Benedetta : les premières critiques du drame érotico-religieux de Paul Verhoeven sont tombées

Salim Belghache | 9 juillet 2021 - MAJ : 13/07/2021 18:23
Salim Belghache | 9 juillet 2021 - MAJ : 13/07/2021 18:23

Alors que le sulfureux Benedetta de Paul Verhoeven se dévoile dès ce vendredi 9 juillet au soir dans les cinémas, les premiers avis sur le film sont déjà tombés.

On a attendu longtemps avant d'avoir la possibilité Benedetta, le nouveau long-métrage de Paul Verhoeven. Le réalisateur hollandais traîne en effet son projet érotico-religieux depuis un certain temps et ses problèmes de santé survenus lors du montage puis la vague déferlante du coronavirus n’ont pas aidé le cinéaste à concrétiser rapidement son long-métrage. Mais enfin, le long-métrage attendu au tournant est terminé et s'annonce comme le choc de la Croisette, promettant un nouveau scandale.

Explorant la vie d’une bonne-sœur du 17e siècle, lesbienne et capable de nombreux miracles, les premières images des aventures de Benedetta annonçaient la couleur en montrant le duo d’actrice Virginie Efira-Daphne Patakia attirée par les flammes de la tentation. Si le film sera visible dès ce vendredi 9 juillet au soir partout en France, des chanceux ont pu découvrir le chef-d’œuvre annoncé du 74e Festival de Cannes. Attention possibles spoilers !

 

photo, Virginie Efira"Tout va bien se passer."

 

Et ces premiers retours s’annoncent plus que rassurants puisqu’aucune déception ne transparaît dans les écrits de la presse (sauf une). Cette quasi-unanimité est par ailleurs souvent accompagnée d’une adresse au réalisateur pour son travail et sa fascination pour le désir. Mis à part cela, la prestation osée de Virginie Efira a été saluée, tout comme une séquence toute particulière qui ne fera pas plaisir à tout le monde. Il s’agit plus précisément de la scène autour d’un sex-toy fabriqué à partir d'une statuette de la sainte Vierge, qui semble déjà être dans toutes les têtes. Revue de presse.

“C’est une excellente histoire, dans un registre historique et romanesque à la Black Book, que Verhoeven raconte dans un crescendo assez maîtrisé, servi par des comédiens en grande forme (Lambert Wilson est savoureux en Nonce faux-derche et Charlotte Rampling, en abbesse sceptique, retrouve l’aura vénéneuse de ses grands rôles).” Première

“Paul Verhoeven renoue ici avec le cinéma de ses débuts, volontiers provoquant (sic), voire blasphématoire, drôle par moments, pour évoquer, certes, la tyrannie et l’hypocrisie de la religion dominée par les hommes à cette époque, mais aussi la puissance du désir féminin. En cela, le film s’avère très moderne. Un peu long par moments, pas toujours accessibles, Benedetta n’en est pas moins un grand film, porté par une Virginie Efira qui livre une prestation impressionnante.” Le Parisien

 

photo, Virginie EfiraOn applaudit Virginie Efira !

 

“Dans cette œuvre, et même si c’est bien Virginie Efira qui incarne avec talent le rôle-titre, le cinéaste signe un portrait féminin multicéphale et plurigénérationnel, dont la découverte résonne avec une acuité accrue.” L’Humanité

“Malgré ses outrances, le film, inspiré par l'ouvrage de Judith C. Brown (Soeur Benedetta, entre sainte et lesbienne) entraîne le spectateur dans son tumulte et témoigne de l'inspiration surréalisante et bunuélienne de Paul Verhoeven, un cinéaste fasciné hier comme aujourd'hui par les zones d'ombre du désir et de la foi.” Les Echos

“Aimant, il est vrai, à jouer avec le feu, il ne cesse de travailler à nous rendre plus intelligents, en nous invitant – y compris depuis Hollywood où il mena la sédition jusqu’au bout de ce qui était possible – à ne pas attendre du cinéma que des réponses toutes faites et des émotions pavloviennes. Nouvelle preuve avec ce merveilleux film.” Le Monde

 

photo, Virginie Efira, Daphne Patakia"Tu aimes jouer ?"

 

“Il (l’essentiel, ndlr) se trouve dans cette envie que Verhoeven de faire ce qu’il a toujours fait : retourner comme un gant un imaginaire donné (ici l’austérité d’un couvent du 17e siècle) ; gratter la surface jusqu’à tomber sur une vérité première, tout à la fois magique et organique : les convulsions de la chair.” Les Inrocks

“Entre passions christique et sexuelle, impur et sacré, le Batave (Paul Verhoeven) provocateur batifole et jette avec foi les hosties aux orties.” L’Obs

"Paul Verhoeven voile Virginie Efira et met en scène ses fantasmes dans un couvent du XVIIe siècle. Un cinéaste sulfureux? Non, un Satan de peep-show." Le Figaro

Finalement, exception faite du papier du FigaroPaul Verhoeven n’a pas déçu ses premiers spectateurs et donne envie à la rédaction de découvrir son exploration du désir et du sacré. On ne manquera pas de vous faire un retour avec une belle et machiavélique critique. En attendant, vous pouvez retrouver notre critique de Annette de Leos Carax, le film d’ouverture de la Croisette.

