Dhoom : la saga délirante qui ridiculise Fast & Furious

Mathieu Jaborska | 16 juillet 2021 - MAJ : 16/07/2021 17:54
Mathieu Jaborska | 16 juillet 2021 - MAJ : 16/07/2021 17:54

Oubliez Fast & Furious, Vin Diesel et sa bande : Dhoom les coiffe au poteau sans trop se forcer.

Dans son podcast Dis-Cor-Dia, François Cau comparait la saga Universal aux mastodontes du cinéma bollywoodien. Et il est vrai qu'avec leurs durées disporportionnées, leurs séquences d'action s'amusant à malmener - non sans humour - les règles de la physique, et leurs bons sentiments s'immiscant plus que de raison, les blockbusters dopés à la testosterone et à la calvitie atteignent la générosité de certaines grosses productions indiennes, paradoxalement méprisées en occident.

Copiée de toutes parts dès son premier opus ultra-rentable, la franchise Fast & Furious devait faire des émules au royaume de la comédie musicale d'action. Et c'est ainsi qu'une autre énorme license est née parallèlement à elle, partageant ses évolutions, exacerbant ses excès. Bien plus qu'un simple rip-off douteux, c'est un melting pot d'influences et de débordements désormais cultes. Bienvenue dans Dhoom.

 

photo, Aamir KhanÇa déconne pas

 

Very fast and very furious

Les voitures, c'est pas mal, mais les moto, c'est quand même vachement mieux. Le plus génialement dégénéré des sous-Fast & Furious évoqué dans notre dossierTorque, la route s'enflamme, en faisait son mantra. Il n'était pas le seul à vouloir décliner la formule du long-métrage de Rob Cohen à l'univers des deux-roues. Le premier Dhoom, sorti en 2004, se l'approprie sans complexe. On y suit un flic forcé de faire équipe avec un adepte des courses motorisées sauvages, qu'il soupçonne de participer à des braquages à haute vitesse.

L'ensemble a beau se conformer aux normes du divertissement bollywoodien (la police est irréprochable, le héros absolument intouchable), il caricature chacune des caractéristiques des trois premiers opus de la saga américaine. Si dans 2 Fast 2 Furious et Tokyo drift, les femmes sont souvent des trophées, Dhoom met en scène un protagoniste dont l'unique objectif est de se marier avec la première mannequin placée sur son chemin (et ça arrive souvent). Si Vin Diesel et sa bande aiment arborer des looks évoquant les heures les plus sombres de la Tektonik, les personnages ne cessent ici d'exhiber des paires de lunettes délicieusement improbables. Si Paul Walker saute après un train, Uday Chopra saute à travers un train.

 

photoLes deux facettes de votre âme

 

Quelques chorégraphies se démarquent, quelques cascades font indéniablement mouche, et le kitsch absolu qui se dégage de la chose (certains effets de mise en scène et la photographie sont d'une ringardise presque surnaturelle) assure le divertissement. Dhoom, c'est une décomplexion de tous les instants, une petite compilation de références assaissonnées de plusieurs idées tarées. La bande originale répète par exemple en boucle le titre du film, histoire d'imprimer ses sottises sur nos pauvres cerveaux innocents, nous conditionner à vivre dans l'ombre de son exhubérence pour le reste de notre vie.

Et ça marche : lorsqu'il sort en 2004, c'est le 4ème plus gros succès de l'année en Inde. Il rapporte 7 fois sa mise et lance une saga étrangement comparable à son homologue américain. Comme lui, elle va peu à peu se détacher de ses origines pleines de néons et de courses en ligne droite pour se concentrer sur l'action pure, écartant progressivement l'horripilant sidekick joué par Chopra.

 

photoBienvenue dans un monde où tous les cheveux volent au vent

 

Ocean's 3658465151

Et c'est peu de dire que les suites cèdent à la surenchère. S'il comporte un ventre mou romantique interminable, le deuxième opus, sorti en 2006, propose quelques séquences complètement ahurissantes, passées à la postérité et popularisées en France grâce aux gars sûrs de Nanarland. Des fulgurances généralement dues à son antagoniste, voleur passé maître dans l'art du déguisement 100% latex et de la fuite en... rollers.

Quant au troisième film, datant de 2013, c'est un divertissement ultra-efficace, qui profite d'un budget revu à la hausse et d'une action quasi intégralement délocalisée à Chicago pour faire exploser toutes les limites de la crédibilité.

Le diptyque comporte quelques scènes qui font passer Vin Diesel pour un ado en première année de conduite accompagnée. Dans le deux, Hrithik Roshan jaillit d'une bouche d'égout tel un poisson rouge hors de son bocal. Dans le trois, c'est l'innarable Aamir Khan (héros inoubliable du célèbre P.K et trogne indissociable du blockbuster indien grand public) qui saute d'un pont levé et transforme pendant la chute sa moto en jet-ski du futur, abilitée à plonger sous l'eau.

 

 

Si ce troisième opus déborde autant de phases spectaculaires, c'est parce que la franchise s'est progressivement imprégnée d'un autre gros film américain : Ocean's Eleven. Dès Dhoom 2, les antagonistes acquièrent une dimension romantique qui les transforme en bandits au grand coeur, capables de braquer les musées ou les banques du monde entier pour des motivations aussi nobles que tracer un A sur une carte (véridique !) ou venger un père suicidaire. Double dose de beaux-gosses se dandinant au ralenti, donc, et par conséquent, de love interest lancinants. Et un rôle en or pour Khan, qui convainc largement son public dans Dhoom 3.

Aussi boursoufflée qu'attachante, lourde que jouissive, la saga Dhoom, comme Fast & Furious, s'est peu à peu extraite de ses origines has-been pour sauter à pieds joints dans le n'importe quoi assumé et les bons sentiments bourrrins. Comme Fast & Furious, elle est devenue une des marques les plus importantes de l'industrie dont elle cristallise les obsessions avec la subtilité d'un tank boosté au V8. La preuve : les indices sur la préparation d'un hypothétique Dhoom 4 sont scrutés avec attention par une bonne partie des fans de divertissements dérébrés, dont nous faisons évidemment partie (surtout toi, Mathieu, NDLR).

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commentaires
l'indien zarbi
17/07/2021 à 15:21

Génial, il faut que je le trouve.
En plus, on dirait qu'il y a de sacrés moyens niveau production pour un film de ce genre.
Les cascades ont l'air démentes.

souleater34
17/07/2021 à 10:54

Y a pas à dire, ça donne plus envie que les daubes avec Vin Diesel!

Zig
17/07/2021 à 09:09

C'est des bonnes barres les Dhoom, en plus les chorégraphies du 3 sont quand même pas mal.
Mais il ne faut pas oublier l'autre saga, les Race qui sont aussi inspiré des F&F mais que je trouve un peu moins réussi que les Dhoom, à part Race 3 qui est juste fou.

Pi
16/07/2021 à 22:32

Ça ressemble quand même plus à un Mad mission sous stéroïdes qu'à Fart & Furious.