Man of Taï Chi : vous vous rappelez du sous-Bloodsport réalisé par Keanu Reeves ?
Plus besoin de présenter les faits d'armes de Keanu Reeves au cinéma. Du moins en tant qu'acteur, car on oublie plus souvent sa brève carrière de réalisateur avec Man of Taï Chi, son film d'arts martiaux plus bête que méchant.
Avant de revenir en grâce dans la peau du tueur à gages John Wick, Keanu Reeves a surtout enchaîné les bides au début des années 2010. Entre l'échec critique du drame indépendant Generation Um... et le fiasco démentiel de 47 Ronin au box-office mondial, l'Élu des Wachowski s'est aussi cassé les dents derrière la caméra en réalisant son premier - et dernier - long-métrage, Man of Taï Chi, un film d'arts martiaux sino-américain qui compile les mauvais clichés, mais avec toutes les bonnes intentions.
Cette image existe et c'est pour ça qu'on doit reparler de ce film
MAN OF TAI SHIT
Man of Tai Chi suit Tiger Chen, un livreur de Pékin qui pratique le Taï Chi dans un temple vétuste menacé de démolition. Il est un jour remarqué par un homme d'affaires qui organise des combats illégaux et lui promet d'être grassement payé pour y participer. Pour réunir les fonds nécessaires à la restauration du temple, il accepte de se battre contre différents adversaires, mais finit par prendre goût à ces combats où tous les coups sont permis.
S'il est sorti dans l'indifférence générale et n'est jamais cité parmi les pépites du genre, le film a été fait avec un amour évident pour la discipline et a surtout été confectionné à rebours des productions plus spectaculaires comme The Raid, qui est venu dynamiter le genre en 2011. Plus que de décoller des mâchoires et faire monter le palpitant de l'autre côté de l'écran, le but est de mettre en avant la philosophie des arts martiaux, en l'occurrence du Taï Chi, un art dérivé plus défensif et méditatif, mais dont Tiger veut faire ressortir toute la puissance offensive.
Dommage donc que le film enfonce des portes ouvertes et ramène cette doctrine contemplative pervertie à une surexposition du concept taoïste du yin et du yang, notamment dans son imagerie aussi dichotomique et manichéenne que le scénario : des Taijitu placés un peu partout, la figure sage habillée tout en blanc, la figure antithétique habillée en noir et l'élève en noir et blanc. Malgré la richesse thématique que recherche l'histoire, le dilemme moral de Tiger Chen est traité tout aussi superficiellement. Le héros se contente ainsi de prendre le même chemin qu'un certain Padawan attiré du côté obscur de la Force par une sorte Palpatine lifté.
Je me battrai sans répit, je ferai tout pour être vainqueur ET GAGNER LES DÉFIS
SBAD KEANU
S'il n'est pas un artiste martial à proprement parler, Keanu Reeves a été formé à plusieurs arts martiaux, en particulier pour la saga Matrix, et a toujours clamé son amour des films de kung-fu qu'il dévorait plus jeune. On pouvait donc s'attendre à ce qu'il s'approprie le rôle-titre pour sa première réalisation du genre, mais le projet est loin d'avoir été pensé comme une démonstration d'ego trip nécessaire après le passage à vide de sa carrière.
Man of Tai Chi a plutôt été un double terrain d'expérimentation pour Keanu Reeves, d'abord pour son passage de l'autre côté de la caméra, mais aussi et surtout pour son rôle de méchant, un des premiers de sa filmographie. Et on parle bien d'un antagoniste, un vrai, et pas seulement d'un anti-héros cool et borderline à la Constantine. Son jeu mutique et robotique aurait donc pu trouver une nouvelle résonnance, mais voir Keanu Reeves cabotiner pour se donner un air vilain s'avère aussi risible que d'imaginer Tom Hanks jouer Charles Manson ou Ted Bundy.