Tout savoir sur Benedetta

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commentaires
CHFAB
13/07/2021 à 18:11

le sex toy du film n'est pas un crucifix, mais bel est bien une statuette de la vierge, et ce n'est pas un détail anodin, car à travers cette histoire de miracles ocsillant avec le doute sur la manipulation et la recherche du pouvoir, c'est bien une critique sur la puissance des hommes, à cette époque, sur la vie et la mort d'autrui, notamment les femmes, dont des millier sont été brûlée par pure suspicion d'athéisme. Souvent il s'agissait de guérisseuses (leur connaissance des plantes, comme on l'a redécouverte depuis supplantaient très largement les effets de la prière, la médecine étant bien moribonde, ou bannie durant toute cette période du moyen âge, alors que les connaissances sur l'anatomie étaient déjà très avancées dans les pays d'orient). La sexualité ici n'est abordée qu'à hauteur de femme, c'est à dire sans le moindre érotisme, et c'est là aussi une des réussites de ce film. C'est aussi un scénario où finalement personne n'est clairement affirmé, en ce sens où chacun a ses zones d'ombre, entre foi prétendue ou non, intérêts politiques, visées financières, recherche de pouvoir, mélange de recherche spirituelle et charnelle, l'un étant présenté comme presque indispensable à l'autre. Il n'y a pas non plus de mise en scène spactaculaire, pas de recherche virtuose de mouvants ou effets de caméra, afin que l'histoire se déroule de façon la plus neutre possible, et n'oriente pas l'impression du spectateur. Alors miracle? Pas miracle? On pourrait au final opter pour une sorte d'interdépendance de l'un pour l'autre. Et le personnage de Benedetta finit de nous convaincre qu'elle est une vraie croyante, et que sa volonté est de réellement servir Dieu et protéger la ville dans laquelle elle a grandi. voilà qui cloue le bec pour les tartuffes criant au blasphème. Et ce n'est pas un calcul, très sincèrement, de la part de Verhoven, car là non plus le film ne joue pas ce jeu. Beau film, en effet, avec cependant des longueurs, et une tendance un peu bavarde. Sa fin trébuche un peu, est un poil expéditive aussi. Efira fait un sacré travail d'investissement. Mais ce n'est pas une actrice qui est encore capable de mener de grande et longues scènes dramatiques. Ses scènes sont toujours un peu cut, comme s'il fallait choisir le bon moment pour l'émotion et la bonne intention de jeu. Un Verhoven intéressant, parfois émouvant, mais assez classique au fond. Pas un film majeur.

Tommy
13/07/2021 à 16:53

@kyle
Sur le film, je me ferai un avis en le voyant mais comme toi le sujet ne choque pas! Il est temps qu’on puisse critiquer les grandes institutions.

Par contre, ta remarque sur le célibat des prêtres et la pedophilie…. Mais quel connerie!!! Je n’ai pas de positio. sur le célibat mais il y une chose qui est sure!!!!!!!!,
Les séminaristes ne deviennent pas pedophile en devenant curé ou en étant en manque!!!!! Les pedophiles sont allés se cacher dans cette institution pour ne pas être punis, c’est tout!
Sinon il faudrait dès lors imposer le mariage aux hommes politiques comme ça il arrêteront d’être des porcs avec les femmes journalistes…. Ou étaient ils déjà des porcs avant!!!!??

Nouille
12/07/2021 à 08:50

Moi je kiff tout ce genre de film religieusement incorect.... Etant athée perso deux nonnes qui s'envoie en l'air me pose pas de problèmes... On est olys au moyen âge, detendez vous loooool

Ethan
10/07/2021 à 21:34

@Kyle
Oublie la phrase
"Je ne crois pas que ceux qui ont ce type de comportement soit attiré que par les enfants."

Sur les sorcières brulées je n'ai pas très bien suivi cette période

Ethan
10/07/2021 à 21:13

@Kyle
Question de sensibilité. Je trouve que c'est choquant de porter à l'écran ces scènes de sexe dans un lieu saint. C'est de la provocation. Il aurait pu très bien sans passer.

Sur le film en lui même au regard de la critique Vanity fair et peut-être d'autre(s) il semble qu'elle a été condamné parce qu'elle était lesbienne. C'est très orienté je trouve par rapport à ce qui est dit sur wiki. Alors que doit-on en penser du film?
Au regard de nombreux chapeau d'articles de presse tel que Le parisien : "Le nouveau film de Paul Verhoeven, qui sort ce vendredi, met en scène une impressionnante Virginie Efira en nonne découvrant la sexualité." ce n'est pas vraiment la complexité du personnage qui est mise en avant.

