique pas tout, loin s'en faut.

 

Jenna Ortega : photo, ScreamAttention, derrière toi, une plateforme !

 

Se pose évidemment la question énoncée plus haut de l'attractivité de la production, mais avant de trancher une question aussi subjective, il faudra se poser celle des courroies de transmission. Comment les distributeurs et la presse peuvent-ils parler mieux des films, et comment assurer à ce dernier une visibilité ? Le grand-public a-t-il ne serait-ce que l'opportunité de prendre connaissance des films disponibles sur grand écran ? Autant de réponses qui attendent urgement de trouver des réponses, quand bien même elles ne réjouiront pas tous les acteurs du secteur.

Alors le FNCF réfléchit, cherche des solutions (comme récemment au congrès des exploitants) tandis que d’autres cherchent des coupables. D’après les sondages du CNC, beaucoup de français admettent avoir simplement perdu l’habitude d’aller en salle (pour gagner l’habitude des plateformes) tandis que certains déplorent le prix du billet de cinéma. Pendant ce temps, le cinéma français est souvent pointé du doigt, désigné comme le responsable idéal. Vous aurez pourtant peut-être remarqué que beaucoup de films français ont été cités plus haut dans ce papier, et souvent comme des points forts de notre box-office. 

Enfin, tous ces chiffres risquent de faire couler beaucoup d’encre et d’ouvrir encore le débat, on est certain. Avec la panique de la sortie ou non du prochain Black Panther 2, tout se bouscule et l'industrie du septième art a besoin plus que jamais de soutien. 

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commentaires
Joseph
10/10/2022 à 20:28

Pas d'incivilité pour moi simplement la nullité des films français.

mimi siku
10/10/2022 à 18:08

Pour ma part, ancien gros consommateur de cinéma - peut être pas autant que Sebseb - ça fait une dizaine d'années que je déserte progressivement les salles.
Même constat que plus bas, des incvilités : bruit, lumière des écran de smartphone et j'ai même eu droit à des fumeurs. Le tout pour 10 € la place.
Après la qualité des films français c'est encore un autre sujet.

gabbagabba
10/10/2022 à 14:10

@Miss M tu dois surement pas faire allusion aux anneaux du pouvoir.

SebSeb
10/10/2022 à 14:10

200 films/an à Paris depuis 20 ans, j'ai jamais eu autant à reprendre les gens que ces 3 derniers mois : jeunes ou vieux qui bouffent dans des paquets de chips en se foutant du bruit pour les 50 personnes autour (et personne d'autre qui moufte, l'hallu !) ou qui matent leurs tels en pleine séance, clairement y aurait besoin d'un film éducatif avant le début de chaque film genre "t'es pas dans ton salon donc respecte les autres et fait pas de bruit". La base.

Après c'est effectivement l'offre en grand spectacle fédérateur qui est très pauvre, ça manque aussi bien côté US que français, sauf que côté français ça fait 20 ans que ça dure (je ne compte pas les comédies grasses abusant du mépris de classe dans leur conception de notre société). Et si on ajoute le prix pour du tarif occasionnel et non des carnets de 5 ou 10 places, va falloir que les exploitants se sortent les doigts pour rerendre tout ça attractif. A 4, 5 ou 6 balles, les spectateurs se poseraient moins de question.

Miss M
10/10/2022 à 12:43

Le cinéma est trop cher, le public bien trop merdique. Depuis 5/6 ans je n'ai plus une seule séance sans portables qui sonnent, coups de pieds dans le dossier arrière, discussions dans la salle. Et à presque 13€ la place plus les frais de déplacements, oui, j'y réfléchis à plus que 2 fois avant de sortir ma CB. Quant à la prog... Une fois qu'on enlève les blockbuster et les comédies françaises, il ne reste pas grand chose.
Et puis perso, bien avant le covid, j'avais développé un appétit de plus en plus croissant pour les séries; formats qui permettent un développement plus profond des lignes de scénarios et la redécouvertes de certains acteurs souvent mal utilisés au cinéma.

pop
09/10/2022 à 21:03

A mon époque on allait au ciné en famille, il y avait toujours un Oury ou un Zidi à l'affiche.
Maintenant c'est 50 € la sortie en famille et frappe toi un film bien moisi et une salle irrespectueuse.

Eddie Felson
09/10/2022 à 11:32

@Ethan
Toujours ta fixette sur le gouvernement et le covid! Je vois pas le rapport entre ce que tu évoques et mon rapport aux salles! Que certains préfèrent regarder leur mur chez eux qu’un écran géant avec un public en sortant de chez eux c’est leur problème et pas le mien. Chacun voit midi à sa porte mais il est trop facile et stupide d’en reporter la faute sur le gouvernement. En période de covid moi aussi j’ai trouvé stupide cette fermeture des salles. Reste qu’aujourd’hui elles sont ouvertes et c’est un choix que le consommateur fait et qu’on ne lui impose pas… tu choisis d’aller en salle ou pas. Chacun fait ce qu’il veut mais ça n’est pas la faute du voisin …enfin pas pour certains!

Alexandre Bahloul
09/10/2022 à 00:37

Emperorkouado NM 08/10/2022 à 16:58
" Si les cinémas français sont en crise, c'est à cause de la qualité du cinéma français, tout simplement. "

https://www.youtube.com/watch?v=Q_9VMaX61nI

Frédéric Marteau
08/10/2022 à 21:51

Heu...
Vous avez déjà oublié qu'un certain gouvernement dont la tête de gondole a été /mal/ réélu, nous a enfermé par deux fois et demie chez nous, comme au bon temps du Moyen-âge ?

Et qu'en plus ils ont fermé tout ce qui n'était pas essentiel, sous-titré, tout ce qui pouvait aider à se détendre et à se cultiver. Le cinéma n'est pas le seul secteur dans lequel la politique de LaRem a eu des effets désastreux. J'ai plein de potes comédiens et musiciens qui sont au RSA désormais parce qu'ils ont simplement baissé les bras.

Les responsables /pas coupables selon la formule/ sont ministres et députés.

On n'a jamais découvert aucun cluster dans une salle de ciné, un théâtre ou un concert.

Nicoflap
08/10/2022 à 21:25

La programmation, ça fait qd même beaucoup. Et la c'est creux. Parce que côté promo, avec les possibilités récentes, on a bcp de pub pour les films.

Puis sur la palette plus large de l'envie d'aller au ciné et aider les salles, déjà peut être éviter a chaque débat sur la chronologie des médias de cracher a la figure de ceux qui aiment les blockbusters.

Enfin, est ce qu'une partie du public des films a audience plus restreinte, public qui a plus les moyens que la moyenne, ne s'est pas aussi équipe en matériel qui fait que pour des films qui ne visent pas le grand spectacle, la salle n'est plus aussi importante (on est plus sur nos petits téléviseurs a l'ancienne) ?

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