Habitué aux beaux rôles, Keanu Reeves peine à inquiéter (moins à faire sourire), encore plus en incarnant un milliardaire psychopathe qui ressemble à une mauvaise parodie d'un méchant James Bond. Entre deux grimaces empruntées à Nicolas Cage, la direction artistique tente de donner de la noirceur à ce personnage inconsistant, mais au sens propre du terme, ce qui rend le tout encore plus neuneu et caricatural. Son Donaka Mark porte du noir, il conduit une voiture de luxe sombre, passe son temps dans son bureau au mobilier tout noir et complète la panoplie avec son masque noir qui n'a clairement pas été la priorité des costumiers.
Entre Black Mask et Squid Game
kumite
Malgré les facilités évidentes de la narration, Michael G. Cooney a finalement signé un scénario régressif et rétro, qui flirte avec les films de Jean-Claude Van Damme des années 80 et 90 comme les classiques Kickboxer, Bloodsport, Full Contact ou Le Grand Tournoi. Tous les ingrédients y sont : l'apprenti super doué, le vieux maître sage qui l'entraîne à la dure, la quête initiatique, le tournoi international, l'enquête policière pour meubler l'intrigue et la romance inutile. En plus du scénario programmatique et prévisible qui convoque une certaine nostalgie, on retrouve également cette dynamique vidéoludique à la Mortal Kombat, avec ses 1 vs 1 ludiques et pour le coup bien mis en scène.
Si la réalisation de Keanu Reeves reste banale, bien que rarement outrancière, les scènes de baston profitent d'un découpage lisible, qui ne charcute jamais l'action et permet d'apprécier la technicité des mouvements et l'impact des coups. Ses scènes ont bénéficié de l'expertise du cinéaste hongkongais réputé Yuen Woo-ping (qui a travaillé avec les meilleurs artistes martiaux et chorégraphié les combats des films Matrix et Kill Bill).
The eyes of the Tiger (ok, c'était facile)
Sans oublier les aptitudes physiques de Tiger Chen (qui a donc prêté son nom à son personnage), un ami de longue date de Keanu Reeves qui l'a d'ailleurs entraîné durant le tournage de la trilogie Matrix. S'il jongle entre trois expressions faciles, l'acteur chinois est suffisamment impressionnant quand il se bat pour maintenir l'illusion de son charisme.
On ne peut donc que regretter que Keanu Reeves ne se batte pas davantage, ses échanges de high kicks avec Tiger Chen devant sagement attendre la fin du film et la confrontation ultime. Et comme l'affiche était particulièrement excitante, il est tout aussi frustrant qu'Iko Uwais, le génie du Pencak-Silat, soit juste venu donner deux-trois coups de pieds entre deux opus de The Raid dans ce qui s'apparente plus à un caméo qu'une vraie séquence d'action. Dommage aussi que le film laisse tomber toute sa vraisemblance à quelques mètres de la ligne d'arrivée pour plonger dans le fantastico-mystique avec son combat final au-dessus duquel plane encore plus lourdement le spectre de Matrix.
Man of Tai Chi est disponible sur Netflix.
23/04/2022 à 22:47
Comment pouvez vous faire une bourde pareil en disant que cest le premier rôle de mechant de Keanu Reeves! Dans The watcher il ferait plutôt passer son rôle dans man of tai chi pour un Mickey!
23/04/2022 à 20:25
Vu une fois et j’avais été bluffé par les scènes de combat.
J’ai bien aimé la progression du personnage de Tiger Chen.
Franchement, un film pas si honteux comparé à nombre d’autre.
@ Popaul : le colonel Trautman a la réponse. Il la donne à Zaizen
23/04/2022 à 20:23
Ce n'était Pas le premier rôle de méchant de Keanu Reeves, il jouait un tueur en série dans "The Watcher" en 2000.
23/04/2022 à 19:18
salut, savez-vous où on peut télécharger gratuitement ce film? Merci de votre aide
23/04/2022 à 15:19
Et plutôt deux fois qu'une...
Et plutôt deux fois qu'une..
23/04/2022 à 14:50
Jamais vu ce film.
Par contre, le type au masque noir, c'est Chris Fehn le nez en moins.
23/04/2022 à 14:48
Jamais vu ce film.
Par contre, le type au masque noir, c'est Chris Fehn sans le nez.