Les abus sexuels ça touche tous les secteurs. Sur les abus sexuels quel qu'il soit je pense que c'est plutôt l'oisiveté des gens qui amène ce type de comportements et aussi le mal. Je ne crois pas que ceux qui ont ce type de comportement soit attiré que par les enfants. En l'occurrence les gens qui se retirent ont fait le choix de consacrer leur vie, tout leur temps à Dieu. C'est un choix délibéré et non forcé. S'ils faillissent ils arrêtent.
Le célibat permet que d'éventuels problèmes personnels n'interfèrent pas dans la vie spirituelle du religieux ou de la religieuse. Et quand bien même ils n'auraient pas le temps. Ils ont une vie rythmée qui n'ont pas le temps pour autre chose.

Franken
10/07/2021 à 19:44

..........................."Un couvent c'est sacré !"



Non !

Kyle Reese
10/07/2021 à 16:52

@Ethan

En quoi un film qui raconte cette histoire légitime ce qu'elle a fait ? Je ne comprend pas ton point de vue. Elle a fait ce qu'elle a fait. On critique, on condamne ou pas. Mais ça s'arrête là.
Le film le relate simplement cette histoire assez hors du commun d’où son intérêt.

"Sur la fin du célibat des prêtres je vois pas en quoi ce serait un moyen de limiter les abus sexuels sur les enfants." La possibilité de vivre en couple, celle de pouvoir vivre le désir et plaisir sexuel comme tout un chacun libère la frustration sexuelle et amoindri la tentation d'un désir déplacé pour les jeunes gens. Il y aurait eu certainement beaucoup moins de scandales pédophiles au sein de l'église si l’obligation de célibat avait été levé. Et les prêtres seraient plus à même de comprendre les croyants sur ce sujet.

D'après ce que j'ai entendu, notamment une interview de Virginie Efira-Daphne sur c+ hier, je ne pense pas que Verhoeven porte cette femme au rang de sainte, au contraire il semble avoir voulu garder toute la complexité (sainte ? manipulatrice ? etc ...) du personnage pour que le spectateur puisse faire son propre avis. Un personnage sur la corde raide ni tout blanc ni tout noir en somme.

Pour la scène avec le crucifix, je peux comprendre que cela puisse choqué. Encore une fois si ce sont les faits rapportés dans les écrits/témoignages que l'auteur du livre a pu consulter, pourquoi l'occulter. Verhoeven n'a pas inventé cette histoire, du coup ce n'est pas de la provocation gratuite. Moi je suis choqué par tous les procès de sorcelleries que l’Eglise a pu faire et qui a mené tant de femmes aux buchés par ex.

Ethan
10/07/2021 à 15:56

@Kyle
Désolé mais c'est choquant. Que l'église puisse arrêter le célibat des nonnes ou des moines je ne sais pas. Il y a un engagement total vis à vis de Dieu. C'est aussi pour ça qu'ils ou elles se retirent. Mais sur ce qu'on sait sur cette soeur c'est pas vraiment le sujet. Elle a apparemment failli en ayant une attirance. Mais ça ne s'arrête pas là. Coucher dans un couvent ça va trop loin.
C'est choquant pour les croyants.
Ce n'est pas parce que certains ou certaines l'ont fait qu'il faut le légitimer

Sur la fin du célibat des pretres je vois pas en quoi ce serait un moyen de limiter les abus sexuels sur les enfants.

Il y a également une scène erotique avec un crusifix.
Selon wiki elle a apparemment agressée sexuellement l'autre soeur à plusieurs reprises
C'est loin d'être une sainte

Arkai
10/07/2021 à 13:49

Un film sur MIla , aurait eu plus de panache mais evidement c est beaucoups plus dur a assumer apres....]qp

Kyle Reese
10/07/2021 à 13:42

@Ethan

Il n'y aurai jamais eu quoique ce soit de sexuel dans un couvent dans le monde à travers les siècles ? Il faut être naif pour croire cela, vu l’hypocrisie de l'église au sujet de l’abstinence parmi ses dirigeants tout au long de l'histoire ... Pourquoi se cacher la vérité. Les hommes et femmes d'églises ne sont que des humains ... after all, around the world ! Et rien de choquant de mon point de vue à ce niveau là. Ce qui est choquant par contre c'est cette obligation d'abstinence si l'on veut servir Dieu, et cette condamnation de pécher pour l'acte, cela me semble inhumain. Certaines religions sont bien plus souple à ce niveau (bien que je ne porte aucune d'entre elle dans mon cœur) et cela a un effet bénéfique à bien des niveaux, notamment et en premier lieu la limitation des abus sexuels sur les enfants. Quand il n'y aura plus cette obligation on pourra dire que l'église aura franchit un grand pas.
Et puis Verhoeven ne me semble pas mettre à l'honneur le pêché mais l'histoire singulière de cette nonne qui mérite d'être raconté. Cela participe a éprouver et a apprécier la complexité de l'humain, et a s'interroger et questionner le sujet même si ça peut paraitre provocateur encore aujourd'hui pour certains.

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