Cannes 2022 : la comédie dinguo Sans filtre remporte la Palme d'or à la surprise générale

Alexandre Janowiak | 28 mai 2022 - MAJ : 01/06/2022 17:01
Alexandre Janowiak | 28 mai 2022 - MAJ : 01/06/2022 17:01

Le Festival de Cannes 2022 est terminé et la Palme d'or a été attribuée à Sans filtre de Ruben Östlund, à la surprise générale.

Alors que le jury a été révélé au dernier moment par Thierry Frémaux et Pierre Lescure, l'annonce de Vincent Lindon en président du jury de l'édition de 2022 présageait d'un palmarès plutôt politique et social sur le papier. Mais avec la présence parmi les huit personnalités de profils très éclectiques à l'instar de Jeff Nichols, Rebecca Hall ou Noomi Rapace, on pouvait également espérer la présence d'un cinéma un peu plus tourné vers le genre.

Toutefois, cette 75e édition a été homogène. Contrairement à la tradition, aucun film n'a fait scandale sur la Croisette (et encore moins en compétition). Au-delà, aucun film ne s'est véritablement détaché du lot dans les grilles des notes de la presse française ou internationale, laissant beaucoup de suspense quand au palmarès final. Les bookmakers avaient évidemment des favoris entre Tori et Lokita des frères Dardenne, Leila et ses frères de Saeed Roustaee, Armageddon Time de James Gray ou Close de Lukas Dhont.

Et finalement, c'est le film qui a le plus divisé la Croisette, Sans filtre du Suédois Ruben Östlund qui a remporté la Palme d'or des mains du jury.

 

Sans filtre : photo, Harris DickinsonLa réaction du monde devant l'annonce de la Palme

 

Le suspense n'a pas été tué dans l'oeuf cette fois, Vincent Lindon n'ayant pas révélé la Palme d'or dès le premier prix par accident contrairement à son prédécesseur Spike Lee. Le président a surtout partagé un discours drôle et passionné avant de dévoiler le palmarès et d'espérer, dans une blague amusante, rester le président du jury pour un mandat de cinq ans, son jury "s'étant acquitté de sa tâche avec sérieux". Au milieu de la cérémonie, Vincent Lindon a d'ailleurs embrassé avec fougue Carole Bouquet, sur demande de l'actrice.

Un certain chaos qui présageait sans le savoir la Palme d'or remise au grand fou Ruben Östlund, récompensé pour sa comédie complètement tarée Sans filtre aka Triangle of Sadness. Le cinéaste rejoint donc le cercle restreint des doubles vainqueurs de la Palme d'or, lui qui avait remporté la Palme d'or en 2017 pour The Square. Il réalise donc un doublé historique, lui qui a été sélectionné deux fois en compétition et est donc reparti deux fois avec la Palme d'or.

 

Les Nuits de Mashhad : Photo Zar Amir EbrahimiZar Amir Ebrahimi, actrice de Les Nuits de Mashhad

 

Pour le reste du palmarès, l'excellente Zar Amir Ebrahimi a été récompensée très justement pour son rôle de journaliste cherchant un serial killer de prostituées dans le choc Les Nuits de Mashhad d'Ali Abbasi. Chez les hommes, c'est l'incroyable Song Kang-ho, qui était présent dans la Palme d'or Parasite, qui a reçu le prix pour Les Bonnes étoiles de Hirokazu Kore-eda.

Le prix du jury a été remis conjointement au Polonais Jerzy Skolimowski pour EO (qui a donné un discours hilarant en remerciant ses six ânes incarnant son héros animal) et le duo belge Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch pour Les huit montagnesLe prix de la mise en scène a été attribué au grand Park Chan-wook pour son labyrinthique Decision To Leave quand celui du scénario a été remis à Boy from Heaven de Tarik Saleh. Le jury a également remis un Grand Prix ex-aequo avec d'un côté Claire Denis récompensée pour Stars at Noon et de l'autre, le jeune Belge Lukas Dhont pour Close.

Enfin, un prix spécial du 75e festival a également été remis aux frères Dardenne pour Tori et Lokitales cinéastes belges complétant une collection déjà bien fournie (ils ont déjà deux Palme d'or, un prix du scénario et un prix de la mise en scène).

