Marvel : Avengers : Endgame a été un calvaire pour les artistes des effets spéciaux (encore)

Les artistes VFX continuent de balancer sur les méthodes litigieuses des studios Marvel, et mentionnent notamment le calvaire qu'a été la production d'Avengers : Endgame.

Un rapide coup d'oeil à la programmation cinématographique de la semaine suffit à constater l'évidence : les effets numériques sont devenus omniprésents au sein du paysage audiovisuel actuel, et plus particulièrement dans le cinéma grand spectacle. Bien entendu, fort d'un rythme de production toujours plus soutenu à mesure que les Phases s'enchaînent, que l'univers cinématographique continue de s'étendre (d'autant plus que les productions sérielles sont aussi arrivées dans l'équation), Marvel s'est rapidement imposé comme un client indispensable aux sociétés VFX. 

Un statut que les studios semblent par ailleurs n'avoir aucun scrupule à abuser, comme ont pu en témoigner de nombreux responsables d'effets visuels. Ainsi, suite à une première vague de coups de gueule contre le MCU poussée via la plateforme Reddit, les déclarations de petites mains excédées envahissent depuis la presse américaine.

Peu de temps après qu'un artiste anonyme a décidé de dénoncer les conditions de travail infernales imposées par le studio, de nouveaux témoignages relayés par Gizmodo sont venus enfoncer un peu plus le clou. Interrogé sur son travail pour les studios Marvel, David, un artiste VFX ayant notamment collaboré sur Les Gardiens de la Galaxie, a par exemple cité Avengers : Infinity War et Endgame comme l'une des pires expériences de sa carrière :

"C'était vraiment le pire du pire. [...] Les studios ont avancé la date de sortie d'un mois, mais n'ont pas jugé utile de nous prévenir. Je me souviens très bien être couché au sol avec mon équipe, quand l'un des artistes est venu me voir pour me demander : 'Hey, tu as vu ça ?', et là il me montre un article stipulant que Marvel a avancé d'un mois la date de sortie. [...] On a littéralement appris via un communiqué de presse que nous avions désormais moins d'un mois pour terminer tous les plans."

"Ah au fait, on a avancé la date"

Une situation lunaire corroborée par Sam, plus ancien dans le métier que David : "Marvel incarne ce qu'il y a de pire dans cette industrie [...]. C'est toujours la même chose. C'est systématiquement l'enfer de travailler avec eux".

Un autre responsable des effets numériques, Hector, a quant à lui apporté davantage de précisions : "Du moment où j'ai commencé à travailler sur le projet jusqu'à ce qu’on livre les derniers plans, mon équipe et moi étions contraints de faire des heures supplémentaires tous les jours et de revenir travailler les week-ends. Nous avons littéralement passé des mois cloués sur nos bureaux.

Des séquences qui requièrent des centaines d'heures de travail

Même jusqu'à la dernière semaine de travail, les exécutifs n'étaient pas sûrs de ce qu'ils voulaient sur une certaine séquence. Nous étions encore en train de développer des concepts arts. Et le pire, c'est que plusieurs parties de la séquence en question étaient déjà terminées. Donc, pour la faire courte, on s'est retrouvé avec des paramètres d'éclairage, de colorimétrie, et d'animation prêts à l'emploi, alors que Marvel n'avait pas encore validé les concepts arts."

Malheureusement pour ces artistes, rien de nouveau sous le soleil. Les méthodes de production de l'estampille sont en effet tristement célèbres pour leur je-m'en-foutisme total vis-à-vis des responsables des effets numériques. L'artiste "H." a ainsi déploré des tournages délibérément effectués en vue de construire et modifier à l'envie chaque détail en post-production :

Les artistes VFX suite aux annonces relatives aux Phases 5 et 6 de Kevin Feige

"Quand on se retrouve avec le plan d'un pauvre visage, sans éclairage, sans rien, c'est difficile de faire en sorte que ce soit réaliste derrière. Et après les spectateurs viennent se plaindre : 'Oh les effets spéciaux sont merdiques'. Sauf que non. Le spectateur n'a pas vu les plans d'origine. Parce que s'il les avait vus, il saurait que c'était ça, la merde".

Pressés par le temps, surchargés à l'excès et très régulièrement en sous-effectif, les responsables des effets numériques semblent ainsi plutôt engagés à compenser le manque de pré-production qu'à réellement effectuer un travail d'artiste. Le souci étant que la fameuse rengaine "on verra ça en post-prod" a ses limites, et que ces limites ont manifestement été dépassées il y a déjà bien longtemps de cela.

Alors certes, il s'agirait dans un premier temps de syndiquer les studios VFX afin de protéger les petites mains qui y travaillent par des conventions collectives. Mais cela ne fait pas tout. Il semblerait surtout que le moment soit venu pour le studio de revoir ses méthodes, au risque de s'attirer davantage les foudres des artistes, et de se mettre, à terme, en danger.