César 2022 : de beaux hommages et un triomphe pour Annette et Illusions perdues (comme prévu)

Mathias Penguilly | 26 février 2022 - MAJ : 26/02/2022 08:04
Mathias Penguilly | 26 février 2022 - MAJ : 26/02/2022 08:04

Après deux cérémonies très décriées, la quarante-septième édition des Césars marque un retour à une version plus propre, plus policée (plus prévisible ?) de la grande messe du cinéma français.

En 2020, la quarante-cinquième cérémonie des Césars avait été secouée par la dernière marée de la vague #MeToo... L'année dernière, la quarante-sixième avait été frappée par les frasques de Corinne Masiero et les prises de paroles à répétition contre l'action du Ministère de la Culture en période de Covid... Après deux ans de fiasco, l'Académie des Césars et Canal+ ont souhaité jouer la normalité... La preuve, cette année marque le dixième passage d' Antoine de Caunes à la présentation. Cette quarante-septième cérémonie des Césars a été très sobre. Peut-être un peu trop.

 

Annette : photo, Adam DriverPeut-on commencer ?

 

Dès l'annonce des nominations, plusieurs long-métrages se distinguaient : Illusions perdues (15 nominations en tout, un record), Annette (11 nominations) et Aline (10 nominations). Passé minuit et demi - une cérémonie toujours plus longue... - l'histoire a donné raison aux deux premiers, respectivement auréolés de sept récompenses pour le Xavier Giannoli et de 5 trophées pour le film de Leos Carax. Le dernier long-métrage de Valérie Lemercier n'a quant à lui, reçu qu'une seule statuette : celle de meilleure actrice pour la comédienne. Et tant pis pour les quelques acteurs québécois présents dans la salle (De Caunes a pris soin de le mentionner plusieurs fois !).

Sans surprise, Illusions perdues a reçu de belles récompenses pour ses décors, ses costumes, son adaptation du matériau original et aussi, pour sa photographie. Benjamin Voisin a obtenu le César du meilleur espoir masculin et c'est son partenaire de jeu Vincent Lacoste qui remporte celui du Meilleur acteur dans un second rôle (coiffant au poteau Xavier Dolan, troisième homme du film). Les producteurs sont eux repartis avec la sacro-sainte statuette du Meilleur film.

 

Illusions perdues : photo, Benjamin Voisin, Vincent LacosteDes sourires de vainqueurs

 

Annette comptabilise cinq Césars... Et là encore, pas trop de surprises dans les catégories victorieuses. Meilleur son, Meilleure musique originale (pour le duo Sparks), Meilleurs effets visuels, Meilleur montage... Et aussi Meilleur réalisateur pour Leos Carax, grand absent de la cérémonie. On notera tout de même la présence (très) remarquée d'Adam Driver, qui nous a offert quelques moments de pâmoison un peu génants (coucou De Caunes, coucou Anaïs Demoustier... et merci quand même pour la référence à Girls).

Côté (rares) surprises, on notera la victoire d'Aissatou Diallo Sagna, vraie infirmière à la ville comme dans les salles obscures (Meilleure actrice dans un second rôle) pour La Fracture, ainsi que celle de Vincent-Maël Cardona pour Les Magnétiques. À souligner également, la victoire un peu incongrue de Florian Zeller dans la catégorie... Meilleur film étranger...

 

La fracture : Photo Aissatou Diallo SagnaEt s'il fallait plus qu'un César pour les soignants ?

 

Mis à part son palmarès un peu monotone, la cérémonie a également été ponctuée de beaux hommages. À Jean-Paul Belmondo et à Gaspard Ulliel, puis à Cate Blanchett ensuite. L'occasion pour Xavier Dolan et Isabelle Huppert de faire montre de leurs talents d'orateurs pendant de (très) longues minutes. La cérémonie a également été émaillée par quelques prises de position radicales (non) sur la manière dont les plateformes de streaming détruisent le cinéma. Dans cette catégorie, on saluera Arthur Harari, scénariste de Onoda, distingué dans la catégorie Meilleur scénario original. Une autre (bonne) surprise de la soirée.

À l'animation, Antoine De Caunes à... fait le taf ? Dans la catégorie "Moments génants", on retiendra quand même les "pauses humoristiques" : du happening risible de Marie S'infiltre aux incursions lourdingues de José Garcia.

 

Onoda : 10 000 nuits dans la jungle : photo, Yuya Endo, Yûya MatsuuraOnoda : une des rares surprises de la soirée

 

Probablement qu'en cette période de guerre en Europe, il est un peu difficile de se réjouir et de célébrer le divertissement. Face à l'invasion complètement absurde de l'Ukraine par Vladimir Poutine, cette grande célébration semblait parfois un peu décalée. En témoignent les nombreuses prises de paroles à ce sujet. On retiendra le discours de Cate Blanchett, honorée d'un César d'honneur : un "Tais-toi maintenant !", gentiment balancé après la logorrhée d'Isabelle Huppert, suivi de cette phrase : "ce soir il est difficile de penser à autre chose que ce qui se passe en Ukraine". Un sentiment très certainement partagé par beaucoup ce soir dans ce défilé de robes à paillettes et de punchlines bien proprettes. 

En fait, cette cérémonie prouve une fois encore qu'on aura beau tout essayer, lisser, assagir cette grande messe du cinéma, la Politique (avec un grand P), viendra toujours, toujours s'interposer.

 

Blue Jasmine : photo, Cate BlanchettMerci pour l'hommage. Next ?