 

Close : photo, Gustav De Waele, Igor Van Dessel, Gustav De WaeleClose, grand prix

 

Le récapitulatif du palmarès de cette 75e édition :

Palme d'or : Sans filtre de Ruben Östlund

Grand Prix ex-aequo Close de Lukas Dhont et Stars at Noon de Claire Denis

Prix spécial du 75e festivalTori et Lokita des frères Dardenne

Prix du Jury ex-aequo : Les Huit Montagnes de Felix Van Groeningen et Charlotte Vandermeersch et EO de Jerzy Skolimowski

Prix d'interprétation féminine : Zar Amir Ebrahimi pour Les Nuits de Mashhad

Prix d'interprétation masculine : Song Kang-ho pour Les bonnes étoiles

Prix du scénario : Tarik Saleh pour Boy From Heaven

Prix de la mise en scène : Park Chan-wook pour Decision To Leave

Caméra d'orWar Pony de Riley Keough et Gina Gammell

Mention spéciale de la Caméra d'or : Plan 75 de Hayakawa Chie

Palme d'or du court-métrageThe Water Murmurs de Jianying Chen

Mention spéciale des courts-métrages : Lori de Abinash Bikram Shah

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commentaires
Mokuren
30/05/2022 à 09:09

A Ecranlarge : il y a une petite coquille, vous avez laissé une phrase inachevée dans le second paragraphe. ;)
Sinon, je suis pour ma part ravie pour Park Chan Wook et Song Kang Ho. Je suis une grande fan de ces deux immenses artistes.

Satan Lateube
29/05/2022 à 19:44

A Ecran Large: à propos des Dardenne, en plus des prix que vous mentionnez, vous pouvez aussi rajouter un Grand Prix du Jury, c'est pas rien et ça en fait les cinéastes les plus primés (et on ne parle pas des prix d'interprétations pour leurs acteurs, j'en compte 2).
Il n'y a que Haneke qui est presque au même niveau (2 palmes, un Grand Prix, un prix de la mise en scène, et 2 prix d'interprétation).

pamplemousseorangina
29/05/2022 à 14:27

@Kyle Reese
Le favoritisme est plutôt thématique et politique à Cannes comme tu le soulignes. Un film "trop sage" qui ne peut pas gagner. Juste une remarque... parfois ce qui est récompensé par les institutions pour être subversif l'est au final moins que ce qui apparaît comme étant inoffensif. L'évolution du parcours de Vincent Lindon (soutien de Sarkozy en 2007 puis acteur très impliqué dans un film comme la Loi du marché en 2015 et maintenant à la tête du jury qui remet la palme à un film "subversif" en 2022) m'interroge autant que le parcours d'un Alain Delon...

Gray "trop sage" ...? Discutable mais admettons. Mais Roustaee trop sage ? Mh.

@Sanchez

Oui célébrons tous ensemble en sautillant à pieds joints et en se tenant par les mains chaque nouvelle sortie de Mr Östlund avec une palme.

Sanchez
29/05/2022 à 11:09

C’est excellent the square et hâte de voir le prochain. Il fait des films qui ressemblent à aucuns autres et c’est bien de le célébrer

Kyle Reese
29/05/2022 à 10:26

C’est marrant à chaque fois un
Jury différent et complètement hétéroclite donc pas de favoritisme ou d’orientation particulière et pourtant on retrouve les mêmes déceptions chez certains. Alors oui pas de James Gray, avec son surement magnifique film mais peut être trop sage pour Cannes tout simplement. Palmarès intéressant.
Content pour Song Kang Ho et la
superbe et courageuse Zar Amir Ebrahimi.avec un très beau discours émouvant.

pamplemousseorangina
29/05/2022 à 04:17

Dommage pour Saeed Roustaee... et presque injuste pour James Gray...

aster
29/05/2022 à 00:05

La misère : après une palme pour un The Square déjà oublié/oubliable, le revoilà avec son chocking bourgeois Cannois !
Et James Gray rien!!! Sérieux ? C'est le syndrome Bille August : films très moyens et deux palmes d'or.

Une honte pour James Gray
28/05/2022 à 22:52

Encore une fois..