Matrix 4 : pourquoi l'autre moitié des Wachowski en a fini avec Hollywood
Lilly Wachowski explique pourquoi elle s'éloigne des studios et comment elle utilise sa voix en faveur de la communauté LGBTQ.
Lorsqu'il est sorti il y a vingt ans, personne ne s'attendait à ce que Matrix casse la baraque. Réalisé par les Wachowski, alors quasiment inconnues au bataillon, le film a pourtant révolutionné la science-fiction et les effets visuels. Jusqu'à présent, le duo n'avait dirigé qu'un seul film, Bound, lequel avait notamment fait parler de lui avec ses scènes de sexe.
Dans la culture populaire, Matrix est depuis devenu incontournable : le scénario à tiroir, l'univers si atypique aux multiples inspirations, et l'histoire de Neo ont passionné, toutes générations confondues. Plus encore, il est même d'une actualité déconcertante : en pleine épidémie de Covid-19, n'a-t-on pas l'impression d'être un peu plongés dans la Matrice ? Qui n'a jamais eu envie ces derniers mois de prendre la pilule rouge pour comprendre enfin tout ce qui nous arrive ?
Bref, dès sa sortie, Matrix devient instantanément culte. Fortes de leur succès planétaire, les deux réalisatrices vont réaliser une trilogie, avec Reloaded et Revolutions, sortis coup sur coup en 2003. Mais malgré la qualité des films (on les classait tous deux dans notre dossier sur les mal-aimés, ici et là) et l'excitation générale, le succès faiblit nettement, présage de la suite de la carrière compliquée des Wachowski.
Les suites de Matrix combattant leurs démons
La désaffection pour leur travail se confirme avec Speed Racer en 2008, un projet resté dans les tuyaux de la Warner très longtemps, et qui sera un bide en salles. Adaptée du manga, cette histoire de rallye haute en couleur, techniquement ambitieuse et folle, masque une critique sévère du capitalisme et met en scène une revisite du mythe de David et Goliath sous les traits d'une famille passionnée d'automobile et d'une énorme écurie.
Nous avions déjà l'impression de voir une métaphore d'Hollywood dans l'affrontement entre la famille de Speed et la société Royalton. Une comparaison qui tient d'autant plus la route aujourd'hui, alors qu'une de ses réalisatrices s'en prend directement aux mécaniques des studios américains.
Dans un entretien avec le Hollywood Reporter, la réalisatrice de 52 ans a expliqué qu'elle avait désormais "un pied en dehors de l'industrie", qu'elle accuse d'encourager un statu quo, laissant les minorités de genre et sexuelles sur le carreau.
"J'en veux à cette industrie, parce que j'ai l'impression qu'elle m'a fait perdre énormément de temps. Faire un film, c'est comme entrer dans une matrice qui déforme le temps, qui vous prend, vous secoue dans tous les sens, et vous en sortez dix-huit mois plus tard. C'est comme ça à chaque film.
Matrix est né de beaucoup de rage et de colère. C'est de la rage contre le capitalisme et l'oppression systémique, structurée, inhérente à l'industrie. Cette même rage brulante, bouillonnante que je ressentais à propos de mon propre sentiment d'oppression, celui d'être forcée de rester dans le placard."
En 2013 avec Cloud Atlas (co-réalisé avec Tom Tykwer) puis en 2015 avec Jupiter : Le Destin de l'univers, la critique n'a pas été dithyrambique avec le travail des Wacho (même si chez nous, certains ont un petit faible pour leur univers). Enfoncé par une stratégie marketing douteuse, Jupiter Ascending sera a priori le dernier blockbuster pour Lilly Wachowski, qui consomme allègrement sa rupture avec le système des studios.
Elle dénonce ainsi leur influence sur le processus créatif des artistes, non sans rappeler les situations de Zack Snyder ou David Ayer, eux-mêmes en port à faux avec un certain studio Warner :
"J'ai intégré cette industrie au meilleur moment, juste avant que des conseils d'administration et des experts en marketing trouvent un moyen de mettre le grappin sur chaque film. Finalement, tous ces gens s'immiscent dans le processus créatif avec vous, en particulier derrière le clavier d'ordinateur, puis derrière la caméra, et encore dans la salle de montage. Pour moi, ça a créé beaucoup de pression. Je suis arrivée à un point de non-retour, il fallait que je m'en aille."
Lilly Wachowski raccompagnée vers la sortie du studio
Cette désaffection pour les institutions du cinéma américain a probablement conduit Lilly Wachowski à quitter la production de la magnifique série Sense8 dès la fin de la première saison. De même, sa soeur Lana sera la seule réalisatrice créditée au générique de The Matrix 4, dont la sortie est (pour l'instant) prévue pour mai 2021.
Actuellement productrice de la série Work in Progress, Lilly Wachowski veut désormais utiliser son aura et sa plateforme en faveur de la création LGBTQ et de la visibilité des personnes transgenres."Aujourd'hui, je suis si reconnaissante de pouvoir partager des histoires importantes pour les personnes de la communauté trans", confie-t-elle.
Diffusée sur la plateforme américaine Showtime, la série de et avec Abby McEnany, parle de la touchante rencontre entre une quadra lesbienne de Chicago et un jeune homme transgenre. En France, elle est disponible sur Canal+ et a déjà été renouvelée pour une seconde saison.
08/06/2020 à 13:45
@NiHiL, ça existe depuis 2003, c'est Animatrix ;)
06/06/2020 à 20:29
Elle a pas eu les "corones" de participer, c'est tout...
06/06/2020 à 17:41
La folie créative dure pas longtemps dans une vie peut-être 5 and sauf exceptions. Même si j’adore la Matrix je m’attendais à rien histoire de pas être déçu.
Mais j’aimerais tellement avoir une série qui nous montre le début des robots et la guerre qui termine mal pour les humains.
06/06/2020 à 17:31
@Zoueze
Tout à fait. C'est une erreur suite à une relecture qui a changé l'intro de l'article où elle était nommée à l'origine. On a corrigé.
06/06/2020 à 17:18
Article intéressant, mais il aurait peut-être été bon de préciser plus tôt de quelle sœur Wachowski il est question. Attendre le 9e paragraphe pour parler nommément de Lilly, c'est un peu trop. On ne peut pas partir du principe que le lecteur sait de suite de qui il s'agit.
06/06/2020 à 16:48
@Rudy Mako
Quel dossier recyclé ?
On a repris une interview toute fraîche de Lilly Wachowski, et on a recasé nos dossiers sur sa filmo. Ce qu'on fait tout le temps, comme tous les médias, histoire d'offrir l'occasion de (re)lire des articles plus complets qu'une news.
06/06/2020 à 14:36
Ecranlarge, recycle les dossiers avec quelques retouches par-ci par-là
06/06/2020 à 09:49
(Re)lisez "Simulacres et simulation" de Jean Baudrillard, c'est ce livre qui a inspiré et guidé les Waschowski pour concevoir leur univers "matriciel".
06/06/2020 à 09:14
Matrix 1 est archi culte mais relève finalement du gros coup de chance car ils n ont jamais réussi a garder ce niveau. Et on ne peut pas dire qu ils ont pompé gits. C est juste oshii qui a marqué tout le monde. Pour voir un pompage en règle, il fait regarder Lucy de Besson.
06/06/2020 à 03:29
Excellent Speed racer une sorte de Tron sous acide!