 

LE PALMARES COMPLET :

Meilleur film : Illusions perdues de Xavier Giannoli

Meilleur réalisateur : Leos Carax pour Annette

Meilleure actrice : Valérie Lemercier pour Aline

Meilleur acteur : Benoît Magimel pour De son vivant

Meilleure actrice dans un second rôle : Aïssatou Diallo Sagna dans La Fracture

Meilleur acteur dans un second rôle : Vincent Lacoste pour Illusions perdues

Meilleur espoir féminin : Anamaria Vartolomei pour L'événement

Meilleur espoir masculin : Benjamin Voisin pour Illusions perdues

Meilleure adaptation : Xavier Giannoli et Jacques Fieschi pour Illusions perdues

Meilleur scénario original : Arthur Harari et Vincent Poymiro pour Onoda

Meilleur premier film : Les Magnétiques de Vincent-Maël Cardona

Meilleur film d'animation : Le Sommet des dieux de Patrick Imbert

Meilleur film étranger : The Father de Florian Zeller

Meilleur documentaire : La panthère des neiges de Marie Amiguet et Vincent Munier

Meilleur court-métrage documentaire : Maalbeek de Ismaël Joffroy Chandoutis

Meilleure musique originale : Sparks pour Annette

Meilleure photographie : Christophe Beaucarne pour Illusions perdues

Meilleur montage : Nelly Quettier pour Annette

Meilleurs costumes : Pierre-Jean Larroque pour Illusions perdues

Meilleurs décors : Riton Dupire-Clément pour Illusions perdues

Meilleurs effets visuels : Guillaume Pondart pour Annette

Meilleur son : Erwan Kerzanet, Katia Boutin, Maxence Dussère, Paul Heymans et Thomas Gauder pour Annette

Meilleur court-métrage : Les Mauvais garçons d'Elie Girard

Meilleur court-métrage d'animation : Folie douce, folie dure de Marine Laclotte

César d'honneur : Cate Blanchett

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commentaires
Tout est politique
27/02/2022 à 10:53

@Jeanfile jensen
A pas du tout j’explique seulement pourquoi Poutine pense en toute rationalité pourquoi il doit envahir l’Ukraine
Ce n’est pas en beuglant qu’il est naze que cela fera avancer quoi que ce soit
C’est précisément comme cela qu’on devient aveugle à l’évidence comme les américains avant Pearl Harbour
Il me semble donc sain de penser que cette guerre n’est pas absurde contrairement à ce que le rédacteur d’EL écrit

Jean filejensen
27/02/2022 à 09:42

@La politique est partout 2

Un fait n'est pas une information "politique", sauf si, comme vous sembler vouloir le faire, vous souhaité déformer la réalité, à la faveur de la Russie. Si les "farmboy" de l'est viennent aussi mettre de commentaires sur les site qui parle de cinéma, on est pas sorti de l'auberge...

Grogu
27/02/2022 à 07:57

Comparer les plates formes à des supermarchés, faut être gonflé.
The mandalorian n'a rien à envier aux productions françaises.

JR
26/02/2022 à 22:44

Rien à voir (et histoire de reparler ciné), dites El, on vous sait en équipe réduite, et pas simple de tout couvrir, MAIS, vous pensez que de temps en temps, vous pourriez nous parler courts-métrages ?

La politique est partout 2
26/02/2022 à 22:16

@Jean Avaljean
Mais pas du tout relisez le texte d’EL c’est bien ce site qui qualifie l’invasion d’absurde
…si ils n’en avaient pas parlé il n’y aurait pas tous ces posts non ?

Jean avaljean
26/02/2022 à 22:06

@La politique est partout

... Heu mais vous dite vraiment n'imp, c'est vous qui amnez la politique içi dans les commantaire. Les lecteurs d'écran large et moi même se passeront de votre avis de vendu.

La politique est partout
26/02/2022 à 21:12

@Jean avaljean
Sorry mais comme vous pouvez le voir sur ce site et aux Césars le cinéma est éminemment politique puisque acteurs réalisateurs et journalistes du cinéma pensent qu’ils occupent une position leur permettant d’éclairer la société sur toute sorte de sujet le conflit ukrainien inclus .. caractéristiques partagées avec le monde du rock …

Jean avaljean
26/02/2022 à 20:22

Heu... On est sur écran large ou sur CNews la... ? Je sais plus trop, pas de politique ici svp, merci.

Sandrine103
26/02/2022 à 20:03

Quoi !!! Rien pour Bac Nord alors que Gilles Lellouche y est phénoménal !!! Vraiment pourri ce petit milieu du cinéma...

Absurdie
26/02/2022 à 18:40

@pas de politique
Décidément !
Vladimir Poutine, qui souhaite restaurer un glacis similaire à celui dont la Russie impérial et l’URSS ensuite constate d’une part le basculement démocratique de l’Ukraine et sa volonté de bénéficier du parapluie nucléaire américain si elle rejoint l’OTAN ce qui créé une situation pas si différente de celle de la crise de Cuba et ensuite l’affaiblissement de l’Europe et des États Unis qui ne sont pas en mesure de s’opposer à ses visées
Profitant d’une reconstitution de sa capacité militaire depuis 2010 et de´´ ne l’entraînement de ses soldats notamment en Syrie il lance une opération qui vise à supprimer la démocratie à ses portes et à restaurer le glacis qui a permis dans le passé a la Russie de défaire Napoléon puis Hitler … bref rien d’absurde

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