Pacific Rim 2 aurait été fou (et sûrement moins nul) avec Guillermo del Toro

Guillermo del Toro revient sur sa version de Pacific Rim 2, et ça promettait du neuf. Et probablement mieux que Pacific Rim : Uprising.

Sans jamais oublier sa patte bien identifiable, le cinéaste Guillermo del Toro s'est essayé tout au long de sa carrière à mixer son univers noir avec les autres genres. Que ce soit l'horrifique avec L'Échine du diable, le film de superhéros avec Blade II ou les deux Hellboy, le fantastique Le Labyrinthe de Pan, le gothique avec Crimson Peak, le romantisme avec La Forme de l'eau, et le néo-noir avec Nightmare Alley, le réalisateur mexicain a toujours su jouer avec les genres.

Mais l'un de ses paris les plus fous reste néanmoins son Pacific Rim de 2013. Déclaration d'amour aux films de monstres géants, alias kaijū, Pacific Rim est un blockbuster à la générosité folle, où des gros robots géants se tapent avec des grosses bébêtes pas gentilles. Malgré sa démesure visuelle, le film n'a pas été un franc succès : un budget officiel proche des 200 millions, et environ 411 millions au box-office mondial, dont plus de 100 sur le territoire chinois. De quoi éviter un bide terrible, et justifier une suite.

Guillermo del Toro s'est mis au travail et a écrit un scénario, mais a finalement cédé sa place de réalisateur à Steven S. DeKnight, qui a réécrit avec ses co-scénaristes. C'est ainsi qu'est sorti, en 2018, le film Pacific Rim : Uprising, de toute évidence bien éloigné de la vision de del Toro. Et le cinéaste l'a lui-même confirmé lors d'un entretien avec The Wrap, où il se confiait sur son projet de suite au film de 2013.

L'ambition de Guillermo del Toro dans ta face

Guillermo del Toro livre ainsi quelques détails sur le scénario de son Pacific Rim 2 :

"Le méchant était un technicien qui a inventé en quelque sorte l'internet 2.0. Et puis ils ont réalisé que toutes ses découvertes lui sont venues du jour au lendemain. Et petit à petit, ils ont commencé à rassembler tous les éléments et se sont dit : 'Oh, il les a eu des précurseurs.' Les gars qui contrôlent les kaiju. Et puis nous aurions découvert que les les précurseurs, c'état nous, mais dans des milliers d'années dans le futur.

Ils essayaient de terraformer, de réinvestir la Terre pour survivre. Wow. Et nous étions dans des exo-biocombinaisons qui nous faisaient ressembler à des aliens, mais nous n'en étions pas. Nous étions dedans. Et c'était un paradoxe vraiment intéressant."

Del Toro devant Pacific Rim : Uprising

Sans surprise, Pacific Rim 2 aurait pu être légèrement plus fou. Il y était évidemment question de kaijus, mais aussi d'inventeur de génie en lien avec ceux qui contrôlent les monstres dans le futur. Il est intéressant de noter que, comme toujours chez Del Toro, la monstruosité n'est pas nécessairement ce qu'elle parait être.

En effet, même les kaiju qui ne cherchaient qu'à tout détruire dans le premier film, auraient en réalité été contrôlés par de vrais humains, qui ont eux-mêmes une apparence qui s'éloigne de l'Homme, comme le souligne ici le cinéaste avec son histoire de costumes qui s'approchent de visuels d'aliens. Chez del Toro, les monstres sont bien des monstres, mais c'est souvent ce qui les rend sensibles, alors qu'en face les Hommes cachent leur noirceur sous leur apparence humanoïde.

On dirait pas comme ça, mais c'est un gentil

Guillermo del Toro a également évoqué le personnage de Mako Mori, interprété par Rinko Kikuchi, qui aurait été bien différent de Pacific : Uprising. En effet, loin de son traitement en arrière-plan dans le film de Steven S. DeKnight, où elle meurt, Mako aurait été un personnage central, si ce n'est le principal, de ce Pacific Rim 2 made by del Toro.

Si quelques spectateurs pourraient être relativement circonspects face aux détails fous et régressifs que donne le cinéaste sur sa suite avortée, il a tout de même de quoi regretter que celui-ci n'ait pas eu la chance de mettre en scène ce long-métrage qui s'annonçait, à postériori, comme dément et généreux - ce qui nous manque malheureusement dans le gros de la production de blockbusters américains de ces dernières années.

Mako Mori amoindrie dans Uprising

D'autant plus que Pacific Rim : Uprising a finalement été une déception côté business : moins de 300 millions au box-office, contre 400 millions pour le premier. Mais là encore, le film a été sauvé par la Chine, avec environ 100 millions.

Pour nous consoler de ne pas voir nos Jeagers dans leur machine à voyager dans le temps, nous nous contenterons des nouvelles de del Toro sur son adaptation des Montagnes hallucinées, ainsi que de la sortie de son prochain film, Nightmare Alley, qui sortira dans nos salles françaises le 19 janvier prochain.